INTERVIEW / Amadou Gaye (Président de la FNBS) : « Il n’est plus acceptable aujourd’hui de voir le pain distribué dans des conditions pas hygiéniques… »

Dans ce numéro de l’INTERVIEW, le président national des boulangers du Sénégal revient sur les remous notés ces derniers jours dans ce secteur avec la fermeture de certaines boulangeries dans la capitale Dakar. Amadou Gaye a invité les acteurs du secteur à respecter la réglementation en vigueur pour assainir le secteur de la boulangerie au grand bonheur de tous.


Président, qu’est-ce qui explique cette polémique notée ces derniers jours dans votre secteur d’activité ?

 

Écoutez, je pense qu’il faut qu’on comprenne qu’il y a une réglementation dans le secteur de la boulangerie et cette réglementation est voulue par les acteurs pour l’assainissement du secteur. Ce que le président de la République a compris en donnant des instructions au ministre du commerce Mme Aminata Assomme Diatta  qui, je peux vous le dire, est dans les dispositions pour régler définitivement le problème des acteurs qui dure depuis plus de dix ans.  Vu sa démarche, nous pouvons dire qu’elle est la meilleure ministre du commerce pour le secteur de la boulangerie. Car, non seulement elle est accessible, mais aussi, elle nous explique et tient également à ce que la règlementation passe. C’est pourquoi, elle a lancé une opération coup de poing pour démontrer sa volonté de régler le secteur afin que les boulangers qui ne respectent pas la réglementation soient mis à l’ordre. Certaines boulangeries ont même été fermées, parce qu’aujourd’hui la réglementation veut aussi protéger le consommateur  par rapport à la traçabilité et à l’hygiène du pain. Car il n’est plus acceptable aujourd’hui de voir le pain distribué dans des conditions pas hygiéniques surtout dans ce contexte de Covid-19.

 

Vous évoquez la réglementation du secteur, quels sont les différents points qui régissent cette réglementation ?

 

Les différents points de cette réglementation sont énumérés en différents chapitres. En premier chapitre on se demande qui est boulanger d’abord. Parce qu’avant, les gens ouvraient des boulangeries comme ils voulaient. Et maintenant pour ouvrir une boulangerie, il faut avoir une autorisation. Pour avoir cette autorisation il faut respecter la distanciation de 500 mètres. C’est-à-dire qu’à 500 mètres d’une boulangerie, personne ne peut y vendre du pain car il ne peut pas avoir un agrément dans ce sens. Et pour avoir cet agrément de pouvoir vendre du pain, il faut détenir un registre de commerce et le Ninea et il faut avoir un contrat  avec le boulanger qui produit ce pain. C’est ça la traçabilité et c’est très important. L’autre aspect très important dans la réglementation, c’est la production du pain. C’est-à-dire que dans une boulangerie pour produire du pain, il faut s’assurer de l’hygiène voire la sécurité alimentaire et du bon transport. Et pour vendre le pain aussi, il faut qu’il soit dans des points de vente aménagés et qui respectent la distance entre la boulangerie et le point de vente. Pour ceux qui veulent  vendre du pain, il faut détenir un agrément. Et l’autre chapitre de la réglementation, c’est la normalisation du pain avec la norme 00376. C’est une norme qui nous définit le pain, c’est-à-dire le poids et la longueur. Et maintenant on demande  aux boulangers de faire une déclaration, cela c’est pour protéger les employés.

 

Qu’est-ce qui est réservé aux récalcitrants, ceux qui ne respectent pas cette réglementation?

 

Je pense que le ministre est ferme dans cette optique. Il va fermer les boulangeries qui ne respectent pas la réglementation. Et ceux qui résistent peuvent avoir des sanctions pénales. Au moment où je vous parle, il y a même un boulanger qui est actuellement en garde à vue à la police, parce qu’il était en rébellion avec des agents déployés sur le terrain. C’est tout simplement pour dire que la loi est dure, mais elle reste toujours la loi. C’est pourquoi j'invite tous les boulangers à ne pas prêter le flanc. Qu'ils respectent les normes et la réglementation pour l’intérêt de tout le monde.

 

Président, vous aviez lancé tout récemment la plateforme Jayma Mburu. Quel bilan mis parcours tiré de cette plateforme après son lancement?  

 

On a presque fini. On a déjà fait notre séminaire pour enrôler les boulangers et on va même aller plus loin en mettant en place des baguettes boxes pour permettre aux sénégalais qui se lèvent tôt  de pouvoir avoir du pain à distance dès 6 heures du matin. Je peux vous assurer que bientôt le programme Jayma Mburu va commencer. Nous ne voudrions pas démarrer avec des couacs. C’est pourquoi le ministre du commerce a initié cette plateforme en impliquant les boulangers. Pour le moment on n’a pas officiellement lancé le programme mais on est en train de communiquer et de former les boulangers et c’est ce qui bloque. Pour les populations,  je pense qu’elles vont  acquérir davantage cette plateforme car il y aura une variété de produits 

qui sera mise en place avec cette plateforme.

 

Est-ce qu’une hausse sur le prix du pain est à l’ordre du jour présentement ?

 

Écoutez, nous avons discuté avec le ministre du commerce et elle nous a rassuré en disant qu’avant d’évoquer une hausse sur le prix du pain, il faut s’assurer de l’assainissement du secteur. Car même si on augmente les prix jusqu’à 200 francs alors que le secteur n’est pas assaini, nous aurons toujours les mêmes problèmes. Parce qu’il y aura une concurrence déloyale entre les acteurs. C’est pourquoi j’ose dire qu’on n’a plus peur de ce problème de prix. Si la règlementation est bien faite, les boulangers contribueront à l’essor économique de ce pays en donnant du pain accessible à un bon prix. Donc la stabilisation du prix dépendra du respect de la réglementation du secteur.

Vendredi 18 Septembre 2020




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