INTERVIEW / Nick Elebe, Société civile congolaise : « La RDC doit repenser son modèle démocratique… mon avis sur la tentative de coup d’État … »

Le communiqué du porte-parole de l’armée ainsi que les messages émanant du gouvernement évoquent un coup d’Etat ce dimanche matin à Kinshasa, dans le quartier central de la Gombe. Une tentative de coup de force annoncée mais, qui fait également cogiter selon certains acteurs de la société civile congolaise. C’est le cas notamment de Nick Elebe, juriste originaire de la république démocratique du Congo.

Dans cette interview qu’il a accordée à Dakaractu, le membre de la société civile congolaise nous livre le fond de sa pensée après cette peur qui a traversé le pays en cette fin de week-end.


C’est une évocation qui intervient très vite car les enquêtes poussées ne sont pas encore effectuées. Même n’étant pas dans le secret de Dieu pour savoir exactement sur quoi ceux qui avancent la théorie de coup dÉtat se fondent, en tant qu’observateur et analyste, Nick Elebe se pose un certain nombre de questions sur les motivations réelles des assaillants, la portée de leur action et son impact. En effet, Christian Malanga, congolais vivant aux USA, a plaidé depuis de nombreuses années pour le retour du Zaïre tout en réfutant la République démocratique du Congo (RDC). Pour lui, la République démocratique du Congo a contribué à faire perdre au pays sa dignité et sa grandeur. C’est ainsi qu’il a initié le « Zaïre Ya Sika ». Une occasion également de faire adhérer la jeunesse du Congo en vue d’une éducation de qualité et de propulser le Nouveau-Zaire en une nation développée. Nick Elebe a souvent constaté que Christian Malanga organisait à travers de plateformes, des réunions avec notamment des membres des anciennes forces armées zaïroises. Plusieurs interventions peuvent être notées sur l’évolution de celui qui s'est toujours présenté comme leader du mouvement appelé « Nouveau Zaïre ». Très virulent contre l’ancien président Kabila, Christian Malanga ne laisse pas également, l’actuel président Félix Tshisekedi dérouler. En consultant plusieurs vidéo, on fait état de quelques armes en sa possession en se présentant souvent en tenue militaire avec des personnes qui, à priori, seraient dans des formations paramilitaires aux États Unis. 
 
Des failles sécuritaires inquiétantes 
 
Compte tenu de ce qui s’est passé ce dimanche, il y’a lieu de se demander concrètement, ce qui s’est passé, selon le membre de la société civile congolaise. La situation selon Elebe, reste assez confuse. En effet, parlant de coup d’État, on fait allusion à une personne qui réuni une trentaine voire cinquantaine de personnes. « Certains sont venus de la diaspora, d’autres occidentaux notamment de nationalité américaine ( il faut rappeler que l’on a trouvé ces personnes parmi les assaillants), mais aussi un passeport canadien a été trouvé sur l’un d’entre eux (parmi les corps d’élite). Certains de ces assaillants seraient recrutés au Congo-centre selon le temoignage d'un des assaillants dans une video qui a circulé sur les reseaux". Ces groupes se seraient présentés chez le l’ancien vice-premier ministre,ministre de l'economie Vital Kamerhe et qui est par ailleurs, candidat à la présidence de l’assemblée nationale. Ce qui a provoqué la mort de deux gardes et un des assaillants », a rappelé l’écrivain congolais qui, analysant les choses de façon froide, constate qu’il s’agit « d’un groupe sans projet, sans stratégie et sans objectifs précis ». Pourquoi aller chez l’ancien premier ministre en charge de l’économie ? S’agit t-il d’une tentative d’effrayer ? Le groupe s’est-il fait plaisir d’essayer pour graduellement, atteindre le pouvoir ? Toutes ces questions interpellent sur les réelles motivations, précise Nick Elebe des demandant parallèlement, « Qui joue à un faux jeu? 
 
Toutefois, ces faits révèlent certaines failles dans le dispositif sécuritaire parce que « ce sont des individus armés, qui sont entrés sur le sol congolais apparemment de manière légale, avec des tenues militaires, bien approvisionnés en armes et qui ont pu accéder à un quartier qui est censé être un endroit stratégique » regrette -il en insistant sur le fait que cette situation soit assez inquiétante à ce niveau et suscite des questionnements quant à la sécurité dans le pays. Il faut s’interroger sur l’origine de ces failles notamment, sécuritaires. « C’est évidemment à ce niveau qu’il faut bien creuser », a t-il ajouté à ce sujet. 
 
Il faut rapidement mettre en place un gouvernement et se mettre au travail 
 
Les élections précédentes ont certes permis d’avoir un président. C’est une victoire qui n’est pas contestable. Mais, acquise à travers un processus électoral questionnable, d’après notre interlocuteur. 
 
L’élection présidentielle s’est déroulée en même temps que celle législative nationale, locale. Des élections qui se sont déroulées avec les mêmes bulletins de vote, les mêmes machines et donc, il est posé la question de la crédibilité du processus. « Nous avons observé plusieurs violations de la loi électorale, la crédibilité du fichier électoral aussi, était posée, problématique sur l’affichage des listes de vote, par rapport à la cartographie électorale qui n’est pas partagée à temps, la durée de l’élection qui a été prolongée durant toute une semaine dans certaines circonscriptions. Bref, une élection qui s’est tenue dans le temps sans des consensus sur les préalables. Des fraudes et irrégularités ont été largement observées », a estimé Nick Elebe. 
 
Ce qui peut être constaté selon ce dernier, c’est que le contexte dans lequel le processus électoral s’est déroulé, les bagarres et malentendus au niveau de la majorité pour notamment l’installation des institutions ( une Assemblée nationale qui n’est pas encore installée, les longues tergiversations pour avoir un gouvernement), fragilisent et exposent le pays à ce genre de velléités. Il est important donc pour le pays de repenser son modèle démocratique. Pour cela, il faut se remettre très rapidement au travail. « Nous constatons que le premier ministre Judith Siminwa, nommée le 1er avril dernier, peine à mettre en place un gouvernement, mais pire, l’équipe sortante continue à exercer les affaires courantes. Plusieurs ministres de ce gouvernement sont eux-mêmes député nationaux et pour certains, en même temps sénateurs. Ce qui pose un réel problème de fonctionnement des institutions », note t-il tout en restant convaincu que le pays ne doit pas perdre de temps. Il doit s’y mettre et ne pas favoriser le ralentissement sur le plan économique et social.
 
 
Lundi 20 Mai 2024
Dakaractu



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