Affaire présumée de corruption à l'IMF : La "dation en paiement", l'opérateur et les 50 millions de francs CFA "gracieusement offerts"


Invité de l’émission MNF sur la 7Tv, l’ancien ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall a pris publiquement la parole pour la première fois concernant la présumée affaire de corruption dans laquelle son nom est cité depuis plusieurs jours et qui pourrait le conduire devant la Haute Cour de Justice. Durant l'émission, l'ex-ministre a précisé que c’est l’actuel ministre de la Justice qui a initié les enquêtes le renvoyant devant cette juridiction.

D’ailleurs, Ismaïla Madior Fall a déclaré ne pas être surpris, affirmant avoir des informations concernant deux dossiers le visant. Le premier concerne cette supposée corruption, relayée ces derniers jours par la presse et instruite par le parquet d’instance. L’autre porte sur les bracelets électroniques et est piloté par le parquet judiciaire financier (PJF).

"Il n’y a pas eu d’argent décaissé par l’État…"

Concernant le dossier de corruption, Ismaïla Madior Fall a expliqué que cela remonte à son passage au ministère de la Justice, lorsqu'il a initié le projet de bracelets électroniques. « Quand mon successeur, Me Malick Sall, est arrivé, il a poursuivi le projet avant de quitter ses fonctions. Je suis revenu au ministère de la Justice et j’ai procédé au lancement des bracelets électroniques. J’avais envisagé de mettre en place un centre de surveillance électronique, ciblant un lieu près du tribunal de Guédiawaye où nous disposions de beaucoup d’espace, soit 8 000 m². J’avais pensé utiliser un peu plus de 1 000 m² pour ce projet. Il était prévu de procéder à ce que l’on appelle en droit une "dation en paiement" », a déclaré l’ancien garde des Sceaux, poursuivant ses explications : « Après les études, nous avions prévu une construction d'une valeur estimée à 600 millions de francs CFA. N’ayant pas de liquidités, nous avions décidé de régler une partie avec l’opérateur, à hauteur de 150 à 200 millions de francs CFA. D’ailleurs, je ne connaissais même pas le responsable de la construction. C’est le directeur de la construction des palais de justice qui m’a mis en relation avec lui », a précisé l’ex-ministre.

Après la signature du protocole d’accord, Ismaïla Madior Fall a indiqué avoir constaté, au bout de trois ou quatre mois, que le projet n’avançait pas. La direction générale des impôts et domaines les a alors informés que « la personne chargée de la construction de l’édifice avait gagé le terrain à la banque ». « Quand j’ai réalisé que les choses stagnaient, je lui ai signifié mon intention d’annuler le projet. Ce que j’ai fait en procédant à l’annulation du bail », a-t-il martelé.

50 millions "gracieusement offerts", mais "diplomatiquement refusés"

Ismaïla Madior Fall a ensuite raconté l'arrivée de Me Aïssata Tall au ministère de la Justice, tandis que lui-même était muté aux Affaires étrangères. Il a précisé avoir informé sa successeur des détails du dossier. « Quand Aïssata Tall Sall lui a annoncé l’annulation du projet, l’entrepreneur lui a dit qu’il m’avait remis 50 millions de francs CFA. Je tiens à préciser que je n’ai en aucun cas accepté cette somme. Je la lui ai remise avec tact. Nous n'avons jamais parlé d’argent. Il a voulu généreusement me donner ces 50 millions et je les ai refusés diplomatiquement. Il s’agit d’une opération de valorisation de l’espace pour construire qui a mal tourné, avec un opérateur qui, en réalité, n’avait pas les capacités techniques et financières et qui nous a induits en erreur », a-t-il conclu.

Samedi 26 Avril 2025
Dakar actu



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