«Papa… »

Les larmes qui pendaient à mes yeux, c’étaient assurément des larmes de bonheur…..je lui tenais sa tête, sa douce tête, ses yeux, ces yeux qui ressemblaient tellement aux miens….


«Papa… »
 
 
Je t’ai cherché si longtemps, à travers chaque homme que j’ai croisé…à travers chaque visage de professeurs… je serrais cette tête si fortement contre ma poitrine…
Lorsque j’ai ouvert mes yeux sur ce monde, je t’ai cherché des yeux, tu étais absent. Lorsque j’eu 5ans, je voyais les autres qui attendaient devant la porte de l’école, je les voyais accompagné des leurs, remontant leur menton, tellement fier de se déambuler dans la cour à leur bras cette main si sûre, synonyme de sécurité. Je les suivais des yeux, envieuse, jalouse de ce bonheur qu’ils partageaient… puis à mes 17ans je me suis rebellé contre celle qui a toujours été là malgré ton absence, je lui en voulais à cause de son silence, ou étais-tu bon sang ???
-          Tourne la page, il est parti, il ne reviendra plus me disais telle, non me criais telle plutôt…
                Ma peine et ma rancœur me portaient partout où j’allais… il me manquait cette figure à mes yeux, je te cherchais partout et nulle part. Les nuits étaient froides, aucun bras pour me tenir au chaud quand le tonnerre grondait, aucun sourire quand j’ai eu mes premières dents, dis mon premier mot qui étrangement était « papa » alors que je me tenais face à ma mère.
Combien de fois j’ai écrit ce discours au papa noël, l’implorant de me ramener ma figure paternelle…combien de fois j’ai prié demandant de t’apercevoir au coin de la rue ? Je n’avais que ce bout de photo avec moi…ces yeux, tes yeux, mes yeux…je t’aimais sans te voir, et je te détestais sans te connaître. J’ai fait une liste de questions pour toi, pour le jour J comme je l’appelais… J’ai toujours eu la foi de te retrouver pour te parler, te serrer dans mes bras, te crier ma rage…Et puis ce jour, je t’ai bousculé, sans le faire exprès,  j’ai vu ces yeux, je les ai reconnus. Je n’avais pas besoin davantage de choses.
Tu as toujours su ou je me trouvais, et pourtant tu n’es jamais venu à moi, pourquoi ? Pourquoi m’avoir exclu de ta vie, de ton amour ? Tu as balbutié, j’ai insisté, je t’ai  touché  … J’attendais ce moment comme si ma vie en dépendait. Je ne voulais plus que tu m’échappes je te voulais pour moi rien qu’à moi… Dans ton pull bleu, tu étais le plus bel homme qu’il m’ait été donné de voir et cela malgré le poids de l’âge …oui c’est mon père !!
Les larmes qui pendaient à mes yeux, c’étaient assurément des larmes de bonheur…..je lui tenais sa tête, sa douce tête, ses yeux, ces yeux qui ressemblaient tellement aux miens…. J’esquissais un sourire, hésitant à travers mon brouillard de larmes :
-c’est bien toi ?
- Pardonnes moi ma fille
C’était ce qu’il me fallait pour craquer,  tant d’années de privation, au nom de quoi ? Je voulais arrêter le temps…Conte-moi ton histoire papa :
-          Pardonneras –tu la fuite d’un irresponsable ? J’ai eu peur de me battre pour toi, j’ai eu peur de mes responsabilités et j’ai fui… je n’ai pas pu profiter de toi, de tes sourires, de tes rires, de ton premier amour…et pourtant je te voyais grandir devant moi…tu passais devant moi chaque matin pour aller prendre le bus, je ne pouvais t’appeler, tu n’étais plus mienne. Je ne mérite pas ton amour…Aujourd’hui je suis mourant…je demande ton pardon ma fille
Je regardais cet homme cassé par le poids de sa culpabilité. Une histoire classique de grossesse refusé, j’étais une erreur, un accident, il a eu peur pour son avenir, il a été si égoïste…il a été si Homme…rien que cela.  J’ai accusé la seule femme qui m’ait jamais donné son inconditionnel soutien, j’ai piétiné son amour pour deux, anéanti ses espoirs à cause de mon désir égoïste de retrouver cet homme qui n’a pas hésité un seul instant à m’abandonner…j’ai perdu mes repères, j’ai vécu dans la solitude d’une enfant sans père, sans figure paternelle, j’ai ignoré cette brave femme qui se battait pour deux et qui ne voulait pas que je sente l’absence de cet homme qui se tenait devant moi. Cet homme qui n’a jamais quitté le pas de ma vie…il était à côté et me regardait vivre…il a choisi la facilité dans sa triste solitude, pour me condamner moi être innocent…
Ma main s’avança, qu’est-ce que je voulais lui faire à cet instant ? Il dû voir mon dégoût, ma colère, ses yeux s’embuèrent :
-          Tu as le droit de me détester,  mais sache que tu es le fruit d’un amour, un amour interdit entre ta mère et moi, je suis casté, ta mère une noble…je n’avais pas le droit….j’ai transgressé… pour ta survie..par amour je suis parti…je n’avais que ce choix-là, te regarder grandir de loin, t’aimer de loin….
Nous y sommes, voici donc la vraie histoire…encore des vies condamnés à cause d’une histoire de caste, l’histoire se déroulait sous mes yeux comme si j’y étais …
L’annonce de la grossesse était le pire moment qu’ils devaient affronter. On se tenait devant « LUI » le sentencieux, il commandait et tout le monde s’exécutaient. Les cris avaient retentis et le mot « renié » avait été prononcé.  J’ai préféré laisser ta mère à sa famille, je ne pouvais pas vous faire vivre, pas pour le moment, tout ce que je voulais c’était du temps. Il ne m’en a pas laissé, c’était l’avortement ou renier la seule fille que dieu lui ai donné. J’ai préféré lui demandé de te laisser la vie sauve, en échange je disparaitrais de votre vie, je lui ai demandé de t’aimer comme jamais, que tu ne sentes jamais la différence d’être casté, enfant de casté.
 
La suite de l’histoire je la connais... Ma mère, cette brave femme s’est exilé d’elle-même, elle s’est battu seule contre ce père dominant….que pouvais-je faire moi ? Rien... Aujourd’hui il est mourant, il veut être à mes côtés, n’est-ce pas ce qui compte le plus ? Mes prières ont été entendues finalement….
Ma main tenait sa main, mes yeux le suivaient du regard, admiratifs, c’était mon père et je le ramenais à la maison, là où était sa vrai place….. On marchait côte à côte….puis je me suis arrêtée, pour lui faire face :
-papa je t’aime, je t’aime tant
Oui malgré tout moi je l’aime cet homme….et Le voir pleurer, voir ces larmes couler pour moi valaient tous les trésors du monde…..
 
Merry BEYE
Mercredi 31 Juillet 2013




1.Posté par ndella le 31/07/2013 22:05
touchante histoire, elle m'a fait pleuré.....hamna kou hawa dounde li , ces histoires d castes c de la merde

2.Posté par Zen 1 le 01/08/2013 11:09
oui c de la merde !!!!! que de vies ratées, c douloureux tt ça



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