Supposée vente aux enchères du patrimoine d’EXCAF, les précisions de Sidy Diagne : « Nous sommes en totale harmonie avec la banque »

Suite à la parution de l'information ayant trait à la vente aux enchères supposée d’une partie du patrimoine de feu Ben Bass Diagne, le patron d’EXCAF est sorti de son mutisme, à la faveur de l’entretien, à bâtons rompus, que voici, pour livrer sa part de vérité. Sidy Diagne croit savoir qu’il s’agit de fausses allégations. En un mot comme en mille, le jeune gourou des télécoms, qui tient à la pérennisation du legs paternel, rassure son monde relativement à la conduite à bon port du projet de Tnt piloté par des locaux.


 
  • La presse a fait état ce matin d’une probable vente aux enchères  d’une partie du patrimoine d’EXCAF. Est-ce une information que vous confirmez ?
  • Nous l’infirmons totalement, même s’il est certes vrai que nous avons reçu un financement de la banque qui nous a accompagnés depuis le début du projet. Cela nous a permis de respecter aujourd’hui nos engagements envers  l’Etat. Nous avons couvert en infrastructures l’ensemble du territoire. Nous avons quelques  difficultés depuis le début du projet par rapport au financement. Nous sommes en totale harmonie avec la banque. Toutes les incompréhensions ont été levées. Il est malheureux que cette information fasse la une de certains journaux. Je tiens à rassurer nos partenaires,  l’Etat et les amis de la famille.  En aucun moment le patrimoine d’EXCAF n’a été vendu aux enchères.
  • Vous parlez bien de la Banque islamique du Sénégal… ?
  • Nous parlons de la Banque islamique. Nous avons traversé des moments difficiles, parce que ce projet nécessite des investissements énormes. Grâce au soutien de l’Etat et à l’investissement personnel de la famille (les hypothèques dont on parle) et à l’engagement du personnel, nous avons pu tenir ce projet à ce niveau. Le projet a été financé par la Banque islamique à une hauteur très importante. Aujourd’hui, nous pouvons assurer 90 % de couverture en terme démographique. Nous avons le signal de la Tnt sur l’ensemble du territoire.
  • On parle bien d’un milliard. Est-ce que c’est bien ce montant que vous devez à la banque ?
  • Pour ce type de projet, devoir à une banque un milliard alors qu’on parle d’un investissement de quarante milliards, il y a  quand même un équilibre qu’il faut raisonnablement avoir. Le plus important est que nous avons passé des moments assez difficiles avec le projet parce que nous n’avons pas eu à temps le soutien que nous attendions.  Nous pensons qu’avec le soutien que nous avons reçu du président de la République et de son gouvernement à travers un financement du FONGIP nous sommes en mesure de répondre très favorablement à tous nos engagements. Nous avons tenu des réunions avec la banque sur les échéances qui étaient pendantes.  La banque nous a parfaitement compris. Et aujourd’hui, nous travaillons sur des solutions pour l’étalonnement de la dette sur le long terme.
  • Est-ce qu’aujourd’hui vous êtes sur la même longueur d’onde que la banque, puisqu’on parle de vente aux enchères ?
  • Il ne sera jamais question de vente du patrimoine d’EXCAF qui a 45 ans aujourd’hui.  Nous sommes conscients de la responsabilité que nous avons. Nous savons pertinemment quels sont nos engagements. La banque également sait que l’engagement que nous avons est partie inhérente du projet. C’est nous qui supportons l’ensemble du transport de l’ensemble des chaines sur le territoire national.  Nous avons certaines lenteurs sur le plan administratif parce qu’il y a une société de gestion qui doit être créée et qui ne l’est pas encore. C’est vrai que parfois nos partenaires peuvent perdre patience, mais c’est une situation que nous maitrisons parfaitement. Nous sommes en phase avec nos engagements. Nous avons demandé un rééchelonnement de cette créance-là que la banque a accepté. Nous nous focalisons uniquement sur la réussite du projet. Nos équipes parcourent le pays pour que chaque famille puisse avoir le meilleur signal et bénéficier des services qu’offre la Tnt. C’est cela notre priorité. Il est malheureux que cette fuite puisse tomber à une période où les décodeurs sont là. Nous sommes présents un peu partout. Nous avons une  communication avec la population qui est en train de prendre forme.
  • Vous craignez que cette information ait un impact négatif sur la Tnt ?
