Présumés liens avec les auteurs des attentats de Grand Bassam : les accusés Sina Ould Sidi Ahmed et Boubacar Niangadou risquent 7 ans de prison ferme.


Ils risquent 7 ans de prison ferme, si le juge de la Chambre criminelle de Dakar suit le réquisitoire du procureur. En effet, les accusés Sina Ould Sidi Ahmed et Boubacar Niangadou ont comparu ce lundi 22 mars 2021 devant la barre pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, financement du terrorisme en bande organisée et appui à un groupe ou membre d'un groupe en vue de sa participation à la commission d'un acte terroriste et blanchiment de capitaux.


Les faits remontent à février 2017. L’accusé Sina Ould Sidy Mouhamed né en 1974 à Tombouctou au Mali, interrogé sur des condamnations antérieures, répond n’avoir jamais été condamné, ni poursuivi dans sa vie. « Je suis un citoyen qui aime son pays, le Mali », a-t-il déclaré devant le prétoire. À cet effet, il a dénoncé le fait qu’on veuille le mêler aux attaques de Grand Bassam en Côte d'Ivoire alors qu’il ne connaît même pas ce pays. Il est marié et père de 4 enfants. 

Inculpé pour association de malfaiteurs, financement du terrorisme en bande organisée et appui à un groupe ou membre d'un groupe en vue de sa participation à la commission d'un acte terroriste et blanchiment de capitaux, l’accusé Sina Ould Sidi Ahmed n’a pas reconnu les faits. Il persiste et signe qu’il n’est pas ce genre de personne. « Je ne suis associé à aucune personne et je ne suis pas un malfaiteur. C'est un matin qu'on m'a arrêté et ils m'ont demandé qui est Souleymane. Je leur ai dit que je ne connaissais pas une personne de ce nom. C'est un Nabil que je connais et il est d'origine libyenne, mais il réside au Maroc. Je l'ai connu par le biais d'un ami décédé », a-t-il dit, avant de faire savoir que Nabil a quitté le Maroc pour rallier le Sénégal par la route avec son propre véhicule. « J'avais fait une réservation pour lui à l'hôtel Radisson à ses propres frais, mais il a estimé que c’était cher. C’est par la suite que j'ai appelé Boubacar Sylla qui lui a cherché un appartement. Il avait payé 1 mois, mais finalement, il n'est resté que 10 jours vu qu'il n'avait qu'un visa de 15 jours », raconte l’accusé. Le juge Maguette Diop répliquera en ces termes : « il me semble que Boubacar Sylla a pris la fuite ».  

Pour Boubacar Niangadou, Sina Ould Sidi Ahmed déclare qu’il l’a rencontré le 23 janvier 2017 et qu’il a été dans son bureau pour prendre une somme de 57 millions de Francs CFA. « Je ne l'ai jamais rencontré et je ne suis jamais allé chez lui. Cet argent m'a été envoyé par Mouhamed Ould Ahmed. Et il m'avait dit de remettre 54 millions à Boubacar Sylla et 3 autres millions pour qu'il achète une voiture. Je n'ai jamais connu Moustapha Diatta (jugé lors du procès Imam Ndao et Cie) et je ne l'ai jamais vu. Je ne suis pas impliqué dans l'attentat du Grand Bassam. J'ai vu ça dans la presse. Je n'ai qu'une fréquentation et c'est l'architecte Mouhamed Sylla, un homme responsable », a-t-il fait savoir.

Accusé d’avoir utilisé une fausse identité, le Sieur Ahmad précise que c’est Sina Ould Sidi Ahmed qui est mentionné sur ses papiers à savoir son passeport, sa pièce d'identité et son permis de conduire Malien.

Concernant les documents trouvés dans sa maison par les éléments de la délégation de renseignement national, il soutient mordicus que ces derniers n’ont trouvé qu’une décharge de 57 millions. Devant la barre, le juge lui a montré une photo prise à Tombouctou lorsqu’il était avec des terroristes. Il répond que cette photo est prise au niveau d'une mosquée occupée par des terroristes. « J'y étais pour un Ziarra ». Toutefois, il souligne que Tombouctou est une cité religieuse, une ville sainte. « Je me rendais là-bas avant les casses à chaque vendredi. À part Tombouctou, j'ai été à Niamey, à Ouaga et au Niger », s’est-il défendu.

Et lorsqu’on lui pose la question de savoir, est-ce qu’il savait ce qui se passe dans ces villes ainsi que les ramifications à Tombouctou. L’accusé explique avoir lui-même financé son voyage. Des allégations différentes de sa déclaration devant le juge d'instruction où il avait soutenu avoir reçu 28 millions 250 mille de la part de deux partenaires différents pour financement.

Prenant la parole, Me Ousseynou Ngom avocat de la défense de Sidy, sur les mausolées qui ont été détruits à Tombouctou, il signale que ces endroits sont des lieux où on peut se recueillir de la même façon que des gens croient à Cheikh Ahmadou Bamba.

