Résultats de l’enquête sur la mort de Fallou Sène, aujourd’hui : Le Procureur assis sur des braises !


Résultats de l’enquête sur la mort de Fallou Sène, aujourd’hui : Le Procureur assis sur des braises !
Nous avons pris le Procureur Ibrahima Ndoye au mot. Il annoncé la semaine dernière la fin de l’enquête en fin de semaine, c’est-à-dire dimanche. Comme lundi est férié chez nous, tout le monde attend les résultats de l’enquête menée par les forces de l’ordre sous sa responsabilité.

La promptitude de la réaction du maître des poursuites est à saluer, mais elle a l’inconvénient, pour lui, d’impliquer une obligation de résultat dans un délai qu’il s’est fixé.

L’obligation de résultat, c’est que les populations et surtout les parents de la victime et les étudiants ne comprendraient pas que le ou les coupables ne soient pas désignés. Il sera important de communiquer sur les circonstances exactes dans lesquelles la mort de l’étudiant est survenue afin de déterminer, si oui ou non, il y a eu légitime défense comme certains se sont empressés de le dire ou usage excessif du pouvoir de coercition de la Gendarmerie. En clair, on devra savoir qui a tiré et pourquoi ?

Sur  le délai, le maître des poursuites se l’est fixé lui-même. En conséquence, il devra s’y conformer.

Eh bien, tant pis s’il reste encore des zones d’ombre. Nous pensons que le Procureur  ou quelqu’un qu’il aura désigné, a l’obligation de se prononcer encore une fois, et publiquement, sur l’enquête dont l’obligation justement est de désigner des coupables et de procéder à leur arrestation après que les preuves les concernant ont été collectées.

S’il le fait avec célérité, ce sera tout à son honneur. La vérité sera enfin connue et cela pourra aider à décanter une situation dont les conséquences sur le plan pédagogique sont déjà préoccupantes.

S’il ne le fait pas, il aura contribué à jeter de l’huile sur le feu. On parlera, encore, de promesses non-tenues, de volonté de dissimuler la vérité et surtout de protéger le ou les coupables dans un contexte où nombre de sénégalais indexent l’impunité qui règne s’agissant des bavures policières.

En faisant la promesse de boucler l’enquête la fin de cette semaine, le Procureur se retrouve astreint à une obligation de communiquer sur celle-ci.

Et il n’a rien d’extraordinaire à cela. Car, nul n’est au-dessus de la loi. Ni les citoyens, ni ceux qui sont chargés de sa protection. Bien sûr, les forces de défense et de sécurité ont, parfois, une tâche ingrate. Obligées d’intervenir, elles se retrouvent, souvent, dans le collimateur de la Justice. Ce vieux débat, d’ordre doctrinal, sur les conditions d’exercice de la force publique de coercition de l’Etat par les forces habilitées à cet effet, n’est manifestement pas tranché au Sénégal.

La condamnation du policier Sidy Mohamed Bougaleb pour la mort de Bassirou Faye en 2014 a été une première. Car, en 2001, aucun coupable n’a été désigné pour le meurtre de Balla Gaye.

Et c’est justement le règne de l’impunité en la matière qui doit être bannie.

Malheureusement pour le Procureur, il doit aussi chercher des coupables du côté des étudiants. Les 18 éléments des forces de l’ordre blessés, les bâtiments et autres édifices publics saccagés ne peuvent pas être ignorés. Les coupables pourraient, aussi, être arrêtés et traduits en justice.

Cependant, dans un contexte de tension grave au sein de nos universités publiques, la mise en cause d’étudiants pourrait être très mal perçue et envenimer la situation.

Pourtant, les gendarmes ne peuvent pas comprendre devoir être les seuls à payer. C’est dire qu’il faudrait que l’enquête soit menée des deux côtés pour situer les responsabilités et punir les coupables.

C’est pourquoi, le Procureur est assis sur des braises. Il a déjà promis, il devra aller jusqu’au bout en incriminant ses propres éléments et en touchant à des étudiants qui vont prendre son attitude comme une provocation.

C’est là où justement sa hiérarchie pourrait intervenir. Si le Ministère de la Justice et la Présidence redoutent comme nous le pensons les répercussions sociales et politiques d’une enquête rigoureusement menée, alors elles peuvent ordonner à Ndoye à revoir sa copie.

Tout pour dire que cette enquête est d’une sensibilité extrême et que la tâche sera loin d’être aisée pour le Procureur Ibrahima Ndoye.

Rewmi Quotidien
Mardi 22 Mai 2018




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