Un an après les troubles de mars 2021 / Une commission d'enquête parlementaire à la traîne, Sonko toujours dans l'expectative de l'examen du fond du dossier


Le mois de février 2021 fut une étape importante qui a marqué les esprits et l'espace politique sénégalais. Une jeune femme répondant au nom de Adji Sarr accuse de viol et de menaces de mort le député Ousmane Sonko.

En réalité, la plainte brandie par cette jeune femme employée d’un salon de massage a, en réalité donné le coup d’envoi à une vague de contestation d’une virulence inédite dans un pays pourtant réputé pour sa stabilité. Mais cette accusation fait face à une indignation et un refus catégorique des partisans du leader du Pastef et même d'autres membres de l'opposition qui dénoncent une machination politique pour écarter un opposant qui dérange.

De ces vagues de contestations, suivent de violentes manifestations qui ont fait 13 morts et plusieurs blessés. Que peut-on tirer comme enseignements depuis l'annonce de la mise en place de cette commission? À quel niveau cela stagne? Quelle sort est réservé au dossier de Ousmane Sonko qui est toujours en attente d'un procès?
 
Commission d'enquête parlementaire: Le gouvernement toujours étendu.
 
Quelques semaines après l'éclatement de l'affaire Sonko-Adji Sarr, le gouvernement a tenu un point de presse pour rétablir la vérité sur ces émeutes et situer les responsabilités sur les émeutes et les dégâts qui ont suivi. Par ailleurs, il a promis que l’action judiciaire dans l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko, à l’origine des troubles, suivra son cours et que « la justice rendra son verdict en toute indépendance ».

La commission d'enquête parlementaire pour tirer au clair les événements de mars 2021 était attendue  quelques jours après l'annonce du gouvernement.
 
"Nous sommes dans une dynamique de paix et d'apaisement. Le président Macky Sall lors de son adresse à la nation le 8 mars, a mis l'accent sur la cohésion et l'unité nationale. Je pense que l'un des héritages les plus importants c'est cette union nationale et ne pas se voir dans une position ethniciste ou régionaliste", avait avancé le ministre des forces armées, Me Sidiki Kaba lors du point de presse pendant lequel, il affirmait aussi que "la meilleure façon de situer les accusations des uns et des autres, c'est de mettre sur place une commission qui sera bien évidemment ouverte à l'opposition et à la société civile et qui travaillera en toute indépendance pour situer les responsabilités".

Une position qui n'a pas d'ailleurs convaincu le mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) qui, dans un mémorandum, a tenu pour sa part, à restituer les faits et ainsi rétablir, selon lui, la vérité. Le M2D a même soutenu qu'il n'a été approché pour une quelconque entreprise visant à élucider cette question qui reste toujours en suspens et qui a malheureusement coûté la vie à 13 innocents.
 
Sonko, le statut de maire et la suite judiciaire...
 
Remis en liberté et sous contrôle judiciaire le 8 mars 2021, Ousmane Sonko se voit dans l’obligation de remettre son passeport aux autorités, et devra demander l’autorisation au juge s’il souhaite voyager. Aussi, le chef du Pastef devra également se présenter chaque dernier vendredi du mois devant le juge, sans oublier aussi, de se mettre à disposition des enquêteurs, au cas où le juge saisirait la police ou la gendarmerie dans le cadre de l’enquête. Ainsi, la confiscation du passeport, l'interdiction de parler à la presse et au public sur le dossier du viol (objet de l'inculpation) et l'obligation d'aller signer un document au tribunal tous les 15 jours pour attester de sa présence au Sénégal, sont les contraintes auxquelles il assujetti.
 
Le nouveau maire de Ziguinchor toujours 'cloué' sur le territoire national  Après la mort du doyen des juges Samba Sall, c'est Oumar Maham Diallo, précédemment président de chambre à la Cour d’appel de Ziguinchor, qui a hérité du poste de Doyen des juges d’instruction du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar. C'est ainsi que le Juge Diallo hérite ainsi de brûlants dossiers dont la très célèbre affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko.

Mais aujourd'hui, le leader de Pastef est confronté à des refus récurrents de sortie du territoire. En effet, Ousmane Sonko avait été interdit d'aller à Lomé le 26 mai 2021 pour participer à un colloque sur le franc CFA. Un colloque qui a été organisé à l’initiative de l’économiste togolais Kako Nubukpo, par ailleurs, commissaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) chargé du département Agriculture, ressources en eau et environnement.
 
Ousmane Sonko, poursuivi dans le cadre de l’enquête ouverte, avait déposé une demande de sortie de territoire le 17 mai dernier. Le procureur de la République y a opposé une fin de non recevoir le jeudi 20 mai. La balle était alors dans le camp du juge d’instruction Abdoulaye Assane Thione, qui a tranché en suivant l’avis du procureur. D'ailleurs, un des avocat de l'actuel maire de Ziguinchor avait rappelé que le prétexte du juge soutenant « l’absence de main levée du contrôle judiciaire » , s'articule sur le fait qu’Ousmane Sonko n’a pas encore été entendu au fond pour s’expliquer sur les accusations formellement portées à son encontre par la partie civile. Ce qu'avait même réfuté Me Bamba Cissé avançant que "l’audition au fond de M. Sonko n’a aucun rapport avec la mesure de contrôle judiciaire".
 
La défense évoque récemment, un nouvel argument, celui du nouveau statut de maire du leader de Pastef. Pour la défense, Ousmane Sonko, en sa qualité de maire de Ziguinchor, doit se soustraire de la justice car, ayant des déplacements à faire en dehors du territoire national au regard de son nouveau statut d'élu territorial.
 
Qu'adviendra t-il de ses activités politiques liées à ses nouvelles tâches de maire et au regard de sa situation judiciaire? C'est une question qui devra certainement être élucidée dans les prochains jours...
Jeudi 3 Mars 2022




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