De nationalité malienne, l’autre accusé Boubacar Niangadou, commerçant de son état a catégoriquement nié les faits qui lui sont reprochés. Domicilié à la cité Asecna avec sa famille, le Sieur Niangadou détenait de faux documents du nom de Boubacar Niang. En donnant des explications sur ces faits qui lui sont reprochés, il déclare avoir ignoré que c'était un faux document. Il souligne que la personne à qui il a demandé de lui faire un document de nationalité sénégalaise lui a fait savoir que le nom de Niang et celui de Niangadou sont pareils. Et, c’est à partir de ce document, dit-il, qu’il a réussi à confectionner une carte d'identité nationale Sénégalaise.

Revenant sur sa relation avec l’accusé Ahmad, Boubacar Niangadou a fait savoir que c’est le nommé Mamadou Bocoum, commerçant à Bamako qui lui a mis en rapport avec Sina. « Je me rappelle lui avoir donné le montant de 27 millions et un chèque de 20 millions. Les 10 millions de nos francs, je les avais gardés. Je lui ai demandé de ne pas aller à la banque pour les retirer. C’est le lendemain qu’il est revenu pour récupérer le chèque et je lui ai donné 20 millions. A chaque fois, il me faisait une décharge.

Boubacar Niangadou de signifier que les 10 millions de francs CFA qui restaient, il les avait remis au chauffeur de taxi. En ce qui concerne la deuxième transaction, Sina lui a dit qu’il avait une somme d’argent qui devait quitter le Maroc et Niangadou l'a mis en rapport avec un certain Abba.

L’accusé Boubacar Niangadou détenait 16 comptes bancaires.

Concernant l’objet de ses nombreux comptes bancaires, Boubacar Niangadou a avoué devant la barre avoir ouvert 16 comptes bancaires, dont certains au nom de ses enfants mineurs. Seulement, il a fait savoir que c’est son gestionnaire de compte qui lui avait conseillé de préparer l’avenir de ses enfants. Toutefois, il a souligné que les comptes sont des comptes d’épargne et sont alimentés par lui-même par exemple sur le compte de son fils Assana, il y verse 100 mille francs de nos francs chaque mois.  Il a des comptes à la Bicis, à la Sgbs, à la CBAO, à l’Ecobank, à la banque atlantique, à Diamond Bank, mais par là, il informe que ses comptes, domiciliés à Ecobank et à la SGBS, ont été clôturés. Pour ces biens immobiliers, il déclare qu’il a fait un prêt de 100 millions de francs pour construire sa maison à Liberté 6 et à chaque mois, il remboursait à la banque 4 millions 832 mille francs CFA sur une période de 24 mois.

 

Le représentant du ministère public a fait savoir lors de son réquisitoire que les accusés ont été interpellés grâce à la délégation du renseignement national. Grâce à ce service, des appels entre Sidi Ahmad et des personnes en relation avec des entreprises terroristes ont été interceptés. Après une perquisition, les éléments de cette organisation ont découvert des documents. L'exploitation de ces derniers a permis de montrer que l'accusé Sina Ould Sidi Ahmed a été en contact avec d'autres personnes condamnées pour apologie du terrorisme. Selon le parquet, le délit de blanchiment de capitaux est établi lorsque les fonds provenaient d'un crime ou d'un délit. Dans ce sens, l'accusé Boubacar Niangadou a créé des transferts d'argent sur la base de pièces fausses sur lesquelles il est mentionné qu'il est né à Mbacké alors qu'il né au Mali.

De même que pour l'accusé Sina Ould Sidi Ahmed, qui pour le maître des poursuites, a loué un magasin à 1, 2 millions de nos francs par mois soit une somme de 14 millions par an. Ce qui a suscité un doute sur l'origine de son argent, car le procureur signifie que le Sieur Ahmed n'exerce aucune activité pour générer autant d’argent.

À la fin de son réquisitoire, le parquet a sollicité la disqualification des faits d'association de malfaiteurs et du financement du terrorisme. Cependant, il requiert le maintien du blanchiment du capital et de l'apologie du terrorisme. Sur ce, le ministère public a requis la culpabilité des accusés et 7 ans d'emprisonnement ferme à l'encontre de tous les 2 accusés.

La défense, quant à elle, a plaidé l’acquittement des accusés. La défense de Boubacar Niangadou a souligné que concernant le financement du terrorisme le seul élément matériel, c’est l’acte de gestion et le seul fait de recevoir de l’argent d’autrui ne signifie guère qu’on finance le terrorisme.

Concernant l’association de malfaiteurs, l’avocat souligne que ce délit ne peut pas prospérer vu que les deux accusés ne se connaissent même pas.

L’affaire est mise en délibéré pour jugement qui sera rendu le 29 avril prochain. 
Mardi 23 Mars 2021




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