Émeutes urbaines/Réorientation budgétaire : Doit-on conserver le ministère de la jeunesse ?


Le président de la République Macky Sall, qui était très attendu ces derniers jours, s’est finalement adressé à la nation le lundi 08 Mars 2021. Dans son discours, il assure avoir bien entendu le cri du cœur de cette jeunesse sortie massivement pour manifester dans les rues. Macky Sall s'est focalisé sur sa volonté de prendre davantage en compte les préoccupations de cette jeunesse sortie manifester, parfois violemment. Ainsi, dira-t-il 

 

« J'engagerai dans les meilleurs délais, une réorientation des allocations budgétaires pour améliorer de façon substantielle et urgente, les réponses aux besoins des jeunes en terme d'emplois, de formation, de financement de projets et de soutien à l'entrepreneuriat et au secteur informel » 

 

L'existence de cette jeunesse marquée par la morosité économique va donc, selon le chef de l'État, être mieux prise en compte surtout dans ce contexte de crise sanitaire. Pour prendre en charge les besoins de cette jeunesse, le président Macky Sall s'engage à corriger en réorientant des allocations budgétaires qui pourront être mobiliser pour les jeunes. Il faut donc des reformes. Et pourtant le chef de l’Etat lui-même, avait déjà invité ses ministres à entamer des reformes peu de temps avant le remaniement ministériel. 

 

En effet, le 05 octobre 2020, lors du conseil présidentiel sur la relance, tenu à Diamniadio, le chef de l’État Macky Sall avait clairement indiqué les limites de l’action gouvernementale. En effet, avait-il dit, « il y’a des cohérences à mettre ensemble. On est obligé d’harmoniser et de rationnaliser parce que c’est le même État, il faut que son action soit efficace. Si on partitionne chaque chose, chacun on lui donne sa petite sucette, certes il y aura un peu de sucre dans la bouche etc…, mais il n’y aura pas une efficacité globale. » Il faut le rappeler qu'au Sénégal il y a beaucoup trop de programmes et d’agences. 

 

Pour les seules agences ce sont 450 milliards en transfert au titre 5 et 6 du budget. C’est l’équivalent de notre moins-value fiscale en 2020 en raison de la Covid-19 et c’est 1/5e du budget de l’État. « On est obligé d’harmoniser et de rationaliser », avait dit Macky Sall. Et d’ajouter : « il faut faire les réformes, moi j’assume, les ministres qui ne veulent pas assumer, il faut qu’ils le disent. Il faut qu’on bouge, il faut que les choses bougent. Il faut que les réformes soient achevées. Vraiment, je souhaite que ces réformes qui sont à notre portée soient faites parce que c’est là où le bât blesse. 

 

Au niveau des réformes, malgré tout ce qui a été dit, il faudrait maintenant que l’application se fasse sans problème. Je le dis avec beaucoup de sérieux, il faut qu’on avance vers plus de sérieux. Il faut faire des réformes, vous amenez les textes, on les fait et puis on avance. Si on ne fait pas de réforme, il n’y aura pas d’argent, ça je peux vous le garantir. Moi, je ne mettrai plus autant de milliards dans un secteur où il n’y a aucune réforme. Réforme argent, pas de réforme pas d’argent. » 

 

Pour montrer qu’il tient à la mise en œuvre des réformes, le chef de l’Etat avait invité le ministre de l’économie du plan et de la coopération à présenter en conseil des ministres le cadre juridique réformé qui devrait régir le partenariat public privé et finaliser la création du fonds d’amorçage, de restructuration et de préparation de projet. 

 

Mais la plus grande réforme attendue à l’époque était la réduction de la taille du gouvernement, réduisant ainsi le train considérablement le train de vie de l’Etat. Par exemple, un seul ministère de l’éducation et de la formation professionnelle, un seul ministère de la pêche, de l’agriculture et de l’élevage… Mais à la lumière des événements qui se sont produits dans le pays la dernière semaine, l’utilité du ministère de la jeunesse doit être mise sur la table. Le constat unanime est que le ministère de la jeunesse a totalement brillé par son silence et son inefficacité durant cette crise.  

 

Pour rappel, créé par décret n o 2020-2100 du 1 er novembre 2020 portant répartition des services de l'Etat et du contrôle des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés à participation publique entre la Présidence de la République, le Secrétariat général du Gouvernement et les ministères, placé sous l'autorité du Président de la République, « le Ministre de la Jeunesse prépare et met en œuvre la politique définie par le Chef de l'Etat en matière de jeunesse, de promotion de l'entrepreneuriat des jeunes et de promotion des valeurs civiques et du volontariat.

 

À ce titre : il apporte un soutien et veille au développement des activités pour la jeunesse; Il assure la promotion sociale et économique des jeunes et de leurs groupements; Il participe à la formation des jeunes dans tous les domaines et contribue à leur préparation afin qu'ils assument leurs responsabilités de citoyens; Il participe au renforcement de la culture patriotique. A ce titre, il initie des actions, en relation avec toutes les forces vives, afin de faire de la citoyenneté un moteur du développement national. Il est chargé du service civique national. Il concourt à la promotion du développement du volontariat. » 

 

À la lumière de tout ce qui précède, il apparait clairement que le ministère a totalement échoué dans sa mission et pour des besoins de  restriction budgétaire, ce ministère doit purement et simplement disparaître. Ainsi, des directions à lui confiées, peuvent être supprimées et ou transférer dans d’autres ministères. Par exemple, l’Agence Nationale pour la Promotion de l'Emploi des Jeunes, peut être confié à la DER/FJ et le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC), pourrait être logé au ministère des collectivités territoriales du développement et de l’aménagement du territoire.

 

En outre, en réponse à la crise sanitaire, 1000 milliards avait été débloqués par le chef de l’État, dans le plan de résilience économique et sociale. À cet effet, 500 millions avaient été alloués au ministère de la jeunesse et destinés aux jeunes et aux associations de jeunesse des 45 départements du pays. Peu dans temps après son lancement, par la ministre elle-même, des voix s’étaient levées un peu partout dans le pays pour dénoncer la répartition de cette manne financière. Plusieurs départements du pays et plusieurs associations de jeunes avaient clairement dit n’avoir jamais vu la couleur de cet argent. Des cris du cœur qui étaient tombés dans l’oreille d’un sourd mais qui semblent aujourd’hui être entendus...

 

 

Mardi 9 Mars 2021




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