Mali – France : la déclaration de Choguel Maïga annonce-t-elle le début des retrouvailles ?


« C’est difficile de prophétiser ce dont l’avenir sera fait. Mais pour ce qui concerne la relation entre le Mali et la France, un basculement en faveur de Wagner et de la Russie aliénerait le soutien français de manière relativement durable. Pas forcément de manière irréversible. On peut d’ici un an, deux ans, trois ans s’attendre à ce que les choses se reconnectent mais à court ou moyen terme, il y aura un froid durable », répondait il y a moins de 24 heures, l’enseignant chercheur à l’Université de Kent, Yvan Guichaoua à une question de Dakaractu sur les conséquences de la brouille à long terme.

Mais au regard de la dernière sortie médiatique du Premier ministre de la transition, l’on est tenté de se demander si les retrouvailles entre la France et le Mali n’interviendront pas un peu plutôt. Dans un entretien avec TV5 Monde, Choguel Maïga considère les tensions actuelles comme « des scènes de ménage » d’un « vieux couple » que constituent le Mali et la France. « Mais je ne crois pas que ça va aboutir au divorce », rassure le chef du gouvernement de la transition. « Pour l’instant, les uns sont énervés, ils disent beaucoup de choses sur le coup de l’énervement ; il y a beaucoup de perte de sang-froid », reconnaît Choguel Maïga qui nie l’existence d’un sentiment anti-français au Mali. Cette déclaration pourrait calmer les choses si et seulement si la partie française adopte la même attitude.

Emmanuel Macron saura-t-il décoder le message envoyé par Choguel Maïga ? Le président français s’est montré très peu diplomatique dans la communication vis-à-vis de la transition malienne qu'il a qualifiée d'illégitime. Mais la configuration actuelle des alliances au Sahel peut décider le président français à ranger la hache de guerre. 

Le rapprochement entre le Mali et l’Algérie pourrait peser sur la balance de la « normalisation » des relations entre ces deux pays. Suite à ces propos sur l’histoire d’Algérie construite selon lui sur la haine de la France, Emmanuel Macron a provoqué l’ire d'Alger qui, en plus de convoquer le chef de la représentation algérienne à Paris, a fermé leur espace aérien à l’opération Barkhane. Des décisions qui ne seront pas sans conséquences sur la stratégie des forces françaises dans leur lutte contre les organisations terroristes au Sahel. Emmanuel Macron ne l’ignore pas. Ça expliquerait son changement de ton à l’égard de l’Algérie dont les actes montrent une insensibilité à toute initiative visant à apaiser la tension. Ce qui fait que la France se trouve entre deux « feux » dans l'espace sahélo-saharien même si l'Hexagone compte sur d'autres alliés locaux pour conforter sa présence. 
Vendredi 8 Octobre 2021




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