Football - Ligue 1 : Un drame évité de justesse lors du match Ndiambour vs Jaraaf… La Ligue Pro impuissante ?


Certes, cela ne fait pas la Une des quotidiens sénégalais parus ce lundi 09 mai, mais les incidents qui se sont produits la veille, le dimanche, au stade de football Alboury Ndiaye de Louga, sont d’une extrême gravité. 

Lors de la 21ème journée de Ligue 1 qui opposait l’Asac Ndiambour au Jaraaf de Dakar, les pensionnaires du Jaraaf ont échappé de peu à un lynchage en public. 
Des faits répréhensibles qui font craindre un drame bis du stade Demba Diop qui avait occasionné 08 morts le 15 juillet 2017 lors de la finale de la coupe de la Ligue entre le stade de Mbour et l’Us Ouakam.

Pire, ce match a été émaillé par des pratiques mystiques d’un autre temps. Une très mauvaise image pour le football professionnel qui aspire justement à ce professionnalisme tant souhaité par Djibril Wade, le nouveau président de la Ligue Pro qui a un gros chantier devant lui…

Revenant aux incidents : nous jouons la 45ème minute de la premiere période, à quelques foulées de rejoindre les vestiaires, le Jaraaf bénéficie d’un corner frappé par Remy Bocandé. Le centre part, la défense adverse renvoie de la tête.

Positionné devant la surface de réparation, le capitaine du Jaraaf, Albert Lamane Diène reprend le cuir d’une frappe en demi-volée. 

Un tir dévié par un défenseur Ndiambourois qui semble toucher le ballon du bras, l’arbitre Babacar Faye n’hésite pas et siffle un penalty en faveur des visiteurs. Le buteur maison du Jaraaf, Bouly Junior Sambou, transforme et inscrit l’unique but du match (0-1.)

Un penalty qui provoque l’ire des Lougatois qui contestent vertement ladite décision et remettent le verdict du maître du jeu en question. Car, selon eux, au cours de la partie, l’arbitre avait injustement refusé de leur accorder au moins deux penalties. 

Dans un contexte où le Ndiambour lutte contre la relégation en L2 alors que le Jaraaf se hissait à la deuxième place de la L1, l’arbitre est donc mis sous haute pression par les Ndiambourois dont la véhémence des protestations provoque plusieurs minutes d’interruption de jeu et déjà des jets de pierre venant des tribunes où la tension était à son comble.

Conséquence de ces actes d’une violence inouïe, quelques blessés ont été enregistrés dont l’entraîneur du club de la médina, Cheikh Guèye, pris à partie par un groupe de supporters, et complément sonné, s’affale par terre. Il sera secouru et évacué au cours de la mi-temps. 

Contacté par Dakaractu, le technicien a déclaré qu’il préférait attendre la réaction officielle du club avant de se prononcer à titre personnel sur ces incidents... 

Au même moment, Doudou, de la cellule de communication du Ndiambour réfutait cette thèse : « Personne n’a touché Cheikh Guèye »,  a-t-il soutenu sur la page Facebook de Gscom.

D’autre part, malmenés par les supporters du Ndiambour dont les dirigeants ne se sont pas forcément illustrés lorsqu’il s’agissait d’apaiser les tensions, le quatuor arbitral a passé un sale quart d’heure sur la pelouse avant d’être exfiltré en urgence par les agents de police. 

D’ailleurs, l’une de nos sources présentes au moment des faits nous dira que l’un des arbitres a eu une blessure à la tête après avoir reçu un projectile. 
Idem pour les joueurs du Jaraaf qui ont été pris pour cible sur et en dehors du terrain par des supporters très en colère et incontrôlables. Malgré l’intervention des forces de l’ordre qui ont tant bien que mal tenté de contenir les jets de pierre et autres projectiles. 

Ces mêmes agents de police pas forcément en nombre suffisant, ont d’ailleurs exfiltré certains membres du staff du Jaraaf qui sont restés coincés dans les vestiaires du stade Alboury pendant longtemps. Et, surtout les joueurs qui ont échappé au pire grâce à une évacuation en urgence à bord de véhicules de la police nationale. 

Réagissant à chaud sur une page Facebook, juste après la rencontre, Doudou Diop, l’un des responsables de la communication du Ndiambour,  déclare ouvertement : « Tout s’est passé sous les yeux du directeur exécutif de la Ligue Pro, Amsata Fall, qui était présent au stade… On dirait qu’ils veulent exclure les équipes régionales de la Ligue 1 » accuse-t-il avec désolation quelques heures après les faits. 

S’agissant des pratiques mystiques, la 21ème journée (comme la plupart du temps) a eu son lot de bizarreries.

Si l’on reste sur la pelouse du stade Alboury Ndiaye de Louga, lors de la seconde période du match Ndiambour vs Jaraaf, convaincu qu’il était en présence de « Khons » (gris-gris.), l’un des joueurs du Ndiambour est allé se saisir de la paire de gants (censée contenir des « khons ») qui se trouvait à l’intérieur de la cage du Jaraaf, au fond des filets avant de courir le jeter très loin en dehors du terrain. Une scène surréaliste qui a provoqué les applaudissements du public et quelques empoignades entre les joueurs. 


Au stade Ibrahima Boye de Guédiawaye, au moment du coup d’envoi de la partie entre la Douane et le Casa Sport, un joueur de la Douane a cassé un œuf sur la pelouse. Un rituel peu commun dans le football dit professionnel. Et pourtant assez courant dans le football « Professionnel » sénégalais. 

Sans vraiment être inquiété, l’auteur dudit geste s’en tirera avec un simple carton jaune en guise d’avertissement. Insuffisant, diront certains observateurs qui estiment qu’il est temps de bannir ces pratiques du paysage sportif sénégalais.

Au regard de toute cette violence qui éclabousse la Ligue Pro, les responsabilités sont bien entendu à situer. Car, au-delà des fautifs, il est du ressort de la Ligue Pro de bannir ces pratiques incompatibles avec le sport de haut niveau. 

Déjà, cette saison, lors de la 4ème journée de L1, le match entre le Jaraaf et l’As Pikine avait été arrêté suite à des incidents. Résultats des comptes, la commission de discipline de la Ligue Pro avait décidé d’infliger une défaite sur tapis vert au Jaraaf en plus d’une amende d’un million de FCFA. Une décision contestée par le Jaraaf qui avait fait appel… 

Tout ça pour dire qu’au moment où les accusations vont bon train et que la méfiance est à son comble entre certains dirigeants de clubs et d’autres membres de la ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP), il est temps de mettre la balle à terre. 

Une occasion qui serait ainsi saisie pour redéfinir les règles du jeu, règles qu’il faudra à l’avenir faire appliquer de manière impartiale, avec vigueur et fermeté. À ce propos, nos tentatives de joindre le président de la Ligue Pro et ou de son directeur exécutif, se sont pour l’instant avérées vaines…
Lundi 9 Mai 2022




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