Frustrations dans les rangs de Yewwi : Quand le conglomérat de leaders se heurte à ses propres combinaisons politiciennes… »


À sa mise en place, début septembre 2021, en perspective des élections locales,  la coalition Yewwi Askan Wi comptait une dizaine de partis et coalitions de partis politiques qui ont décidé de s’unir pour faire face à la grande coalition Benno Bokk Yakaar.

Ces partis sont essentiellement Pastef de Ousmane Sonko, Taxawu Senegaal de Khalifa Sall, le Pur de Serigne Moustapha Sy, la coalition Gueum sa bopp de Bougane Guèye Dany, And Saxal ligeey de Aïda Mbodj, le Grand Parti de Malick Gakou, Fsd/Bj de Cheikh Bamba Dièye, Avenir Sénégal bi nu begg de Cheikh Tidiane Dièye, Fds/Les Guelwaars de Babacar Diop, Parti de l’espoir et de la modernité de Habib Sy, Parti républicain pour le progrès de Déthié Fall, Guédiawaye la bokk de Ahmed Aïdara, Set de Moustapha Guirassy, Bess du niak de Mansour Sy Djamil, Alliance Pencoo de Moussa Tine, Pcs/Jengu tabax de Boubacar Camara, Aminata Lô Dieng de Apel/3j.

Après la razzia de la coalition durant les locales, c’est une autre tournure que cette alliance est en train de prendre. Les investitures ont affecté cette coalition qui avait mis en place une charte qui, selon Moustapha Guirassy et Cie, a été biaisée dans son essence. Mais qu’est ce qui pourrait expliquer ces discordances au sein d’une coalition attendue au tournant à l’Assemblée nationale ? Pourquoi les leaders peinent-ils à s'entendre sur des principes qui pourtant, les ont unis dès le début de cette coalition ? Ce désistement n’est-il pas une suite logique de la position qu’avait prise Bougane Guèye Dany, Thierno Bocoum ou encore ‘la méfiance’ du Pds qui n’avait pas donné tout au début son accord pour adhérer  à la coalition ?




Hier, le Fsd/Bj de Cheikh Bamba Dièye, Set de Moustapha Guirassy, Bess du niak de Mansour Sy Djamil, Aminata Lô Dieng de Apel/3j, AG/ JOTNA de Me Moussa Diop pour ne citer que ceux-là, ont tenu un point de presse après leur déclaration commune qui décrit les abus de certains leaders de la coalition. Pour ces protestataires se considérant toujours dans Yewwi Askan Wi, « c’est un compagnonnage loin d’être sincère parce que la conférence des leaders campe sur sa position, dans le but de s’accaparer de la coalition et ainsi, bafouer les valeurs et principes qui ont été à l’origine de leur alliance. D’ailleurs, certains observateurs et analystes politiques ont même déniché ce manque de sincérité qui devait prévaloir dans ce compagnonnage. D’autres pensent que ce désistement ne devrait pas causer de problème au sein de la coalition. Il faut juste se dire les vérités, et avancer sur l’essentiel.
 
Est-on en train de dire qu’il y’a une nouvelle vague qui serait en phase d’écarter les plus anciens ? Si tel est le cas selon Ibrahima Bakhoum, ce n'est pas une bonne perception car, nous explique-t-il, « ces frustrés de ces pratiques d’une partie de la coalition, sont aussi valables et très dynamiques dans l’espace politique.  »

Cette sortie était essentielle mais elle peut être pédagogique. Le linge sale se lave en famille. « Ils disent oui, ce que vous avez posé comme acte n’est certes pas bon, malgré tout nous restons dans la coalition parce qu’il n’est pas question de la laisser entrer d’autres mains. La frustration, on l’expose, le discours permet de se libérer et on continue le compagnonnage… », considère M. Bakhoum.

En effet, ils ont besoin d’avoir encore de la représentativité, à avoir de la présence dans l’espace public. L’objectif c’est de minorer le camp d’en face, donc il n’est pas question de sortir mais plutôt de rester à l’intérieur de la coalition et de continuer son combat. Cette stratégie de dénonciation dans le compagnonnage peut bien être maintenue pour rappeler à ses alliés que les principes et les valeurs qui ont fondé la coalition doivent être préservés pour gagner la confiance des sénégalais. Mais comme le soutient Ibrahima Bakhoum, la multiplication des leaders de taille dans une coalition peut facilement être source de problèmes. « En multipliant les fortes têtes dans une coalition, on crée des frustrations d’autres fortes têtes… »


Un autre, nous donne également son avis sur ces fissures au niveau de Yewwi Askan Wi qui peuvent, si elles ne sont pas limitées, impacter négativement sur la marche de cette coalition dans le temps. « On a l’impression que tout ce qui se passe dans cette coalition, c’est entre Khalifa Sall, Ousmane Sonko et aussi Barthélémy Dias qui a gagné Dakar… Après leur forte implication dans les locales, avec notamment de grandes villes stratégiques remportées, nous voyons que Taxau et Pastef sont au-dessus de la mêlée », ce qui, estime Babacar Dione, « serait à l’origine parfois de certaines considérations d’une partie de YAW qui ne se voit pas dans la  charte qui avait été établie.

Aussi, « il faut se poser la question sur la sincérité de cette alliance car, chacun a tenu à placer son homme. Ce qui peut causer une certaine frustration. Par ailleurs, notre analyste politique nous a expliqué l'impact de Wallu qui aurait même accéléré ce malaise dans le camp de Yewwi Askan Wi. « Je ne peux pas comprendre, comment Yewwi, avec ces bons résultats durant les locales puisse venir pour ces élections législatives laisser une bonne place à Wallu Sénégal au détriment de sa coalition »,  se demande-t-il, considérant que ces frustrations sont bien alimentées par divers facteurs qui qualifient ce compagnonnage de circonstanciel.
 
Depuis que ces partis dans la coalition Yewwi Askan Wi ont, d’un commun accord décidé de s’unir, d’autres notamment Wallu ou encore Aar Sénégal semblent aussi, dans cette phase de changement progressif. Pour la prochaine composition de l’Assemblée nationale, il faudra pour l’opposition, malgré ses divergences, peser sur le Benno si elle veut s’offrir le maximum de sièges. Mais, avec les investitures qui sont déjà à l’origine de plusieurs manifestations et désistements dans les rangs de Yewwi Askan Wi, à quelle tournure pouvons-nous nous attendre après les législatives? Même si Cheikh Bamba Dièye, Guirassy et Cie comptent rester dans la coalition en combattant les abus et errements de la conférence des leaders, verrons-nous une suite de compagnonnage politique stable au sein de Yaw ?

D’ailleurs, nous avons entendu Moustapha Guirassy parler hier au cours de leur point de presse de considérations ethnicistes ou régionalistes au sein de la coalition. Les prochaines heures pré-électorales seront certainement décisives... 
Samedi 14 Mai 2022




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