Idrissa Seck et « la théorie du fou »


« Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va! » Sénèque
 
Pourquoi cette agitation et ces atermoiements d’Idrissa Seck depuis quelques semaines ? Au Cybercampus de Thiès, nous        avons vu Idrissa Seck loquace, taquin par moments, bref différent de celui qui nous avait habitué à une certaine époque très lointaine à des sorties médiatiques mieux préparées et plus captivantes. L’homme semblait vouloir régler plusieurs comptes et à plusieurs personnes à la fois. En fin de compte, la montagne a accouché d’une souris : une  sortie insipide en lieu et place d’une rupture fracassante avec Macky Sall suivie d’une déclaration de candidature à la présidentielle de février 2024. L’homme fait feu de tout bois en s’attaquant tour à tour à Macky Sall, Abdoulaye Wade ,Khalifa Sall,Karim Wade, Ousmane Sonko bref à tous ceux qui comptent sur la scène politique sénégalaise. Njomborton comme il se définit lui-même , semble adopter une stratégie de résurrection politique à quelques mois de l’élection présidentielle. Outre quelques sorties somme toute nécessaires de responsables de l’APR et un communiqué du secrétariat exécutif de Benno pour le rappeler à l’ordre et à la bienséance que requiert un compagnonnage, il a eu droit à une polémique puérile sur l’introduction du riz parfumé et d’internet au Sénégal. Nous n’allons pas nous priver d’en rire à gorge déployée même si nous sommes au regret de constater que l’homme, malgré sa longue présence sur la scène politique sénégalaise et ses diverses responsabilités occupées au sein de l’État, est réduit à de pareils et futiles débats.
 
 
La popularité n’est pas un programme politique lui rappelions-nous déjà en 2007 à travers une contribution à la veille de l’élection présidentielle de cette même année. De sa longue logorrhée de Thiès digne d’une médiocre comédie de cabaret il n’aura rien apporté de qualitatif au débat public. Aucune vision déclinée. Aucune perspective de développement proposée aux Sénégalais pendant que la majorité continue de mettre en œuvre l’ambitieux PSE, référentiel depuis 2014 des politiques publiques, dont les résultats transforment le visage du Sénégal aux plans économique et social. 
Au lieu de décliner une vision et un projet, Idrissa Seck nous a servi un discours hors-sol empreint de rancune, de nostalgie et d’une bonne dose de narcissisme. En quelque sorte il s’agissait de parler de LUI, encore de LUI et toujours de LUI. 
 
Idrissa Seck doit savoir qu’en politique la vertu, l’humilité, la constance et la transparence sont nécessaires. Et au moment où notre pays est en proie au péril populiste, Idrissa Seck  semble faire sienne de la « théorie du fou » un des pans de la théorie des jeux que l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson et son conseiller en communication Dominic Cummings optèrent pendant la campagne du Brexit. La théorie des jeux est une branche des mathématiques qui s’intéresse à des situations dans lesquelles des acteurs doivent prendre des décisions en tenant compte des réactions des autres.
Idrissa Seck semblait vouloir mettre le président Macky Sall dos au mur sur la question de sa candidature ou non en 2024. Un coup de bluff malheureusement inopérant parce que le Chef de l’État, tout engagé dans le vaste chantier de la construction nationale, loin des querelles et des agitations politiciennes, fait preuve de lucidité et de sérénité.
 
Je dois à la vérité de concéder que la sortie d’Idrissa Seck le jour de la Korité est plus honorable pour son rang, même si plusieurs aspects heurtent encore. Je fermerai volontairement les yeux sur le petit cours gratuit de Njoumblang pour écouler ses machines à café afin de ne pas donner plus d’écho à des pratiques similaires. Au nom de la démocratie, nous lui disons bon vent et l’attendons fermement sur le terrain politique .
 
Abdoulaye FALL
Responsable APR/Thiès
Dimanche 23 Avril 2023
Dakaractu




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