Crise dans le système éducatif : Du silence coupable des autorités à la manipulation de l’opinion.


Cette année encore, comme hélas les autres, on va devoir sauver une année scolaire. Eternel recommencement, est-on tenté de dire. Après une année d’accalmie ou de tromperie, l’école Sénégalaise est dans un tourbillon, sens dessus-dessous. Et pourtant, tous les ingrédients étaient bien réunis. Les syndicats d’enseignants, aujourd’hui en mouvement, avaient déposé des préavis de grève depuis Décembre. Aucune suite n’avait été donnée à ses préavis par les autorités étatiques, c’est-à-dire le gouvernement. Pourtant, il pouvait profiter de l’année d’accalmie, des grandes vacances scolaires mais aussi du mois de préavis pour trouver un terrain d’entente. 
 
Il faut dire que le problème de l’école dépasse de loin le seul ministère de l’éducation. Ils sont au moins trois ministères (l’économie et les finances, la fonction publique, en plus du MEN) qui sont directement impliqués dans cette crise. Le Ministère de l’éducation, pendant un an, par des rencontres mensuelles avec les syndicats, a pensé avoir trouvé la bonne formule. Pendant un an, il a essayé d’arrêter la mer avec ses bras. Les résultats obtenus pendant ces concertations n’ont pas permis de résoudre les questions cruciales. Il demeure que le point crucial des accords de 2014, reste l’indemnité de logement et les lenteurs administratives. 
 
L’État du Sénégal a eu quatre années pour, à défaut de résoudre définitivement ces questions, trouver des terrains d’entente avec les syndicats d’enseignants. Quatre longues années pour régler une bonne fois ces questions ; quatre années perdues... 
 
Pourtant, les signaux d’une année instable, étaient bel et bien visibles. Des acteurs de la société civile et les syndicats d’enseignants ont tiré la sonnette d’alarme. Et comme à son habitude l’État du Sénégal est resté insensible voire sourd.

Pour rappel, le coordinateur national de la Cosydep, Mr Cheikh Mbow avait noté « un début d’année qui stresse », dans un entretien exclusif accordé à Dakaractu au mois de Novembre. Il avait également profité du sommet du partenariat mondial pour l’éducation, tenu au mois de Février, pour demander solennellement au chef de l’Etat, M. Macky Sall, de s’impliquer personnellement pour une résolution définitive de la crise. « Il en a la légitimité, la légalité et les moyens » nous avait-il alors confié. 
 
L’État du Sénégal n’a jamais su prendre la balle au rebond et a laissé pourrir la situation. Regrettable! Regrettable d’autant plus, qu’il ne s’agit ni plus ni moins que de respecter un engagement pris devant les syndicats et devant le peuple, à respecter « des accords réalistes et réalisables». Si, par malchance ou pour une toute autre raison, ces accords n’étaient plus « réalistes et réalisables », la responsabilité première du gouvernement est de le reconnaitre publiquement au lieu de jeter l’anathème et le discrédit sur les enseignants, en les mettant en mal avec les populations. Ceci constitue le premier pas dans la résolution de la crise. Les enseignants ne font pas dans le chantage, ils ne sont pas dans la manipulation, ils demandent le respect d’engagements. Aussi simple que ça!
 
Pendant ce temps et à travers tout le pays, nos élèves déboussolés, descendent dans les rues avec un message simple et poignant : ‘‘Nous voulons étudier! ’’
 
Jeudi 22 Mars 2018




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