IBK : une présidence qui n’a pas stabilisé le Mali

Ibrahim Boubacar Keïta est mort ce dimanche 16 janvier à l’âge de 76 ans. Il a présidé aux destinées du Mali du 4 septembre 2013 au 18 août 2020.


 Homme politique qui a occupé les plus grandes fonctions dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, celui qu’on appelait par les initiales de son nom « IBK », est parti sans doute avec beaucoup de regrets.
 
Arrivé au pouvoir en 2013 suite à un coup d’État et à l’occupation d’une partie de son pays par des groupes armés rebelles et djihadistes, Ibrahim Boubacar Keïta était surtout attendu dans le chantier de la stabilisation du Mali. Un objectif que l’ancien Premier ministre de 1994 à 2000 n’a malheureusement pas atteint.
 
Les groupes djihadistes liés à Al Qaida n’ont pas été vaincus. Pis encore, sous son magistère, ces organisations ont essaimé sur le territoire malien et ont formé une coalition, le groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM) en mars 2017 sous la direction d’Iyad Ag Ghali, un ancien rebelle touareg devenu chef djihadiste. À côté du GSIM dont le champ d’action s’étend du nord au centre du Mali, évolue un nouveau groupe qui a vu le jour en 2015. Ancienne figure d’Almourabitoune, Adnan Abou Walid al-Sahraoui fait allégeance à l’État islamique et fait du nord-est malien, son fief. C’est donc dans un climat d’insécurité qu’Ibrahim Boubacar Keïta est réélu en 2018 devant son rival, Soumaïla Cissé à l’issue d’un second tour âprement disputé.
 
Ce nouveau mandat ne signera pas la fin de la « guérilla ». En 2019, la région des trois frontières est devenue l’épicentre de cette insurrection avec des attaques répétées contre les armées malienne, burkinabé et nigérienne. L’État Islamique au Grand Sahara est responsable de cette insécurité et met d’accord les États du G5 Sahel et la France sur le fait qu’il est devenu l’ennemi numéro 1 à combattre.
 
Les efforts de l’armée française combinés à ceux des forces de défense et de sécurité locales affaiblissent la force de frappe de cette organisation dont la folie barbare ne fait pas la part entre militaire et civil.
 
En 2020, les autorités maliennes organisent des législatives en dépit de la crise sanitaire due au Coronavirus. Malgré l’enlèvement du chef de l’opposition, Soumaïla Cissé en pleine campagne électorale dans le nord par le Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), le scrutin se tient comme prévu le 19 avril 2020. Naturellement, les résultats seront contestés par l’opposition et une partie de la société civile. Le climat socio-politique se dégrade.
 
Dans ce contexte, des organisations de la société civile sous la direction de l’Imam Dicko, l’ancien Président du Haut Conseil Islamique, décident d’en finir avec le pouvoir en place accusé de tous les péchés d’Israël. Parmi les courroux, la question sécuritaire occupe une place prépondérante.
 
De rassemblement en rassemblement, le mouvement du 5 juin voit le jour et met la pression sur Ibrahim Boubacar Keïta dont la légitimité continue de s’effriter comme beurre au soleil. Le navire tangue et un certain 18 août, des militaires décident de renverser le président. Le Conseil national du Salut Public (CNSP) constitué majoritairement d'officiers de l'armée malienne, annonce avoir destitué le chef de l’État et met en place une transition.
 
Placé en détention à Kati, il est poussé à la démission par les militaires, il est libéré un an plus tard par les putschistes. En résidence surveillée à Bamako, Ibrahim Boubacar Keïta est autorisé à quitter le pays pour se soigner aux Émirats Arabes Unis.
 
Loin des affaires, l’ancien président de l’Assemblée nationale (2002 à 2007) a certainement mal vécu la crise actuelle que traverse le Mali, née de la volonté de la junte de proroger la transition de 5 années. Ce qui a valu au Mali d’être durement sanctionné par les chefs d’État de la CEDEAO à l’issue de leur sommet du 9 janvier dernier, à Accra.
Dimanche 16 Janvier 2022
Dakar actu




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