DÉCRYPTAGE - Opération réussie de l’armée, rôles de la Gambie et de la Guinée Bissau, implication de Sonko : Et si l’on entrevoyait enfin les prémices de la paix définitive en Casamance ?

« À quand le retour de la paix définitive en Casamance ?» C’est la question qui taraude les populations du sud, excédées par un conflit sans fin. Avec la dernière opération à la fois musclée et méthodique des Forces armées sénégalaises contre les combattants indépendantistes du MFDC, la Casamance pourrait entrevoir les prémices de la paix définitive, selon beaucoup d’observateurs. Il y a aussi la nouvelle implication du leader de Pastef/Les Patriotes, Ousmane Sonko, qui bénéficie d'un fort soutien dans le sud, où la population est lasse de vivre dans un entre-deux « ni guerre-ni paix »...


DÉCRYPTAGE - Opération réussie de l’armée, rôles de la Gambie et de la Guinée Bissau, implication de Sonko : Et si l’on entrevoyait enfin les prémices de la paix définitive en Casamance ?

Même si l'on entrevoit enfin l’hypothèse d’une issue heureuse, la sortie de crise n’est sans doute pas encore pour tout de suite. Mais au moins les protagonistes du conflit pourraient reprendre le dialogue. Voire rapprocher un tant soit peu leurs points de vue.

 

En attendant, les Forces armées sénégalaises ont déjà mené, durant tout le mois de février, des raids dans le sud, près de la frontière avec la Guinée Bissau. L'opération à la fois musclée et méthodique contre les combattants indépendantistes du MFDC a quasiment réussi.

 

La bonne opération des Forces armées sénégalaises

 

Les Diambars ont voulu rétablir l’intégrité territoriale, explique l'État-major. L'idée est de « rapatrier des déplacés » dans les zones désertées par les habitants depuis près de trente ans en raison de l’insécurité qui y régnait. Qu'en faire ?

 

« Accompagner le processus de retour par le silence des armes et le développement de la Casamance », renseigne encore l'État-major. Les Forces armées sénégalaises veulent « mettre fin aux activités illicites des maquisards », par ailleurs, « trafiquants de bois et de chanvre indien, le cannabis », activités très lucratives dans la zone.

 

Ce qui est à mettre dans un contexte où le MFDC a perdu le soutien de la population, lasse de vivre dans un entre-deux « ni guerre-ni paix » intenable à long terme. Les sudistes souhaitent avant tout le retour de la paix dans leur région où la population s’habitue déjà à vivre loin des affres de la guerre.

 

Les nouveaux rôles de la Gambie et la Guinée Bissau

 

Le MFDC étant déjà divisé, la Gambie et la Guinée Bissau comptent bien jouer leur rôle dans la résolution de la crise en Casamance, qui se trouve prise en étau entre deux pays voisins. Les gouvernements des pays frères reprennent langue pour trouver une issue à la crise.

 

Les relations actuelles sont redevenues au beau fixe, comme jamais auparavant, du moins depuis plus de quatre décennies entre le Sénégal, la Gambie et la Guinée Bissau; des pays voisins directement impliqués dans le conflit en Casamance. Elles ont été favorisées par l’arrivée au pouvoir de Adama  Barow, en Gambie, et Umaro Sissoco Embalo, en Guinée Bissau.

 

Trois présidents sénégalais ont tenté une résolution définitive de cette crise casamançaise. Les présidents Abdou Diouf, Abdoulaye Wade (de 2000 à 2012), puis Macky Sall, mais aucun n'est encore venu à bout du conflit, qui a démarré depuis 1982. Pllusieurs raisons complexes et imbriquées ont été avancées. Il s'agit des enjeux géostratégiques, politiques, économiques, ethniques, fonciers, etc…

 

La position « Patriotique » incarnée par Ousmane Sonko

 

La position « Patriotique » incarnée par Ousmane Sonko reste, elle, aussi pacifiste et idéaliste pour la Casamance, où le leader de Pastef bénéficie d'un fort soutien. En conférence de presse, lundi, l’opposant a appelé le mouvement séparatiste à déposer les armes, sans condition dans les six mois à venir.

 

« Tous debout comme un seul homme pour dire que nous sommes un seul peuple, sans distinction. Que tout détenteur d’armes le dépose auprès de l'armée nationale et ensemble que nous puissions les aider à identifier les lieux d’emplacement des mines anti personnels qui font des ravages », a invité le chef de parti.

 

Toutefois, en ce moment où les colombes de paix s'élèvent sur le pays, après d'éprouvants jours de révolte et de colère, Ousmane Sonko devrait donner encore plus de gage, en établissant sur la question d'un retour à la paix, un pont avec le pouvoir.

 

C'est l'une des clés les plus sûres au-delà des positions et des options politiques que la résolution définitive de la crise casamançaise transcende. Nonobstant cela, le discours du leader de Pastef a été positivement apprécié par les populations de Ziguinchor.

 

Mieux, l’appel semble pris en compte par la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). « Nous avons écouté et entendu le président de Pastef, Ousmane Sonko, après sa libération. Nous étudierons sa proposition », renseignent des sources de l’Obs proches du maquis.

 

« Le Mfdc n’a jamais voulu de cette guerre qui nous a été imposée. Nous sommes des gens épris de paix et de justice », ont ajouté les mêmes sources.  

 

Les atouts du leader de Pastef/Les Patriotes, la nouvelle démarche du Grpc, dirigé par  Robert Sagna

 

Originaire de la Casamance, Ousmane Sonko pourrait bien apporter sa partition dans la résolution de la crise, qui est d'ailleurs déjà fortement en extinction dans cette partie Sud du Sénégal. Cela en se démarquant aussi de toute identité fractionniste et en agissant dans la claire conscience de préserver la cohésion des ethnies et des religions qui y vivent et en se démarquant des revendications séparatistes. 

 

Le « vivre-ensemble » tant vanté par les autorités sénégalaises laisse encore à désirer. Même si le Mfdc avait sollicité, au mois d’octobre 2019, le Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (Grpc), dirigé par le ministre d’Etat Robert Sagna, afin qu’il puisse déposer les armes pour une paix définitive.    

 

Et, la Plateforme des Femmes pour la Paix en Casamance s'est réjouie de l'élan d'apaisement émanant de la journée du 8 Mars, célébrée lundi dernier. « Notre souhait, nous femmes ayant vécu depuis 1982 les affres du conflit en Casamance, est que la paix et la stabilité soient maintenues et nourries dans toutes les régions du Sénégal », lit-on dans le communiqué de la Pfpc. Il est plus facile de faire la guerre que la paix, disait Georges Clemenceau. 

Mercredi 10 Mars 2021




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