Soumaïla Cissé sur la polémique autour des conditions de sa libération : « Vous voulez qu’ils reprennent les djihadistes et que moi je retourne là-bas ? »


Les conditions de la libération de l’homme politique malien Soumaïla Cissé et de l’humanitaire française Sophie Pétronin ont suscité beaucoup d’interrogations chez une bonne partie de l’opinion nationale malienne et internationale. D’aucuns redoutent que les djihadistes qui les ont relâchés pour leur permettre de retrouver les leurs ne reprennent les armes contre les armées locales et internationales engagées dans la lutte contre le terrorisme. Une inquiétude qu’ils ne partagent pas avec l’ex otage. « J’espère qu’ils ne sont pas inquiets que je sois libéré. Je ne suis pas inquiet d’être libéré. Vous voulez quoi, qu’ils les reprennent et que moi je retourne là-bas …ils sont en train de libérer des djihadistes en Afghanistan, ils sont en train d’en libérer en Arabie Saoudite et au Yémen, je n’ai pas de jugement de valeur à ce niveau-là. Ce qui est important, c’est qui a été libéré », relativise l’homme politique malien. 

Soumaïla Cissé s’est épanché sur les conditions de sa détention. « J’étais en pleine campagne électorale quand j’ai été attaqué de manière absolument violente. Mon garde du corps Mohamed Cissé a été tué. J’ai été trimballé de lieu en lieu, depuis le Delta Central jusque dans le Grand Sahara. J’ai été détenu la plupart du temps dans le Grand Sahara en plus de 20 lieux différents. Je ne peux même pas vous dire exactement où…j’étais dans des conditions difficiles, un climat très austère, une alimentation qui n’était pas adaptée, que des féculents, un isolement physique et moral quasi-permanent et pendant beaucoup de moment je n’avais pas les médicaments qu’il me fallait pour tenir. Ceci dit, je n’ai subi aucune violence ni physique, ni verbale. Je suis passé de petit groupe en petit groupe, j’ai voyagé à moto, en pirogue, même à dos de chameau. J’ai vu tout pendant cette période. Je n’ai jamais eu de compagnon parmi les otages », détaille le chef de l’opposition malienne.

Le seul contact qu’il avait avec l’extérieur, c’est par l’entremise d’une radio que ses ravisseurs lui ont donné dès les premiers moments de sa nouvelle vie d’otage. « La chance que j’avais, c’est qu’on m’avait offert une radio quand j'étais dans le centre les dix premiers jours. Quand j’ai quitté, ils ont repris leur radio. De l’autre côté, une semaine après, j'ai eu une autre radio et je l'ai gardé jusqu’à hier. J’ai appris comme ça le coup d’État au Mali, les manifestations, même en ma faveur, les marches, les soutiens, les interventions des institutions, parlementaires, les personnalités qui ont intervenu pour moi, ceux qui ont fait des interviews, les grandes voix, les petites voix…cela me maintenait dans un état d’esprit qui me rapprochait de la réalité et me permettait aussi de tenir moralement », révèle l’ancien otage du GSIM.

Sur son avenir politique, il ne veut pas s’empresser. « Soumi » comme l’appellent ses intimes veut prendre le temps nécessaire pour s’acclimater. « J’ai été absent pendant six mois. La première chose que je dois faire c’est de me mettre à niveau, d’être informé sur la position de mon parti, comment il a évolué…Connaitre mieux les acteurs qui sont en place aujourd’hui. C’est à partir de là qu’on évalue, qu’on dessine un chemin qu’il faut devoir suivre », indique-t-il.

 
Vendredi 9 Octobre 2020




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