Des milliards dans la tourmente : Choice Forex Limited au cœur d’un tsunami financier


Dans un rapport qualifié d’« explosif », la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) a levé le voile sur un vaste réseau de flux financiers suspects, impliquant la société Choice Forex Limited et plusieurs entités opérant au Sénégal et à l’étranger. Selon le quotidien Libération, ce dossier transmis au parquet financier évoque des “indices graves et concordants de blanchiment de capitaux” sur des sommes astronomiques dépassant 81 milliards de FCFA.

 

Le parquet, saisi de cette affaire hors norme, a immédiatement ouvert une information judiciaire pour association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux, escroquerie, faux et usage de faux, mais aussi violation du Code général des impôts et des règlements de l’UEMOA. Le cœur de cette affaire : un compte bancaire ouvert par Choice Forex Limited au Sénégal, dont le fonctionnement laisse apparaître un schéma de décaissements massifs non justifiés.

 

Une entreprise aux activités tentaculaires… et illégales

 

Selon les éléments recueillis par Libération, Choice Forex Limited, société basée à Londres avec un bureau à Ouakam, s’affiche comme un acteur du commerce général, de la mécanique, des BTP, du change, du transfert d’argent, et même du crédit industriel à long terme. Mais derrière cette façade d’entreprise multinationale se cacherait une véritable machine de blanchiment.

 

Entre mai 2021 et mars 2024, le compte de la société a reçu près de 32 milliards de FCFA en provenance de sociétés comme H2 Global Sarl, Song Naba Trading, ou encore Hubpay. Plus de 96 % de ces montants ont été transférés, souvent sans aucun justificatif légal, vers d’autres structures comme Worldremit Ltd, suscitant les soupçons des autorités.

 

 

Trois banques tirent la sonnette d’alarme

 

 

À l’origine de l’alerte, trois institutions financières qui ont signalé des opérations atypiques sur les comptes de la société. L’analyse de la Centif a mis au jour des virements oscillant entre 5 millions et 2,5 milliards de FCFA, mais surtout un solde créditeur anormalement faible, révélateur de transferts quasi immédiats après réception des fonds.

 

Autre fait troublant : Choice Forex Limited n’est ni agréée comme établissement bancaire ni autorisée à opérer dans le change manuel, d’après la Direction de la monnaie et du crédit. Pourtant, elle propose des crédits et rachète des devises pour des clients étrangers, en violation flagrante de la réglementation bancaire de l’UEMOA.

 

Worldremit dans le viseur

 

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Worldremit Ltd, société de transfert d’argent opérant à l’international, est désormais soupçonnée de complicité. En 2023, son compte logé à la United Bank for Africa (UBA) a enregistré plus de 710 milliards de FCFA de transferts internationaux, dont une écrasante majorité provenant de sociétés douteuses comme BTC Africa, Bipesa Sénégal et Choice Forex Limited elle-même.

 

D’après le rapport de la Centif relayé par Libération, Worldremit n’a pas été en mesure de fournir les justificatifs légaux liés à ces opérations, et n’a pas appliqué les mesures de vigilance requises, notamment les procédures KYC (Know Your Customer). Par conséquent, elle pourrait être poursuivie comme complice de blanchiment de capitaux, au regard de la loi n°2024-08 du 14 février 2024 sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

 

 

Un scandale qui pourrait faire boule de neige

 

 

L’affaire Choice Forex Limited n’est peut-être que la partie émergée d’un iceberg financier. Car selon la Centif, plusieurs autres sociétés, bureaux de change et plateformes de transfert sont impliqués dans ce maillage opaque. À la croisée des flux illégaux, de la fraude fiscale et des violations des réglementations monétaires, ce scandale pourrait bien éclabousser d’autres acteurs majeurs du système financier sous-régional.

Mardi 6 Mai 2025
Dakaractu



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