Détection du variant anglais du coronavirus : Le Sénégal dans une nouvelle phase de la lutte contre la COVID-19.

Apparu en Grande Bretagne au mois de septembre, un nouveau variant du coronavirus a voyagé dans 70 pays, à la date du 25 janvier. Mais depuis lors, il poursuit sa propagation et le dernier pays à avoir décelé cette souche se trouve être le Sénégal. L'annonce a été faite ce jeudi 28 janvier par le professeur Souleymane Mboup de l'Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (IRESSEF).


En collaboration avec le MRC Unit The Gambia at LSHTM, les scientifiques sénégalais ont procédé au séquençage d'échantillons de la deuxième vague du Sénégal par Whole Genome sequencing et ont réalisé le génotypage avec la méthode des next generation sequencing. C'est ainsi qu'un variant britannique a été détecté dans ces échantillons.

 

Cette nouvelle découverte engage le Sénégal dans une nouvelle phase de la lutte contre le coronavirus. « Du fait que ces variants se transmettent plus rapidement, ce qui pourrait expliquer la vitesse de la propagation de la maladie dans certains pays, il est impératif d'appliquer scrupuleusement les mesures de prévention individuelle et collective », conseille d'ores et déjà le Pr Mboup dans un document envoyé à Dakaractu. Mais que sait-on réellement de la transmissibilité avancée du variant britannique et de sa létalité ?

 

Un variant plus contagieux et plus mortel

 

Des études effectuées par l'Ecole de médecine tropicale de Londres et de l'Institut Anglais de santé publique PHE estiment 50% plus contagieux le nouveau variant du coronavirus. En date du 29 décembre dernier, une publication du centre européen de prévention et de contrôle des maladies intitulée « évaluation des risques : risque lié à la propagation de nouvelles variantes du SRAS-COV-2 dans l'UE/EEE » semble confirmer cette thèse en rappelant qu'au 26 décembre, plus de 3.000 cas de la nouvelle souche ont été confirmés par séquençage du génome et avaient été signalés au Royaume Uni. 

 

Plus loin, « l'ECDC estime que la probabilité d'introduction et de propagation du SARS-Cov-2 202012/01 et 501.V2 (variant sud-africain) dans l'UE/EEE est actuellement élevée. Bien qu'il n'y ait aucune information indiquant que les infections par ces sources sont plus graves, en raison d'une transmissibilité accrue, l'impact de la maladie COVID-19 en terme d'hospitalisations et de décès est évalué comme élevé, en particulier pour les personnes âgées ou souffrant de comorbidité. Le risque global associé à l'introduction et à la propagation du SRAS-CoV-2 202012/01 et 501.V2 est donc évalué élevé », écrit l'ECDC.

 

Particulièrement contagieux, le variant britannique du coronavirus pourrait être plus mortel. C'est ce que des études de la London School of hygiene and Tropical Medecine (LSHTM) et de l'Imperial College de Londres ont tenté de prouver. En répertoriant 8% de décès liés au covid hors des structures sanitaires, les chercheurs ont décelé que la létalité du variant anglais pourrait être 30 à 40% supérieure au virus classique même si des études poussées sont nécessaires pour confirmer cette tendance. Mais sur la base de ces résultats, indique lepoint,fr lu à Dakaractu, le groupe qui conseille le gouvernement britannique sur le virus juge de « possibilité réaliste » le fait que ce variant soit associé à un risque plus élevé de mortalité.

 

Le Sénégal face au variant anglais

 

Au Sénégal, les autorités sanitaires tentent de rassurer. Le Directeur de la prévention au ministère de la Santé a confié à nos confrères de la RFM que l'homme par qui le variant anglais est entré au Sénégal a été isolé et traité de même que ses contacts qui ont été déclarés guéris. Selon un décompte fait par Dakaractu, 176 cas importés ont été enregistrés depuis le 1er septembre. La dernière fois que des cas importés ont été détectés remonte à...trois jours. En effet, le bilan du ministère du 25 janvier faisait état de 2 cas importés parmi les nouvelles contaminations. Ce qui veut dire que le risque d'accueillir de voyageurs avec le variant britannique demeure, surtout que celui-ci est présent dans au moins 70 pays et territoires. 

 

Ce risque est d'autant plus élevé que des entrées au Sénégal avec de faux tests négatifs ont été récemment dénoncés par le ministre de la Santé. « Les cas graves et sévères sont devenus plus nombreux dans cette deuxième vague. Du coup, les cas de décès deviennent plus nombreux. C’est pourquoi on doit prendre toutes les dispositions pour maîtriser la pandémie en amont. Accélérer la détection précoce. Que la prise en charge soit efficace. 

 

Mais nous dénonçons les fraudes au niveau des tests qui sont à l’origine de ces cas importés à l’aéroport. Il y a des voyageurs qui atterrissent avec de faux tests très vite détectés par les services de sécurité et de santé préposés à l’aéroport. C’est ce qui nous a permis de maîtriser les cas importés », a déploré Abdoulaye Diouf Sarr dans l'émission Saytu de la RTS. 

 

Mais faut-il juste se limiter à dénoncer si l'on sait que depuis le 2 décembre, la maladie se répand de façon exponentielle et semble plus mortelle que lors de la première vague. Autant dire que le Sénégal est entré dans une nouvelle phase de l'épidémie et à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles...

Jeudi 28 Janvier 2021




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