Sénégal - Nécrologie : À l’instar de Roger Mendy, ces personnalités bien portantes plusieurs fois annoncées mortes sur la toile…

Les sénégalais viennent de se réveiller ce mardi avec une terrible rumeur qui a bien failli causer un deuil national : le décès supposé de Roger Mendy. Heureusement, après des vérifications poussées auprès de ses proches, il s’est avéré qu’il n’en était rien ! L’ancien footballeur international sénégalais est bel et bien vivant. Un énième incident qui a poussé la rédaction à se pencher sur les nombreuses annonces nécrologiques qui ont « coûté » la vie à plusieurs personnalités dont le président Abdoulaye Wade, celui de l’assemblée nationale, Moustapha Niasse ou encore l’ex Premier ministre, Boun Abdallah Dionne et de feu Amath Dansokho…


L’un des plus grands défenseurs du football professionnel profite encore de sa retraite méritée, loin des exigences du haut niveau, mais toujours près des terrains de football et de la petite balle blanche qu’il aime toujours tant.

Au moment où l’annonce de sa mort supposée commençait à prendre de l’épaisseur, la rédaction de Dakaractu qui entretient une relation singulière avec « Père Roger », a directement joint ce dernier. Et, c’est de vive voix, depuis Dakar, que le principal concerné a infirmé la rumeur. La légende vivante, Roger Mendy (62 ans), est encore parmi nous, bien portant. « Je suis bien vivant, que le Tout Puissant nous accorde une longue vie », a déclaré l’ancien capitaine de l’équipe nationale de football du Sénégal sur un message vocal envoyé ce mardi matin, depuis Whatsapp. Ça au moins c’est clair !

Cependant, il faut croire qu’on aime parfois jouer les oiseaux de mauvais augure. C’est plus fort que nous ! Être le premier à faire exploser la bombe. « C’est moi qui ai annoncé la nouvelle », « Je suis parmi les premiers à avoir eu écho de son décès », « J’étais au courant qu’il était mourant depuis des jours… » 
Voici quelques exemples des petites phrases assassines qu’on entend souvent de la part de ces adeptes de la diffusion de rumeurs funestes sur la toile. Des sortes de relayeurs de la misère humaine qui, parfois sans forcément prendre le recul qu’il faut, mettre des gants, et surtout appliquer le tact qui sied s’agissant d’une annonce de cette ampleur, lance de folles rumeurs en quelques clics. Des « Fake news » dont la portée et les effets destructeurs sont incalculables et les dégâts des fois irréversibles aussi bien pour la victime supposée que pour son entourage. 

C’est au Sénégal qu’on s’est réveillé un 17 novembre 2022 pour voir un peu partout sur la toile, l’annonce du décès de l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade. Une onde de choc qui a balayé toute la république et plongé les sénégalais dans une profonde consternation avant que Wade lui-même ne fasse une publication pour réfuter la nouvelle. « Il n’est pas donné à tout le monde de prendre connaissance de sa nécrologie de son vivant », avait-il déclaré sur un ton ironique. Quelques mois plus tard, c’était autour de Moustapha Niasse, le président de l’assemblée nationale, qui était annoncé mort. Nous sommes en octobre 2021, l’hémicycle et la nation tout entière sont frappés par le deuil avec cette triste nouvelle. Sauf que, dans une sortie au vitriol, Niasse fait un cinglant démenti et s’en prend de manière virulente, à ses détracteurs qu’il avait qualifié « d’oiseaux de mauvais augure. » 

Dans cette série nécrologique, celui qui remporte la palme c’est sans aucun doute feu Amath Dansokho, l’une des figures marquantes de la classe politique sénégalaise, notamment celle de l’opposition. L’ancien leader du parti politique PIT a été cité dans la rubrique nécrologique au moins quatre fois ! Quatre résurrections pour un homme qui était encore du monde des vivants. Une situation dont le sieur Dansokho s’était finalement presque accommodé entre la première annonce de sa mort en 1988 et finalement son véritable décès à la date du 23 août 2019. 

Le 20 juillet 2019, bis repetita, cette fois-ci c’est au tour de l’ancien Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne d’être « tué » par certains médias avec le concours des réseaux sociaux qui avaient servi de relais de transmission. En réalité, le Premier ministre qui était certes malade, suivait un traitement en France. S’en suivront une série de démentis et de mea culpa. Le coup était déjà parti sans que l’on ne retienne forcément les leçons d’un passé encore très récent…

Si on tourne le regard vers les médias sénégalais, l’erreur est souvent de bonne foi (pour certains d’entre eux) dans ce genre de situation. Mais, à force de perdurer dans ces « erreurs » on finit par se poser de sérieuses questions sur le pourquoi du comment. Car, si depuis un smartphone tout un chacun peut, via un post Facebook ou un statut Whatsapp lancer un nouveau challenge ou diffuser de fausses informations. La responsabilité qui pèse sur les épaules des maisons de presse est bien trop grande pour laisser place à autant de légèreté dans le traitement de l’information faisant fi des règles élémentaires du journalisme, à savoir la collecte, la vérification systématique, le recoupement et finalement un traitement rigoureux avant de servir l’information au public. 

Tout ça pour dire qu’il faudrait nécessairement un retour aux fondamentaux et à l’orthodoxie. On ne devrait pas badiner avec la vie et surtout pas la mort des citoyens sénégalais encore moins des illustres fils de ce pays. Si cette fois ci la rumeur a été très vite étouffée, il faudrait surtout éviter de mettre le feu sur la toile en envoyant au cimetière des personnes bel et vient vivantes ! 
Mardi 5 Juillet 2022




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