  • Il ne peut pas y avoir un effet négatif. Cet impact aurait pu être négatif il y a peut- être sept ou huit mois. On était dans une situation où on était dans des difficultés. Personne n’ignore qu’il y a eu au début des difficultés liées aux salaires. Nous avons discuté avec les autorités qui ont compris tous les tenants et contours de ce projet et même les effets néfastes que certains veulent produire. Sur le plan technique, nul ne peut nous reprocher la qualité du service que nous proposons. Nous avons acquis les décodeurs plus chers que nous les revendons.  Nul ne peut nous reprocher que ce projet ne soit pas accessible aux populations. Même pour les familles les plus défavorisées nous avons noué un partenariat avec PAMECAS pour leur permettre d’avoir accès à ce service.  Notre seule satisfaction est de voir ces gens qui nous appellent pour nous féliciter par rapport à la qualité des images que nous proposons. Il y a certaines chaines qui ne dépassaient pas Diamniadio et qui ont aujourd’hui une couverture nationale avec la Tnt que nous assurons et supportons seuls financièrement et entièrement en attendant que l’organisation sur le plan administratif puisse être mise en place. Nous savions que nous avons un défi à relever qui n’est pas simple. Nous sommes dans la bonne voie et d’ici la fin de l’année on aura fini ce projet.
  • Que direz-vous à certains qui ont décrié dans un passé récent le manque de  signal ou le mauvais signal de la Tnt?
  • C’est nous qui assumons l’investissement. Il est très simple pour un opérateur d’aller à Dubaï ou en Chine, d’acheter un décodeur chinois et de venir capter le signal. Ce n’est pas notre intérêt à nous.  Nous avons fait le pari de dire à l’Etat que nous maitrisons ce projet. Cela fait 15 ans que nous sommes dans la télévision  payante. Nous nous engageons à faire l’investissement nécessaire pour couvrir tous les besoins propres à aider à faire respecter l’engagement de l’Etat. C’est l’Etat qui a un engagement et nous sommes le partenaire technique de l’Etat. Nous avons trouvé tout le financement et  nous travaillons à protéger cet investissement. Toutes les chaines sénégalaises sont gratuites. Il ne peut pas y avoir de chaines payantes pour ça. Nous avons juste respecté une directive de l’Etat par un arrêté qui dit que seuls les décodeurs homologués ont droit à un signal Tnt. S’il y a des soucis même dans le branchement, nous avons une équipe qui sillonne les quartiers de Dakar pour porter assistance et cette assistance elle est gratuite. Nous allons dupliquer ce modèle à travers les régions. Nous allons commencer  avec Thiès, Mbour. Aujourd’hui nos équipes sont à Kaolack, à Touba. Il  y aura 9 000 jeunes qui seront dédiés à ce projet pour la formation et l’assistance aux populations. Nous sommes dans une phase où les deux signaux de télé sont en marche.  Aujourd’hui tous les décodeurs Tnt fonctionnent parfaitement. Nous nous attelons à ce que la migration et le basculement se fassent le plus rapidement possible.
  • Comment se porte aujourd’hui le groupe EXCAF. Récemment il y a avait des problèmes de salaire. Est-ce que le groupe est en train de se redresser ?
  • On est une entreprise qui a gagné ce type de marché contre des multinationales, contre des intérêts cachés. Nous avons réussi à prouver qu’il y a un savoir-faire sénégalais. Il n’y a que des Sénégalais qui ont fait ce projet. Nous avons récemment reçu la visite de notre partenaire qui nous a vendu le décodeur. Il nous a attestés que l’installation de l’ensemble des émetteurs a été faite selon les normes internationales. Il nous a donné un document que nous avons remis aux autorités pour quand même les rassurer par rapport à l’évolution du projet. Pour tout ce que nous avons installé, on a eu une équipe composée par les services du ministère de la Communication, les services de l’Artp, les services du ministère des Télécoms, pour certifier que l’ensemble des travaux ont été faits en respectant les cahiers des charges. Peut-être que nous ne plaisons pas à certaines banques parce que nous défendons les intérêts du Sénégal. Nous maitrisons aujourd’hui le déroulement et le dénouement du projet. Les décodeurs sont en quantité suffisante pour l’ensemble des besoins de la population. L’approvisionnement se fera de façon très régulière en respectant tous les ratios que nous avons mis en place. Il est vrai que notre personnel a fait preuve d’une dignité et d’un engagement sans faille. Ce sont des gens qui se sont sacrifiés pour l’entreprise.  Ils ont souffert dans leur chair parce qu’il y a eu à chaque fois une mauvaise presse qui essaie de salir le travail que nous faisons au quotidien. A ce personnel-là, nous lui devons un grand remerciement et un engagement pour lui rendre la monnaie. Nous n’irons nulle part sans eux. Ce sont eux qui sont sur le terrain. Ce groupe existe depuis 45 ans. Nous ne pouvons pas ne pas en tenir en compte. Si nous nous sommes engagés dans un projet de cette envergure c’est parce que nous avons les capacités techniques pour réussir.  On ne va pas parler du passé, parce que ce qui est devant nous est beaucoup plus  réjouissant pour tout le monde.  Ils savent que nous sommes en train de pérenniser cette entreprise pour quinze, vingt ans.  Les sacrifices que nous faisons aujourd’hui nous permettront d’avoir les fondations d’une entreprise qui sera leader dans la sous-région. Nous nous attaquons à la Gambie. La Gambie finira en même temps que le Sénégal vers la fin de l’année. S’il y a des entreprises qui feront rayonner le Sénégal à travers la sous-région, EXCAF en fera partie très certainement.
