Appel au dialogue du chef de l’État : Vers des termes de référence au point mort?

Un dialogue de sourds qui s'annonce encore entre les différents protagonistes? Faisons un petit rappel de l'histoire du dialogue national et politique au Sénégal.

Le 28 mai 2016, à la suite du référendum tenu en mars de la même année, le président Macky Sall avait convié l’ensemble des forces du pays, à un échange ouvert, libre et franc. Lors de son discours à l’ouverture du dialogue tenu en mai 2019 après les élections présidentielles, Macky Sall a réitéré sa conviction que dans la vie d’une nation, il y’a des moments où l'exigence de consensus, l’emporte sur la logique d’appartenance.


Le chef de l’État, à l’époque, en plein mois de Ramadan, avait émis sa volonté d’œuvrer pour que la démocratie ne puisse se réduire à une permanente confrontation entre pouvoir et opposition. Cette recherche de convergence minimale pour construire des consensus dynamiques en toutes circonstances devrait, en effet, être considérée comme un impératif démocratique. 

Il importe, pour les intérêts supérieurs de la nation de construire l’espace d’un consensus national sur les grandes questions qui rythment la marche du Sénégal vers un destin de paix, de sécurité et de prospérité. C’est à cette cause exaltante que le président de la République avait convié acteurs politiques, société civile, groupements socio-professionnels, organisations patronales, syndicats de travailleurs, citoyennes, bref, toutes les bonnes volontés de la nation. 

Le choix d’une personnalité indépendante et consensuelle pour diriger le processus du dialogue national était porté sur Famara Ibrahima Sagna, ancien ministre de l’intérieur.

Ces concertations devaient porter sur l’économie, la santé, le numérique, le pétrole et le gaz, la paix en Casamance, mais aussi et surtout le processus électoral. L’enjeu de l’exercice du dialogue national dans son versant politique, devait inclure l’ensemble du processus électoral notamment le calendrier, en rapport avec le retour au quinquennat, le parrainage, la procédure et les délais de publication des résultats des élections, le statut de l’opposition et de son chef, le financement des partis politiques etc…

Cependant, il faut noter que des blocages ont été enregistrés lors de ces concertations ou plusieurs partis politiques ont envoyé leurs plénipotentiaires. Un système de filtrage pour ne pas avoir une pléthore de listes pour le pouvoir, mais du côté de l’opposition c’est juste pour éliminer de potentiels candidats. L’étude du fichier électoral aussi, faisait l’objet de discorde entre pouvoir et opposition. D’ailleurs, plusieurs partis de l’opposition ont pris part à ce dialogue politique à l’exception du parti démocratique sénégalais.
Pour ce nouvel appel du chef de l’État 0qui a d’ailleurs débuté le 03 avril dernier à l’occasion de son adresse à la nation.

la nouvelle entité dénommée F24 attendent des termes de références concrètes soutenus par une franchise pour aboutir à des concertations consensuelles. Ces termes de référence doivent tourner autour de la candidature du chef de l’État qui est d’ailleurs attendu par cette opposition, à renoncer à un 3e mandat. Les cas Khalifa Sall et Karim Wade  seront certainement élucidés au cours de ce dialogue annoncé. 

D'ailleurs, le président de la République avait donné le signal à son gouvernement à travers le ministre de la justice qui avait été instruit pour voir les modalités pour permettre aux deux acteurs politiques de participer aux élections. Ainsi, pour l'opposition, il faut des élections inclusives mais surtout la libération des détenus politiques. Mais ce dernier ne va-t-il pas constituer un premier blocage ? Cette sortie du président Macky Sall dans une émission à la Radio Futurs Médias (Rfm) est révélatrice. « Il n’y a pas de détenus politiques au Sénégal. C’est un terme impropre que les gens utilisent abusivement.

Ce qui existe au Sénégal, c’est la violation de la loi.  »  Cette assertion semble déjà annoncer les couleurs d’un dialogue entre une opposition qui s’agrippe sur ses exigences et un pouvoir qui donne les limites à « ne pas franchir ». Aussi, la question de la candidature de Macky Sall qui revient en boucle est l’une des conditions de l’opposition qui est préoccupée par la non-participation du président aux élections de 2024. Ces deux principaux points sur lesquels le président Macky Sall a déjà donné sa position, pourront-ils faire partie des termes de référence retenus pour ce dialogue en perspective ? Mystère et boule de gomme !
Lundi 24 Avril 2023
Dakaractu




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