ENTRETIEN / Domingos Simoes Pereira, candidat du PAIGC au 2nd tour de la présidentielle bissau-guinéenne : « Ce que j'ai dit à Macky Sall (…) Je me mettrais à la disposition d'Embalo si... »


En séjour à Dakar, le candidat du Parti africain pour l'Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert a reçu Dakaractu pour un entretien sans détours sur l'actualité électorale bissau-guinéenne. Domingos Simoes Pereira est bien placé pour se soumettre à l'exercice puisqu'avec Umaro Sissoco Embalo, ils doivent aller au deuxième tour, le 29 décembre 2019. Un rendez-vous électoral déterminant pour les lendemains de la Guinée Bissau qui traverse une instabilité politique depuis le limogeage de Domingos Simoes Pereira de ses fonctions de Premier ministre par le président en exercice. Parti aux élections présidentielles sous la bannière du PAIGC, DSP comme le surnomment ses partisans a réussi à écarter son ancien patron, José Mario Vaz (Jomav) dès le premier tour. Mais tout n'est pas gagné.
Sur son chemin, il y a un certain Umaro Sissoco Embalo. Novice en politique, cet officier de l'armée a cassé tous les codes et en un temps record est presque devenu incontournable dans la scène politique bissau-guinéenne. Arrivé 2e, avec 27% des voix, il a rallié à sa cause les gros calibres. Mais pas de quoi impressioner Domingos Simoes Pereira. Dans cet entretien, l'ancien Premier ministre affirme être confiant quant à l'issue du second tour. Et ce n'est pas la vague de ralliements en faveur de son adversaire qui le fait douter. Pour lui, seule la volonté des électeurs compte. Encore que, précise-t-il, l'Alliance du peuple unifié, parti membre de la coalition sous la bannière de laquelle Nuno Gomes Nabiam a participé à la présidentielle n'a pas encore répondu à la demande envoyée au sortir du scrutin du 24 novembre par le PAIGC.
Mais quelle que soit la réponse, DSP, comme l’appellent ses supporters, se réfère exclusivement au bon vouloir des citoyens guinéens qui sont, selon lui, les seuls maîtres du sort des deux finalistes de la présidentielle.
S'agissant du président sortant à qui il avait lancé un message suite à la proclamation des résultats provisoires par la Commission nationale électorale, le candidat du PAIGC réitère sa volonté de le traiter conformément à son rang une fois qu'il sera élu président.
Son séjour au Sénégal dans un contexte électoral, Domingos Simoes Pereira prétend que ça n'a rien à voir avec la politique. Il l'explique par son « amour » du pays de la Téranga où il a une partie de sa famille et où il aime venir passer du temps. Pourtant, dans le même temps, il a rencontré l'opposant sénégalais Ousmane Sonko qui plus est, s'est fendu d'un communiqué pour annoncer son soutien à celui avec qui, il partage des « valeurs d'ouverture sociale, de souveraineté, de panafricanisme, d'intégrité et d'indépendance vis à vis des lobbies africaines et mondiales auxquelles nous croyons ». Ce soutien semble le laisser de marbre. C'est du moins, ce qu'il veut faire croire. « Je n'y vois rien d'extraordinaire », nous dira-t-il.
Ce qui par contre le préoccupe, c'est la position des autorités sénégalaises dans le processus électoral bissau-guinéen. Le candidat du PAIGC a, au travers de la gorge la signature d'un accord entre Umaro Sissoco Embalo et Nuno Gomes Nabiam en direction du deuxième tour. Selon lui, il est incompréhensible que cela puisse etre possible sans que les autorités sénégalaises ne soient impliquées. «  En tant qu'homme d'Etat et autorité, il y a des éléments sur lesquels il faut faire attention. Nous sommes des pays limitrophes, on partage une frontière terrestre, des zones économiques communes. Chaque fois qu'on s’approche de l'autre, Il faut qu'on fasse que les éléments soient objectifs et que tout le monde comprenne pourquoi on se comporte d'une façon ou d'une autre. J'ai attiré l'attention du président (Macky Sall) sur le fait que parfois il y a des soupçons de proximité qui n'est pas objective, équilibrée entre les différents acteurs politiques Bissau-guinéens », geint l'ancien Premier ministre qui nie dans la foulée être le candidat des lobbies affairistes.
Cependant, il reconnaît d'une manière subtile être le préféré de certains présidents de la sous-région qu'il dit avoir convaincu lors de ses différentes participations aux sommets auxquels il a eu le privilège d’être convoqué.
Ensuite, Domingos Simoes Pereira de déconstruire le prototype que son adversaire veut présenter de lui à l'électorat. À chacune de ses sorties, Embalo dépeint son adversaire comme un promoteur de la division et de la haine entre bissau-guinéens. Des accusations qui ne reposent sur rien, selon Domingos Simoes Pereira qui rappelle être issu de quatre ethnies.

Rétablir le fil du dialogue entre bissau-guinéens fait partie de ses priorités. Mais l'ancien Premier ministre est surtout préoccupé par le raffermissement des liens diplomatiques entre son pays et ses voisins. Citant le cas du Sénégal et de la Guinée Bissau, il préconise un changement de paradigme dans la manière dont chacun regarde l'autre. Mais pour changer la donne, faudrait-il d'abord qu'il soit d'abord élu. Ce n'est pas encore le cas. DSP en est conscient et promet de se conformer à la volonté des bissau-guinéens. Mieux, le jeune candidat assure qu'il se mettra à la disposition d'Embalo si ce dernier passe devant lui le 29 décembre.
Jeudi 5 Décembre 2019




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