Risque d'insécurité à Saly Portudal due à la rivalité entre la police et la gendarmerie : Les hôteliers inquiets face à la menace terroriste.


La station balnéaire de Saly Portudal est un lieu prisé pour son calme mais aussi pour ses hôtels de luxe qui offrent un cadre idéal à toute personne désireuse de passer des vacances apaisées. Ce qui en fait l'une des destinations de choix des touristes.
Mais depuis quelques temps, l'inquiétude a gagné aussi bien les populations que les tenanciers d’hôtels en raison du risque d'insécurité qui plane sur cette ville on ne peut plus particulière.

À Dakar, particulièrement aux Almadies, les complexes hôteliers sont dotés d'un système de sécurité bien pensé pour faire face aux nouvelles menaces. Il s'y ajoute qu'à chaque coin de rue, des gendarmes armés jusqu'aux dents sont déployés pour décourager les malfaiteurs. Saly qui regorge de structures hôtelières et qui reçoit des touristes qui viennent de tous horizons ne peut faire l'objet de moins de considération, geignent les hôteliers. Pourtant, jusqu'à très récemment, la sécurité était de mise dans les hôtels de la station balnéaire.

En réalité, Saly Portudal qui compte à ce jour 15 quartiers est en train de souffrir de la rivalité entre police et gendarmerie. Ce, depuis l'installation d'un commissariat urbain, à la demande du maire Ousmane Guèye. 

Dans l'allocution qu'il a prononcée lors de la cérémonie d'ouverture du Commissariat qui a eu lieu le 28 février dernier, le ministre de l'Intérieur a invité policiers et gendarmes à « travailler en parfaite intelligence » pour l’intérêt commun qui ici, n'est rien d'autre que la sécurité des populations de Saly et de leurs hôtes. Par ricochet, de l'économie locale dominée par les activités touristiques. Cependant, cette collaboration tant souhaitée par l'autorité n'était pas si simple à concrétiser.

Selon nos sources, la police n'a pas voulu de la présence de la gendarmerie dans la zone et a tout fait pour que les hommes en bleu qui assuraient la sécurité à Saly avant son arrivée, lui fassent de la place pour ne pas dire la lui cèdent complètement. C'est ainsi qu'au lendemain de l'installation du Commissariat que des policiers sont allés demander aux gendarmes en faction à l'entrée de Saly que ce poste de contrôle entre dans leur champ de compétence. Pour bétonner leur posture, ils ont invoqué un décret présidentiel. Mais les gendarmes n'ont pas été convaincus et le ton est monté d'un cran. L'altercation a été évitée de justesse. Une rencontre a été tenue et il a été convenu d'allouer à chaque partie une zone d'intervention. Mais la clé de répartition n'a pas enregistré l'onction de la police. La gendarmerie en a tiré toutes les conséquences en réduisant sa présence dans la zone. Un repli involontaire en passe de rendre vulnérable la station balnéaire. C'est d'autant plus vrai qu'avant cette brouille entre les « frères-ennemis » de la sécurité nationale, une unité anti-terroriste composée d’éléments des escadrons monté et motorisé de la gendarmerie avait déjà pris ses marques et avait fait reculer le sentiment d'insécurité. Ils étaient appuyés par quelques hommes du très perspicace Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) qui, aujourd'hui, ne sont plus visibles dans les parages. Un vide partiel que tardent à combler les nouveaux maîtres de la ville. Renseignement pris, ils ne sont pas dans les conditions de répondre à toutes les attentes de la ville touristique.

C'est dire qu'aujourd'hui, Saly, avec tout ce qu'elle représente pour le tourisme sénégalais est laissé à elle-même, piégée dans une bataille incompréhensible à laquelle se livrent police et gendarmerie dans un contexte marqué par la montée en puissance du grand banditisme, notamment du terrorisme dans la sous-région ouest-africaine.

Doit-on rappeler qu'en 2016, la station balnéaire de Grand Bassam, en Côte  d'Ivoire a fait l'objet d'une attaque terroriste ? C'est d'ailleurs après cette attaque d'envergure revendiquée par Aqmi et qui visait les étrangers venus se prélasser dans ce cocon douillet que les autorités sénégalaises avaient décidé de mettre en place un dispositif sécuritaire dissuasif à Saly Portudal pour parer à toute éventualité. Mais force est de constater qu'à cause d'une rivalité et des tiraillements entre police et gendarmerie, ce plan de sécurisation de la belle et prisée Saly est en train de disparaître.

Face à cette situation préoccupante, les autorités doivent prendre les choses en main et exiger à tous de taire leur ego pour la sécurité nationale. Le sujet doit être abordé à la prochaine réunion du Conseil national de sécurité. Garant de la sécurité des Sénégalais, le président de la République doit faire entendre raison aux différentes parties, dans le cas d’espèce, à la police et à la gendarmerie. Les populations ainsi que les hôteliers de la station balnéaire ne demandent pas moins.
Jeudi 12 Mars 2020




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