Moustapha Diop, la fin d’une immunité en sursis ?


Le député-maire de Louga, Moustapha Diop, voit son immunité parlementaire vaciller sous le poids d’une affaire financière qui menace de l’entraîner dans la tourmente judiciaire. Accusé d’escroquerie dans un dossier de détournement de fonds impliquant près de 700 millions de FCFA, il semble désormais acculé par une procédure dont l’issue ne fait plus guère de doute. Selon L’Observateur, la levée de son immunité n’est plus qu’une question de jours.
 
Un engrenage judiciaire en marche
 
Depuis l’éclatement de l’affaire Tabaski Ngom, du nom de l’ex-Agent comptable particulier (Acp) de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse), le nom de Moustapha Diop plane sur l’enquête comme une ombre insaisissable. La principale mise en cause, Tabaski Ngom, ainsi que d’autres protagonistes du dossier, l’ont cité à plusieurs reprises. Mais jusqu’ici, son statut de parlementaire l’a protégé de toute audition par la justice.
 
Cependant, comme le rapporte L’Observateur, cette protection ne devrait plus durer. La justice s’apprête à saisir l’Assemblée nationale pour enclencher la procédure de levée de son immunité parlementaire. Un processus qui suit un parcours balisé : saisine du procureur financier, transmission au procureur général, puis au ministre de la Justice, qui doit désormais soumettre la demande aux députés. « Tout est fin prêt pour que l’Assemblée nationale reçoive la lettre dans les plus brefs délais », confie une source proche du dossier à L’Observateur.
 
700 millions, un prêt qui vire au cauchemar
 
Au cœur de ce scandale, un prêt controversé de 700 millions FCFA que Tabaski Ngom affirme avoir accordé à Moustapha Diop pour le financement de sa campagne électorale lors des législatives anticipées du 17 novembre 2024. Selon elle, cette somme devait lui être restituée, mais face aux retards de paiement, elle aurait porté plainte pour escroquerie.
 
Ironie du sort, cette plainte a eu un effet inattendu : précipiter son propre placement sous mandat de dépôt. En effet, Tabaski Ngom était déjà dans le viseur du Parquet financier à la suite d’une autre plainte de la CRSE pour détournement de près de 700 millions de FCFA. Son initiative judiciaire a donc provoqué son arrestation, ainsi que celle de son collaborateur Mor Guèye, qui a, à son tour, accablé Moustapha Diop.
 
Selon Mor Guèye, une partie des fonds détournés—243 millions FCFA—aurait été destinée au député-maire de Louga pour sa campagne. Une déclaration qui fait de Moustapha Diop une pièce maîtresse de ce scandale explosif.
 
Un choix cornélien pour Moustapha Diop
 
Face à cette situation, une question se pose : Moustapha Diop aurait-il pu éviter cet engrenage ? Des spécialistes du droit interrogés par L’Observateur estiment qu’il aurait pu devancer la procédure en renonçant lui-même à son immunité et en se présentant spontanément à la DIC. Une démarche qui aurait peut-être influencé le cours de l’enquête en sa faveur.
 
Mais à ce stade, cette option semble trop tardive pour certains, encore envisageable pour d’autres. Ce qui est certain, c’est que le compte à rebours est lancé. Moustapha Diop, jusqu’ici protégé, pourrait bientôt faire face à la justice sans le bouclier de son immunité. Sa chute ne semble plus être qu’une question de temps.
Lundi 3 Mars 2025
Dakar actu




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