Transformer les risques agricoles en opportunités : la révolution silencieuse de la PARM mise en lumière lors de l’AFSF 2025


À l’heure où le continent africain cherche à transformer ses systèmes alimentaires, un constat brûlant s’impose : l’agriculture reste paralysée par une toile de risques — sécheresses récurrentes, marchés imprévisibles, accès limité au financement et tant d’autres. Réunis à l’Africa Food Systems Forum 2025 à Dakar, les acteurs du secteur ont trouvé en la Plateforme pour la gestion des risques agricoles (PARM), un catalyseur de changement. Hébergée par le FIDA et financée par l’AFD, l’Union européenne, l’Italie et le FIDA, la PARM a fait de la gestion proactive des risques agricoles un levier clé pour attirer les investissements, stimuler l’innovation et favoriser l’émergence des jeunes entrepreneurs agricoles sur le continent.

 

Dans un événement parallèle marquant, la PARM, en collaboration avec le programme INSURED, a placé la barre haut avec un thème sans concession : « Réduction des risques liés aux investissements grâce à la gestion des risques agricoles ». L’objectif ? Démonter le tabou du risque agricole et le transformer en véritable tremplin pour l’investissement. « On ne devrait pas investir dans l’agriculture sans d’abord identifier, quantifier et hiérarchiser les risques », a asséné Dr Jean-Claude Bidogeza, Expert technique à la PARM-FIDA, dénonçant les approches superficielles qui freinent depuis trop longtemps l’essor du secteur. Selon Sara Mbago-Bhunu, Directrice régionale du FIDA, la réduction des risques permet aux jeunes de devenir les architectes de la transformation agricole de l’Afrique. « En éliminant les incertitudes qui freinent l’accès au financement, à la technologie et aux marchés, la gestion proactive des risques crée un environnement plus stable et prévisible. Cela donne aux jeunes la confiance nécessaire pour entreprendre, innover et investir dans l’agriculture. », a-t-elle souligné.

 

Les témoignages du terrain sont venus renforcer ce plaidoyer. Au Sénégal, grâce au partenariat avec la PARM, les organisations paysannes comme la COOPEC/RESOPP vont déployer des solutions audacieuses : assurance agricole, diversification digitale, intégration des questions de genre pour donner aux jeunes agriculteurs une place centrale. « Chaque acteur a son rôle à jouer, des institutions financières aux autorités locales. Lever les obstacles, c’est ouvrir l’espace pour que les jeunes puissent réellement s’épanouir dans l’agriculture et l’élevage », a déclaré avec force Assane Faye, Directeur de la COOPEC/RESOPP, rappelant que la transformation ne peut être laissée à la seule main invisible du marché.

 

Mais la révolution impulsée par la PARM ne se limite pas aux champs : elle s’invite aussi dans les amphithéâtres universitaires. À l’Université Cheikh Anta Diop, un certificat inédit en gestion des risques agricoles va voir le jour grâce à ce partenariat. « C’est un maillon manquant dans nos formations », affirme le Dr Ablaye Ngom, Professeur et chercheur à l’ISAE-UCAD, déterminé à doter les futurs ingénieurs agronomes d’outils concrets : accès au financement, assurance climatique, stratégies de mitigation. Pour lui, la connaissance constitue la première ligne de défense contre l’incertitude.

 

En plaçant la jeunesse au centre de son engagement, la PARM fait bien plus que gérer des risques : elle redéfinit les règles du jeu. Dans un contexte où les discours sur la résilience abondent mais où les solutions concrètes se font rares, la plateforme apporte une vision claire : transformer l’agriculture africaine en un secteur attractif, inclusif et sécurisé pour l’investissement. À Dakar, le message a été entendu : l’avenir des systèmes alimentaires africains passera par une gestion intelligente des risques ou il ne passera pas...

Lundi 8 Septembre 2025
Karim Ndiaye



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