Désobéissance civile dans un contexte de « tensions politiques » : Une forme de contestation utopique au Sénégal ?


Le leader du parti Pastef, depuis son lit d'hôpital lundi dernier, a appelé à plus de vigilance et d'abnégation face au régime du président Macky Sall. "La souveraineté appartient au peuple". Ainsi s'exprimait Ousmane Sonko lors de sa dernière déclaration après les événements de jeudi dernier consécutifs à son procès contre Mame Mbaye Niang sur l'affaire des 29 milliards du PRODAC. Pour parler des types de protestations face à ce qu'il considère comme de la dictature, l'acharnement et une mal gouvernance, Ousmane Sonko compte oppose une désobéissance civile.
 
Il y'a des gens qui veulent le changement mais qui ne peuvent pas aller dans les manifestations. Donc d'autres formes de lutte sont possibles, notamment la grève générale où il faudra paralyser le pays pendant deux ou trois jours. Une campagne de désobéissance civile est aussi possible. Dans ce cas, toutes les forces vives de la nation vont croiser les bras", avait annoncé Ousmane Sonko. Mais quelles peuvent bien être les conséquences de cette forme de lutte au Sénégal? Les raisons pour l'adopter sont-elles fondées? Cette désobéissance civile, si elle est retenue, sera-t-elle adoptée? La désobéissance civile est le fait de refuser de manière assumée et publique d'obéir à une loi, un règlement ou même un pouvoir. C'est en réalité une forme de protestation non violente où plusieurs entités d'une nation donnée s'adonnent à un refus catégorique. Ceci est souvent conforté par un insatisfaction significative de ces couches qui ne se retrouvent plus dans la marche du pays.
 
 


Désobéissance civile dans un contexte de « tensions politiques » : Une forme de contestation utopique au Sénégal ?
Visiblement, le leader du parti Pastef Les Patriotes considère que les conditions de développer cette lutte qui n'est d'ailleurs pas sans conséquences, sont établies.
 
C'est difficile d'expliquer cette invite à la désobéissance civile car, le contexte donne bien une bipolarisation entre le pouvoir et spécifiquement Pastef. C'est vrai que Pastef est dans la coalition Yewwi Askan Wi, mais on ne sent pas une adhésion générale des autres membres de l'opposition. La difficulté est que cette désobéissance civile est un mot d'ordre politique qui interpelle les partis politiques, les syndicats et les secteurs vitaux de l'économie. Ainsi, c'est quand tous les secteurs sont en berne que l'on peut parler de la réussite d'une éventuelle désobéissance civile.
 
Le contexte, tel qu'il est lu, ne se prêterait pas à ce mot d'ordre là. C'est notamment l'avis de notre interlocuteur, analyste politique Mamadou Albert Sy sur cette question. "Ni le Pastef, ni Yewwi Askan Wi, n'ont le soutien de tous les secteurs économiques. Par exemple si vous prenez la coalition Yewwi Askan Wi, la plus représentative, mais les autres coalitions existent. Et si on ne parvient pas à les convaincre, elles ne pourront pas adhérer à ce mot d'ordre. Ce qui risque difficilement de prospérer." 
 
Selon Mamadou Albert Sy, « Compte tenu de ce qui s’abat sur le Pastef, ressemble à une répression politique, on est en quelque sorte dans l’instabilité politique. Aussi, on se pose sur la probable candidature de Macky Sall, il y’a une absence de dialogue entre les différents parti politique. L’autre facteur qui pourrait ne pas rendre faisable cette forme de lutte, c'est l’absence d’un leader de l’opposition qui est écouté par toutes les forces vives de la nation. L’option de mettre en place une entité qui regrouperait toutes les forces de l’opposition pourrait en réalité rendre possible une désobéissance civile. Mais pour le moment, il sera difficile d’adopter cette mesure qui n’épargnerait aucun secteur de la vie économique du pays.
 
 


Membre du mouvement y’en a marre, Malal Tall quant à lui, demeure inquiet par rapport aux lendemains qui guettent le pays. 
« La situation politique est très tendue et elle risque d’aboutir à des tensions sociales… et elles peuvent prendre des tournures diverses. Cependant, la responsabilité que nous avons, c’est d’appeler les acteurs politiques au calme », invite le membre du mouvement citoyen qui a vu le jour il y’a plus de dix ans. 
 
 

Désobéissance civile dans un contexte de « tensions politiques » : Une forme de contestation utopique au Sénégal ?


Mercredi 22 Mars 2023
Dakaractu




Dans la même rubrique :