Présidence tournante de l’Union Africaine : Que retenir des six premiers mois de Macky Sall ?

C’est le samedi 05 février 2022 que le président sénégalais Macky Sall a débuté son mandat à la tête de l’Union africaine en succession à Félix Tshisekedi. Une présidence qui est intervenue dans un contexte particulier, marqué par des questions sécuritaires et une succession de coups d’État en Afrique de l’Ouest.


Le 05 février 2022, alors qu’il s’exprimait pour la première fois en tant que Président en exercice de l’Union Africaine, le Président Macky Sall s’engageait à poursuivre le plaidoyer pour une économie africaine juste et équitable. À cet effet, il s’était notamment prononcé sur la réallocation des Droits de Tirage Spéciaux (appelées DTS) en faveur des pays africains.

Un engagement qu’il a tenu, jeudi 09 juin dernier, face aux dirigeants de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Prenant part au Dialogue avec l’Afrique de la réunion dudit Conseil, le Chef de l’État, Macky Sall,  a fait savoir que sur les questions conjoncturelles, l’Afrique plaide pour la réallocation partielle des DTS.

En août 2021, le conseil des gouverneurs du Fonds monétaire international a approuvé une émission historique de 650 milliards de dollars en DTS. Cela, indiquait l’institution financière, en vue d’accroître les liquidités dans le monde.

Pour sa part, l’Afrique avait reçu son quota de 33 milliards de dollars, soit 5% du montant global.  Ce qui, d’après le Président Macky Sall, constitue un acquis considérable, mais qui mérite d’être consolidé, au regard de l’impact profond de la crise de Covid-19 et des conséquences accrues de la guerre en Ukraine qui continue de faire rage. Malgré le peu de progrès dans la réallocation et dans la mise en œuvre de l’Initiative du G20 sur la suspension du service de la dette, le Président Macky Sall salue toutefois le soutien des pays et institutions partenaires qui ont rendu possible ce tirage.

Du haut de la tribune de l’UA, le Président Macky Sall avait signalé que d’ici 2025, l’Afrique a besoin d’un financement additionnel d’au moins 252 milliards de dollars pour contenir le choc (de la pandémie) et amorcer sa relance économique. Un besoin en liquide que les effets de la guerre en Ukraine rendent davantage pressant.
 
Macky, à l’assaut de la libération des stocks de céréales.

Le président en exercice de l’Union Africaine veut plaider la cause de tout un continent. Macky Sall rendant visite au président Russe, Vladimir Poutine le  vendredi 3 juin dernier, s’était dit rassuré, après sa rencontre avec Poutine. Président en exercice de l'Union africaine, il était venu faire part au maître du Kremlin de ses craintes d'une crise alimentaire en Afrique, provoquée par l'offensive russe en Ukraine. "Nous sortons d'ici très rassurés et très heureux de nos échanges", avait déclaré Macky Sall face aux journalistes à l'issue d'un entretien de trois heures à Sotchi, dans le sud de la Russie. Macky Sall avait même estimé le président russe "engagé et conscient que la crise et les sanctions créent de sérieux problèmes aux économies faibles, comme les économies africaines".
 
Le président Macky Sall pourra même, quelques semaines après, se réjouir de la déclaration du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres qui avait indiqué, le 13 juillet dernier, que les négociations tenues à Istanbul entre l’Ukraine et la Russie sur la libération des céréales bloquées sur le sol ukrainien et pour faciliter l’exportation de grains et engrais russes étaient une « lueur d’espoir » pour le monde.
 
Macky Sall avait lui-même, félicité les présidents Erdogan, Poutine et Zelensky ainsi que le secrétaire général de l’Onu pour la signature le 22 juillet 2022 à Istanbul, des accords sur l’exportation des céréales et des produits agricoles. C’était l’objectif de la mission que j’avais conduite à Sotchi le 3 juin dernier. » Cette expression vient effectivement du président en exercice de l’Union Africaine, Macky Sall.
 
L’intégration de l’Union africaine au G20 qui profiterait au monde entier.

Le G20 est le principal mécanisme de gouvernance multilatérale collaborative de l’économie mondiale. Ses objectifs généraux sont notamment la coordination des politiques afin de parvenir à une stabilité économique et à une croissance durable, de réduire les risques et de prévenir les crises, ainsi que de moderniser l’architecture financière internationale.

Par la création du G20 en 1999, les pays du G7 reconnaissaient, à la suite des crises financières des marchés émergents des années 1990, qu’une participation insuffisante des pays en développement aux délibérations concernant les problèmes économiques mondiaux augmentait les risques liés à la stabilité financière globale.

La composition du G20 se veut large et représentative, mais de taille gérable. Composés de 19 pays plus l’Union européenne (UE), les membres du G20 représentent environ 80 % du PIB mondial, 75 % du commerce mondial et plus de 60 % de la population mondiale. Comme l’UE compte 27 États membres parmi lesquels la France, l’Allemagne et l’Italie sont également membres du G20 à titre individuel –, ce dernier représente effectivement 43 pays, soit plus d’un cinquième des membres des Nations Unies.
Etant donné que le continent contribue pour moitié à l’accroissement de la main-d’œuvre mondiale et pour un quart à celui de la population mondiale au cours des prochaines décennies, le président Macky Sall pense que « la faible représentation de l’Afrique dans cette instance peut affaiblir la crédibilité, l’attraction et la représentativité du G20 ».