  • Quid des arriérés de salaire ?
  • On ne peut pas parler d’un projet évalué à 40 milliards, sans qu’il y ait des soucis dans son déroulement. Aujourd’hui on parle des banques, demain on parlera des salaires. Le plus important pour moi, c’est d’être en phase avec le personnel. Qu’ils sachent que nous nous battons pour eux. Il était plus simple pour la famille de ne pas hypothéquer ses biens. On n’a jamais vu EXCAF faire le titre d’un journal pour des histoires d’arriérés de salaire ou de saisie etc. Aujourd’hui, l’argent que nous espérons avoir dans ce projet c’est pour le Sénégal. Notre personnel en est conscient. Nous sommes dans un virage qui est très positif pour EXCAF.  Nous avons besoin des Sénégalais pour réussir ça. Aucun Sénégalais n’a intérêt à ce que ce projet ne réussisse pas. Il y va de la qualité de l’entreprise sénégalaise. Nous sommes jeunes, nous sommes ambitieux. Nous ne sommes pas Français, nous ne sommes pas Marocains, nous ne sommes pas Chinois. Nous sommes Sénégalais. Ce que les Français peuvent faire ici, nous pouvons le faire et en mieux parce que nous le partageons avec nos compatriotes. Nous sommes tous animés de la volonté de réussir. Le personnel avec lequel nous travaillons croit en ce projet et il serre la ceinture avec nous. Demain, tous les fruits seront partagés avec l’ensemble du personnel et avec l’ensemble des Sénégalais. On ne peut pas ne pas avoir des problèmes, mais nous l’assumons. Nous savons où nous allons. Nous maitrisons les ratios sur lesquels nous travaillions. Nous avons la pleine confiance que nous pouvons y arriver. L’Etat nous accompagnera, les Sénégalais nous feront confiance parce que nous aurons une télévision nouvelle et une meilleure qualité de service. A terme, tout le monde saluera le travail que nous avons effectué.
  •  Quelle est votre ambition ? Faire plus que feu Ben Bass ?
  • L’ambition que nous avons pour une entreprise qu’il a créée il y a plus de 45 ans, c’est au moins de pouvoir la pérenniser. Il disait, de son vivant, qu’EXCAF est son enfant le plus précieux. Cette entreprise emploie 507 personnes. Nous sommes présents dans toutes les  régions.  Ce patrimoine n’appartient pas seulement à la famille Diagne, il appartient à tous les sénégalais. C’est pourquoi nous nous battons tous les jours. Il n’est pas évident pour des jeunes d’avoir de l’ambition et de la matérialiser. Nous allons faire face à beaucoup d’adversité. Nous croyons en Dieu et en nos capacités. On a fait ce projet depuis 18 mois. Nous en sommes au dernier virage. Il nous reste deux régions à couvrir : Kolda et Sédhiou. Nous nous attelons à les couvrir. Nous avons un stock suffisant de décodeurs et des garanties nécessaires pour avoir un approvisionnement régulier. Le but n’est pas de faire plus que feu Ben Bass même si nous en avons l’ambition, mais, il est, au moins, de pérenniser l’entreprise parce que celle-ci appartient à tous les Sénégalais. 
  • Pour finir, vous rassurez les Sénégalais qu’il n’y aura pas vente aux enchères du patrimoine d’EXCAF ?
  • Il n’en a jamais été question. Nous nous sommes battus difficilement pour en arriver là. Ce patrimoine-là ne peut pas finir aux enchères.  Ce qui est rassurant, c’est que nous avons une bonne oreille et la confiance de nos interlocuteurs. Au-delà même des banques, les fournisseurs nous font confiance.  Cela n’a jamais été facile. C’est un long combat que nous n’avons même pas encore gagné. Ces gens qui parlent à travers les journaux pour espérer nous décourager ou  donner une mauvaise opinion d’EXCAF se trompent lourdement. Aujourd’hui, je m’attendais à ce que nos collaborateurs soient tristes, mais ils sont plus déterminés qu’avant. Au contraire, ils nous galvanisent.  Les Sénégalais verront chaque jour les efforts que nous réalisons pour leur apporter une meilleure qualité de service. EXCAF est appelé à être là pendant 50 ans encore. 
Mardi 29 Août 2017




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