« La démographie n’est pas une bombe, mais bien une belle opportunité que l’Afrique devrait transformer en avantage comparatif dans un monde vieillissant » (Mamadou Ndione)


Le Colloque international du « Gingembre Littéraire » a été  organisé par l'association Continentpremier, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de l'Afrique, à Alhambra Genève, le 28 mai.

 

Dans la foulée du premier panel consacré aux réparations liées aux crimes contre l’humanité (notamment durant l’esclavage et la colonisation), le deuxième panel a porté sur : « Les opportunités manquées du dividende économique en Afrique subsaharienne : Absence d’une politique holistique de soutien à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes » 

 

D’emblée, le modérateur Mamadou Ndione, économiste, écrivain et Maire de la Commune de Diass (Sénégal) a rappelé l’importance du thème qui selon lui, s’attaque à l’échelle africaine à la question basique fondamentale de la science économique à savoir la satisfaction des besoins illimités d’une population qui augmente face à des biens et services limités et souvent épuisables. Selon lui, le dividende économique au-delà de sa perception démographique est d’abord en lien avec les activités de production et de distribution de biens et services d’où l’importance de s’appuyer entre autres sur des solutions de soutien à l'entreprenariat des femmes et des jeunes.

 

Membre du panel, l’économiste camerounais Jean Binyet, expert dans le domaine de l'entreprenariat, avec une expérience de travail au sein de grandes sociétés multinationales a mis l’accent sur le dynamisme démographique africain qui, selon lui, est un atout comparativement aux bas taux de fécondité notés dans plusieurs pays et continents du monde. Pour lui, la poussée démographique en Afrique s’explique par l’importance que les familles accordent aux enfants pour garantir ultérieurement les activités de production. Sur la base d’une projection à l’horizon 2100, l’Afrique pourrait être la locomotive économique du monde à condition de réussir la transition démographique consistant à mettre l’accent sur les jeunes et les femmes afin de valoriser les avantages comparatifs notamment miniers et agricoles par l’industrialisation de l’Afrique.

 

Lui emboitant le pas, le conférencier, le Dr. Ibrahima Socé Fall, médecin spécialiste en épidémiologie, membre du Collège Royal des médecins du Royaume Uni, Haut fonctionnaire à l'OMS, a insisté sur la corrélation entre la santé et l’économie. Pour le Dr. Fall, il n’y a pas de prospérité et de productivité sans la santé qui est déterminant pour le développement économique et social. La recrudescence des maladies chroniques non transmissibles s’explique par le changement du mode de vie. Malgré les progrès notés depuis l’année 2000 sur la santé en Afrique notamment sur le paludisme et le sida, il y a toujours la persistance des maladies dues à la déforestation avec des conséquences sur la biodiversité. Il a mis l’accent sur ce qu’il appelle la décolonisation de la santé par une prise en charge des maladies tropicales négligées et une appropriation par les États africains de leur souveraineté sanitaire par l’éducation des jeunes via notamment le numérique.

 

Dans sa synthèse, le modérateur Mamadou Ndione a rappelé que la jeunesse africaine est un atout si l’accent est mis sur la capacitation par les formations qualifiantes, la santé et l’éducation. Pour l’économiste et Maire de Diass, l’Afrique doit aller vers l’efficience dans toutes ses activités économiques et sociales par la résolution des équations logistiques. 

 

 

Revenant sur le lien entre les thèmes des deux panels de la journée de l’Afrique organisée par l’association ContinentPremier, il a émis l’idée d’inclure dans la réflexion sur  les réparations liées aux crimes durant l’esclavage et la colonisation, une utilisation ultérieure de ces ressources pour renforcer les dispositifs de résolution des équations logistiques africaines par des investissements massifs dans les infrastructures afin de tirer profit des opportunités de la Zone de libre-échange africaine (ZLECAF). La démographie n’est pas une bombe, mais bien une belle opportunité que l’Afrique devrait transformer en avantage comparatif dans un monde vieillissant. En conclusion, Dr. Ndione fait sienne cette conviction partagée par beaucoup d’observateurs avertis : « Le prochain siècle sera africain ou ne sera pas ». 

Lundi 2 Juin 2025
Dakaractu



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