Olusegun Obasanjo, un militaire aux méthodes très civiles


Olusegun Obasanjo, un militaire aux méthodes très civiles

Les citoyens sénégalais fondent leurs espoirs sur la mission d’Olusegun Obasanjo, un général à la retraite, venu d’un pays connu pour ses coups d’Etat sanglants, pour sortir de la crise politique née de la controverse sur la candidature d’Abdoulaye Wade à la présidentielle de dimanche.

Olusegun Obasanjo cristallise les rêves de sortie crise dans un pays considéré naguère comme un exemple de démocratie.

L’ancien chef de l’Etat nigérian, arrivé à Dakar en tant qu’observateur de l’élection présidentielle, a bien compris les attentes, en décidant de se muer en pacificateur pour le personnel politique local engagé dans un bras de fer dont les citoyens sont loin de voir le bout du tunnel.

Ont-ils le choix face aux violences avec leur lot de morts ? Même si la dernière tentative de conciliation de l’ancien président nigérian en Côte d’Ivoire entre les Alassane Ouattara et Laurent Ggabgo s’était soldée par un échec, le rêve fait vivre.

Mais comment ne pas se nourrir d’espoir face à un homme plus connu par ses années passées à la tête du géant de l’Afrique que par ses faits d’armes.

Obasanjo a été obligé d’embrasser une carrière militaire, parce que ne pouvant pas payer ses études. Il a marqué l’histoire de son passage en obtenant la reddition des forces sécessionnistes du Biafra en 1970.

Arrivé en 1975 au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat contre le Général Murtala Mohammed assassiné, il a marqué les esprits en décidant de remettre le pouvoir aux civils dans un continent où les officiers avaient d’autres habitudes avec le pouvoir.

En juillet-août 1979, Obasanjo organise une élection présidentielle gagnée Shehu Shagari, un musulman du nord de l’Etat fédéral.

Son retrait de la vie politique lui permit de passer du temps comme enseignant à l’université d’Ibadan. Il est en même temps sollcité par les Nations unies dans plusieurs missions.

Son opposition au Général Sani Abacha, qui instaure un pouvoir militaire autoritaire en 1993 renforce sa dimension nationale et internationale.

Il été emprisonné par ce dernier en mars 1995 pour une prétendue tentative de coup d’État. Obasanjo a été libéré par le président par intérim Abdulsalam Abubakar à la mort d’Abacha en juin 1998.

Ce parcours dans la vie civile lui ouvre les rangs du Parti démocratique du peuple (PDP). La transition démocratique engagée par le président Abdusalami conforte les positions de sa formation politique qui remporte les élections municipales, régionales puis législatives.

Le 27 février 1999, Obasanjo remporte l’élection présidentielle et réussit relativement à faire baisser la corruption dans ce géant démographique et qui est aussi une puissance économique avec ses immenses ressources pétrolières et gazières.

Elu une première fois, il a été réélu une seconde fois. Une modification constitutionnelle avait été présentée sans qu’Obasanjo ne donne des informations claires sur sa volonté ou non de briguer un troisième mandat ainsi que sur son soutien à cette modification.

Cette modification a été rejetée par les deux chambres sous la pression de la communauté internationale.

En dépit des troubles qui avaient commencé à secouer le Nord du Nigeria où plusieurs Etats instaurent des Constitutions calquées sur la Charia, il a été contraint, avec ce vote des deux chambres, de quitter le pouvoir politique. En mai 2007, son dauphin Umaru Yar’Adua gagne les élections malgré de fortes contestations.

A partir de ce moment, sa vie se résume à des missions de bons offices. En 2008, il est nommé envoyé spécial de l’ONU en charge de la crise congolaise entre les troupes gouvernementales de Joseph Kabila et la milice dirigée par Laurent Nkunda.

C’est dans cette même perspective qu’Obasanjo, qui aura 75 ans le 5 mars prochain, conduit à Dakar une mission conjointe UA-CEDEAO ’’d’observation et de prévention’’ de l’élection présidentielle sénégalaise.
APS

Mercredi 22 Février 2012




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