Mbour : "Lendemain du décès de Issa Kadam, 17 ans, poignardé par un parent proche : la douleur d’une famille et la peur d’un quartier"


L’ambiance est pesante, le silence lourd, et les pleurs incessants. Le quartier Zone Sonatel s’est réveillé dans le deuil après la mort tragique de Issa Kadam, âgé de seulement 17 ans, sauvagement poignardé par un proche, identifié sous les initiales S.C., issu de sa propre famille. L’émotion est vive, la douleur, indescriptible.
 
La rédaction de Dakaractu Mbour s’est rendue sur les lieux au lendemain du drame, pour recueillir les témoignages d’une famille effondrée, mais aussi d’un quartier traumatisé. La maison des Kadam est en deuil. Les proches, les voisins, et même de simples passants défilent pour apporter leur soutien à une mère qui n’arrive plus à retenir ses larmes et à un père malade, incapable de se lever.
 
Un fils devenu pilier du foyer
 
Issa Kadam, bien que très jeune, avait pris sur lui de porter les responsabilités de toute une maison. Avec un père gravement malade, il était devenu le seul soutien du foyer. Tous les matins, il prenait la mer pour pêcher, bravant les risques et les difficultés, afin d’apporter de quoi nourrir sa famille. "C’est lui qui faisait vivre la maison", confie un voisin, le regard sombre.
 
Sa mère, Fatou Sène, originaire de Louly, est inconsolable. Elle raconte, dans un souffle brisé, avoir senti un changement profond chez son fils ces deux derniers mois. "Il n’était plus comme avant. Il avait perdu quelque chose dans le regard. Je priais… Mais j’avais peur. Mon cœur savait", dit-elle, la voix entrecoupée par les sanglots.
 
Un crime familial, une communauté sous le choc
 
Ce qui bouleverse encore davantage, c’est que le meurtrier présumé, S.C., est un membre de la même famille. Un lien de sang qui rend le drame encore plus insoutenable. L’arme du crime ? Un couteau utilisé après une dispute qui a dégénéré lors d’un simple match de football entre jeunes du quartier.
 
L’émotion est vive. Comment un conflit aussi banal a-t-il pu briser une vie, une famille, et plonger tout un quartier dans la peur ?
 
Un besoin criant de sécurité et de présence policière
 
Ce drame relance un débat urgent sur la sécurité dans les quartiers périphériques de Mbour, notamment Zone Sonatel, Oncad, Espagne et d'autres secteurs enclavés. De nombreux habitants ont exprimé, au micro de Dakaractu Mbour, leur inquiétude face à l’insécurité croissante : agressions à l’arme blanche, règlements de compte entre jeunes, vols à main armée, trafic de drogue.
 
"Il est temps que l'État nous écoute", déclare un habitant. "On ne peut pas continuer à vivre dans des quartiers où il n’y a ni poste de police, ni patrouille, ni régulation des activités nocturnes." Pour beaucoup, la présence de postes de police de proximité dans ces zones devenues sensibles est devenue une urgence absolue.
 
Une jeunesse abandonnée, une communauté endeuillée
 
La mort de Issa Kadam révèle un problème plus profond : celui d’une jeunesse livrée à elle-même, sans repères solides, exposée à la violence et à la délinquance. Le quartier de Zone Sonatel pleure un jeune plein de vie, un travailleur, un fils respectueux, et un pêcheur qui, à 17 ans, avait tout misé sur la mer pour sortir sa famille de la précarité.
 
Le drame appelle à une mobilisation collective, à une introspection sur la gestion des conflits entre jeunes, et surtout, à une réaction forte des autorités pour sécuriser des zones de plus en plus fragiles.
Lundi 19 Mai 2025
Aliou Ba



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