Après des semaines de crise politique, le Premier ministre français va prononcer mardi sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale, où ses engagements sur les retraites dicteront la conduite des socialistes, qui détiennent la clé de la censure de son gouvernement.
Sébastien Lecornu a été reçu dans la matinée à l'Élysée par Emmanuel Macron, avant le premier Conseil des ministres de son gouvernement à 11H00 (09H00 GMT). Au menu: l'examen in extremis des projets de budget de l'État et de la Sécurité sociale (assurance-maladie et retraites principalement) pour permettre leur adoption d'ici le 31 décembre.
Le compte à rebours est désormais enclenché. C'est à partir de 15H00 (13H00 GMT) que les choses se joueront pour le Premier ministre, qui a formé dimanche soir un second gouvernement, avec un discours très attendu à la tribune de l'Assemblée nationale.
Si l'exercice impose qu'il aborde de nombreux sujets cruciaux pour le pays, l'attention sera focalisée sur la question de la réforme des retraites.
- Yeux rivés sur la gauche -
La gauche a fait de cette loi emblématique du deuxième mandat d'Emmanuel Macron, adoptée sans vote au parlement en 2023, une condition pour ne pas faire tomber le gouvernement.
"Nous demandons clairement la suspension immédiate et complète de la réforme", a répété lundi le patron des socialistes, Olivier Faure.
Le choix des socialistes sera décisif: leurs voix pourraient faire pencher la balance lors d'un vote pour renverser le gouvernement, ouvrant possiblement la voix à de nouvelles élections législatives. Si tout le reste de la gauche (gauche radicale, écologistes, communistes) et l'extrême droite et ses alliés votaient une censure, il ne faudrait qu'une vingtaine de voix socialistes (sur 66 députés) pour faire tomber le gouvernement.
La formation de gauche radicale La France insoumise et le parti d'extrême droite Rassemblement national ont d'ores et déjà déposé des motions de censure, qui seront examinées jeudi matin à l'Assemblée nationale, ont affirmé mardi des sources parlementaires à l'AFP.
Elles n'ont guère de chance d'être adoptées, le parti socialiste ayant fait savoir qu'il ne voterait pas des textes venant de ces deux formations. Mais les socialistes pourraient déposer leur propre motion, après la déclaration de politique générale du Premier ministre.
L'examen des trois motions pourrait dans ce cas être regroupé, par exemple jeudi soir, selon les sources.
- Effort de 30 milliards d'euros -
La suspension de la réforme des retraites, qui coûterait au moins 3 milliards d'euros en 2027 selon l'exécutif, fracture le camp présidentiel et rebute la droite comme le patronat.
Signe de l'importance que revêt cette question pour le bon fonctionnement de la démocratie française, le nouveau prix Nobel d'économie français Philippe Aghion, tout juste primé lundi à la mi-journée, a plaidé le soir pour que la réforme des retraites soit "stoppée" jusqu'à la prochaine élection présidentielle de 2027.
La chute du gouvernement de Sébastien Lecornu "coûterait plus d'argent à la France" qu'une "suspension de quelques mois" de la réforme des retraites, a toutefois fait valoir mardi l'entourage du ministre de la Justice, Gérald Darmanin.
Le projet de budget 2026 propose un effort d'une trentaine de milliards d'euros, selon un avis du Haut conseil des finances publiques (HCFP), organisme qui dépend de la Cour des comptes, consulté par l'AFP. L'effort serait donc inférieur aux 44 milliards prévus initialement par l'ancien Premier ministre François Bayrou, renversé début septembre.
Ce texte, qui repose sur des hypothèses de croissance un peu trop "optimistes" selon HCFP, prévoit notamment une baisse des dépenses de l'État en 2026, tandis que côté recettes, l'essentiel de l'effort proviendra des plus aisés.
La cheffe de file de l'extrême droite Marine Le Pen a estimé de son côté qu'il était "terriblement mauvais".
En signe de bonne volonté, M. Lecornu a également annoncé ces derniers jours vouloir laisser toute latitude au Parlement pour modifier les textes budgétaires, sans avoir recours à l'article 49.3 qui permet des adoptions sans vote.
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