L’Union Africaine pourrait être représentée par son président en exercice et par le président de la Commission de l’UA. Leurs mandats seraient guidés par les conférences annuelles des chefs d’Etat et de gouvernement africains.
 
Mali, Tchad et le Gabon : Les pas vers la paix et la sécurité

Le président en exercice de l'Union africaine, Macky Sall, a été accueilli à l'aéroport international Modibo Keïta Bamako-Senou le 14 août dernier par le Colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne.

 
Le président Macky Sall y est allé pour une visite d’amitié et de travail, indique-t-on de source officielle. « Je porte un message de paix, de bon voisinage et un message de l’Afrique aux côtés du pays frère, le Mali. Comme vous le savez, le Mali est un pays très important pour l’Afrique. C’est en réalité un pays pivot. Un pays très lié au Sénégal par sa géographie, son histoire », avait souligné le président Macky Sall qui aura eu un entretien avec le chef de la transition. Macky Sall président en exercice de l'Union africaine a déclaré être porteur d’un message d'amitié, de bon voisinage, un message de l'Afrique auprès du peuple malien.

À Ndjamena ensuite à Libreville, le président Macky Sall a particulièrement évoqué les rapports bilatéraux et les enjeux sécuritaires avec les deux présidents Idriss Deby Itno et Ali Bongo.
 
 « L’urgence pour nous, c’est de sortir tous les citoyens sénégalais de l’obscurité. Et cela est valable pour tous les pays africains… Il nous faut aussi assurer la souveraineté et la rentabilité… »

Un des défis majeurs aussi, pour le président Macky Sall, c’est d’assurer une exploitation équitable et apaisée des gisements transfrontaliers. 

Naturellement, les défis à relever pour une meilleure exploitation pétrolière et gazière ont été au cœur de cette rencontre, dont la cérémonie d’ouverture a été présidée par le Président Macky Sall. Pour le chef de l’État, cette problématique englobe et dépasse la seule question du financement et met les pays en face de plusieurs défis. Le premier est lié aux conditions et modalités d’exploration et d’exploitation des ressources. De l’exploration aux premiers barils de pétrole ou mètres cubes de gaz, les efforts d’investissement et de recherche sont énormes, coûteux et complexes, avec des risques tout aussi réels de ne rien trouver après », selon le président Macky Sall qui considère, à l’occasion de la conférence sur l’avenir du pétrole, du gaz et des investissements au Sénégal, que « nos experts doivent être bien formés pour notamment bien protéger les intérêts des pays africains. 

Il s’agira aussi, pour le président Macky Sall, pour les pays, d’attirer des partenaires financièrement et techniquement fiables, sur la base d’une législation claire, qui sécurise l’investisseur et protège les intérêts des pays. «J’ai pour ambition de faire en sorte qu’à l’échelle de l’Union africaine, nous puissions avoir une législation harmonisée, aussi bien dans le domaine pétrolier que dans le domaine minier, afin d’éviter la compétition ruineuse entre pays pour tenter d’attirer simplement les investisseurs », a plaidé le Président Sall. 

Sur l’exploitation elle-même, dira M. Sall, «il nous appartient, en tant que pays, de faire les efforts nécessaires pour une participation dans l’actionnariat du business pétrolier et gazier pour en tirer le meilleur parti, au lieu de nous contenter de royalties. » Le deuxième défi porte sur la formation de ressources hu­maines qualifiées. Les mé­tiers du pétrole et du gaz étant multiples et aussi complexes les uns que les autres, si bien que l’expertise en la matière est fort diverse.

« Du sondage à l’interprétation des données, de l’évaluation au forage, en passant par le raffinage et la commercialisation des produits, pour ne citer que quelques aspects, il n’y a pas un seul expert qui maîtrise toute la chaîne de valeurs gazières et pétrolières», indique le chef de l’État, qui invite à la sérénité et la modestie dans l’approche des problématiques aussi complexes que l’exploration et l’exploitation du gaz et du pétrole. Pour défendre les intérêts des pays africains dans ce domaine, ajouta-t-il, «il nous faut former des ressources humaines de qualité à tous les niveaux: du soudeur à l’ingénieur, du courtier au jurisconsulte spécialiste des contrats pétroliers et gaziers… Ainsi, ceux qui connaissent pourront parler et agir, chacun dans son domaine de compétence. Et c’est l’objet de l’Institut national du pétrole et du gaz (Inpg), que j’ai créé pour former une masse critique de ressources humaines diversifiées, aptes à prendre en charge les enjeux liés à l’industrie pétrolière et gazière », indique le président de la République.

Bref, les vrais défis pour le président Macky Sall, c’est d’assurer les meilleures conditions d’exploitation des ressources...
Samedi 3 Septembre 2022




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