Macky Sall va rendre le tablier: ‘’ Où l'homme voit finir son pouvoir, Dieu commence.’’ - Théodore de Banville.


 
Plus que dépité par les éternelles fausses promesses des tenants du pouvoir, le peuple sénégalais qui a vu en deux ans sa souffrance atteindre son apogée, a su trouver les ressources nécessaires pour rectifier ses erreurs du passé. Ainsi à chaque passage du président Wade, les routes sont surabondées de foules composées par toutes les catégories socioprofessionnelles et par toutes les tranches d’âge, dont les plus en vues sont les jeunes. 
 
En réalité, la majorité des gens, qui, comme un seul homme, sont sortis inopinément de leurs demeures ou qui ont spontanément délaissé leurs travaux pour descendre dans la rue, se sont rendu compte que la cause pour laquelle ils avaient porté leurs dévolus sur l’incapable de la présidence ne se réalisera pas sous les auspices de son magistère. Pire encore, ces populations accablées veulent en finir une bonne fois pour toute avec ce régime qui ne sait plus à quel fétiche se vouer.
 
Michelin sachant qu’il ne jouit plus d’aucune popularité sur le terrain, veut dissimuler son impopularité en accaparant de force le pouvoir au prix du chaos. Par souci de survie, son pouvoir fondé sur l'intimidation veut donc étouffer à tout prix la liberté d’opinion. Son remède magique pour faire face à cette grogne populaire consiste à distiller un flot de refus arbitraires à tous les rassemblements de l’opposition et des mouvements citoyens.  Cet essaim d’interdictions injustifiées offre de facto le droit aux soldats des corps armés de réprimer sauvagement les manifestations de ses concitoyens qui ont une opinion contraire, comme si la constitution avait prohibé la libre expression politique.
 
En ameutant toute l’armada des forces armées pour les mettre aux trousses des citoyens ordinaires, le nullissime stagiaire de la présidence exprime inconsciemment l’ambiance de panique générale qui prévaut présentement au pinacle de l’Etat. L’apprenti dictateur de la présidence, sait pertinemment qu’il ne détient plus la souveraineté populaire raison pour laquelle il s’enlise dans l’autoritarisme. 
 
Toutefois, les matraques, invectives, chausse-trapes, gaz lacrymogènes, balles blanches et réelles des dizaines de milliers de militaires déployés dans tous les coins de rue de Dakar n’y feront rien parce que le peuple sénégalais est déterminé, jusqu’au prix du sacrifice suprême, à mettre un terme immédiat à cette gouvernance instinctive qui, il faut le reconnaitre, a été une gangrène dans l’histoire politique du Sénégal. Devant l’engagement sans faille de cette jeunesse sénégalaise, ce régime au pied d’argile chancèlera, se débattra comme il peut mais finira sous peu par disparaitre suite au tsunami humain qui se déversera telle une hémorragie sans arrêt devant le palais de la république.
 
Pour voir leurs revendications être prises en compte les sénégalais seront obligés de suivre la voie des calots marrons qui ont secoué les grilles du palais présidentiel (1) avant de voir Macky Sall les récompenser une semaine plus tard, plus exactement le 14 février 2013, en plein conseil des ministres avec à la clef la création de l’agence de sécurité de proximité. Ils devront aussi avoir la témérité des femmes de l’APR qui ont refusé de quitter la devanture du palais de la république au point de voir Michelin recevoir 200 d’entre eux à la salle des banquets. 
 
Le peuple sénégalais a donc le droit comme l’ont fait les apéristes de manifester pacifiquement avec les mains nues devant le palais de la république. Les sénégalais dans leurs écrasantes majorités n’accepteront pas de voir un groupuscule de personnes, parce que faisant partie de la mouvance présidentielle, prendre en otage la liberté d’opinion du peuple. Même si ces effrontés de l’APR qui sont allés jusqu’à prendre de force la logistique de l’armée pour tenir leurs meetings politiques tenteront vainement de nous réduire au silence. 
 
Il ne saurait y avoir une discrimination entre la milice de Macky Sall qui a manifesté sans autorisation devant la devanture du palais de la république et les jeunes sénégalais qui veulent dénoncer pacifiquement l’exclusion sociale dont ils sont victimes. Les tenanciers du pouvoir prétexteront systématiquement comme à l’accoutumée de l’arrêté aberrant de leur supplétif, le préfet de Dakar, pour nous bâillonner.
 
Cette répression arbitraire des forces du désordre érigée en système de gouvernement est en train de précipiter l’effondrement brutal de cette oligarchie qui vit ces derniers jours. La fuite de Zine el-Abidine Ben Ali deux ans après son élection en 2009, marquée par un score de 89,62 %, est toujours gravée dans nos mémoires. Hosni Moubarak élu démocratiquement avec 88,5 % des voix malgré son armée composée d’1 000 000 de personnes et de 50 000 réservistes a été balayé comme une tâche de poussière. Et tout récemment Viktor Yanoukovitch nonobstant le soutien en sous-main de la puissante Russie n’a pas pu résister, après seulement quelques années de règne, à la furia humaine. 
 
L’intérimaire de la présidence doit avoir la grandeur de reconnaitre son incompétence avérée et de remettre sans délai sa démission. Lui qui n’arrive plus à se faire entendre par ceux qui l’ont porté au pouvoir. S’il lui restait un grain de dignité il n’aurait même pas attendu que le peuple sénégalais réclame son départ à haute voix vu qu’il a été désavoué à la face du monde le soir du 25 avril dernier. Si Macky Sall continue de s’agripper sur ce pouvoir éphémère qui l’a fui son réveil risque d’être, comme celui du têtu Gbagbo Laurent du fond de son bunker, très très brutal. 
 
Moïse RAMPINO
 
Vendredi 2 Mai 2014




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