Course à la présidentielle : Chances et limites de ces potentiels candidats qui lorgnent le Palais

Conformément à l’article 2 de la décision du Conseil constitutionnel relative au dépôt des candidatures, les mandataires et représentants de candidats à l’élection présidentielle de 2024 vont commencer une étape importante à partir de demain. Il s’agira, pour plus de 200 candidats à la candidature, de faire enregistrer leur candidat avant le contrôle des parrainages prévu le 28 décembre 2023. Parmi ces citoyens voulant briguer le suffrage des sénégalais, qui sont ceux qui peuvent faire valoir leur chance ?


Une première dans l’histoire politique du Sénégal : le Président sortant ne participera pas au scrutin. Le jeu politique est chamboulé, l’élection est incertaine. Plusieurs partis ont annoncé leur intention de se présenter à la présidentielle de 2024, mais ils devront d'abord recevoir un soutien suffisant du grand public pour passer l'étape du parrainage. Tout candidat à la présidence doit recevoir entre 0,8 % et 1 % des signatures de l'électorat. Ces signatures doivent être notamment collectées auprès d'un minimum de 2 000 parrainages sept régions au minimum sur les 14 que compte le Sénégal. Le candidat de la majorité, malgré quelques frustrations devra faire face à cette floraison de candidatures dont certaines sont issues de leurs rangs. En dépit de cette fragmentation de l’autre côté de l’opposition, l’objectif reste de déboulonner le régime de Macky Sall. Aminata Touré, Idrissa Seck, Karim Wade, Khalifa Sall, Bougane Gueye Dany, Anta Babacar Ngom, Pape Djibril Fall, Amadou Ba Déthié Fall, Malick Gackou, sont tant de candidatures à prendre au sérieux sans oublier l’effet du candidat du parti dissous, le Pastef qui a d’ailleurs, désigné Bassirou Diomaye Faye.

 Bougane Gueye Dany, Maclick Gackou : Eviter le syndrome des parrainages de 2019 et prendre rendez-vous


Le président de la coalition « Geum Sa Bop » avec son slogan Tekki Jotna ainsi que le leader de la coalition « Gackou 2024 » doivent certainement se munir des armes nécessaires pour éviter le scénario de 2019 lorsque le Conseil constitutionnel avait rejeté leurs candidatures. He Oui !! Le parrainage est passé par là !  

 Le 8 janvier 2019, le président du Grand Parti avait vu ses parrainages invalidés par le Conseil constitutionnel, après une mise en sursis pour cause de doublons. C’est ainsi que Malick Gakou est devenu le 20e candidat à être éliminé de la course à la présidentielle.

Le patron du Groupe D-Médias subira le même sort. Recalé par rapport au parrainage, Bougane Guèye Dany, a décidé de soutenir la candidature d’Idrissa Seck pour la présidentielle du 24 février. En effet, Bougane en route vers la prochaine élection, tisse sa toile et déroule sa stratégie pour dit-il, « restaurer l’espoir des sénégalais ». Il reste toujours motivé malgré qu’il ait été recalé par le parrainage de 2019 mais les experts espèrent qu’il a appris de ses erreurs. L’initiateur du « Tibb Tank » ( sur les traces de Macky Sall pour réparer ses erreurs), le leader de Guem Sa Bop qui a par ailleurs engagé le travail de terrain depuis plusieurs mois, peut garder ses chances et l’espoir d’être épargné par le spectre des parrainages.



Karim Wade, le retour tant attendu


Être fils du Président Abdoulaye Wade ne suffit pas pour gagner la confiance des sénégalais. Mais l’ancien président sénégalais a laissé ses marques indélébiles dans la politique sénégalaise pour maintenir ce parti historique qui a posé ses premiers pas, en 1974. Karim Wade, candidat déclaré à la prochaine présidentielle est annoncé ces derniers jours même si certains évoquent la question des 138 milliards. Wade-fils qui a déjà déposé sa caution devra débarquer au Sénégal « Ce n’est qu’une question de formalité. En janvier, il sera au Sénégal » nous confiait un des responsables du parti démocratique sénégalais. Disposant de la machine expérimentée de son parti et le leadership de son père, Karim Wade pourrait enfin mesurer son poids politique devant son public une fois au Sénégal.


Amadou Ba, le défi de l’unité…


Candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar, celui qui veut succéder au Président Macky Sall, est un haut fonctionnaire et a occupé de hautes fonctions dans l’administration fiscale. Il a certes fait ses preuves dans l’administration notamment aux Impôts et Domaines et dans l'état occupant des postes ministériels de souveraineté. Mais l’acteur politique de l’Apr se heurte, avec sa candidature, à ces divergences au sein de la majorité. Une situation qui demande une posture que l’intéressé lui-même doit avoir au regard des urgences qui l’attendent. Depuis qu’il a été désigné candidat, Amadou Ba se déploie sur le terrain notamment avec des tournées économiques durant lesquelles il a rencontré des responsables avec qui il a discuté sur les enjeux. Le parrainage ne semble constituer un blocage car l'ancien ministre doit avoir l’expérience contrairement à d’autres candidats qui ne se sont jamais adonnés à cette pratique électorale. Même si ses collectes de parrainages ont souvent suscité les débats avec ce nombre faramineux annoncé par voie de presse.



Aminata Touré, Dethié Fall : l’opposition farouche…, Bassirou Diomaye en « héritier »


Devenue un opposant farouche au régime du Président Macky Sall depuis la scène malheureuse à l'Assemblée nationale, Aminata Touré ne cache pas ses ambitions présidentielles. Forte personnalité, elle est l’une des deux femmes à occuper le poste de Premier ministre après Mame Madior Boye. 

Fille d’une sage-femme, Aminata Touré a été fonctionnaire internationale à l’ONU. Militante pour les droits de l'Homme, elle est ministre de la justice du gouvernement de Abdoul Mbaye et Premier ministre en septembre 2013. Aminata Touré a envahi le terrain politique avec son mouvement pour l’intégrité, l’éthique et l’indépendance (Mimi 2024). Surnommée « Degeur Moussor » (femme battante), l’ancienne tête de liste de la coalition BBY lors des législatives de 2022 s’est bien installée dans le cercle d’opposants appelés « radicaux »’critiques envers le régime de Macky Sall avec des positions tranchées notamment sur les affaires concernant Ousmane Sonko). Mais la présidente de MIMI 2024 n’est pas inexpérimentée dans le domaine de la collecte de parrainages.

Même cas de figure pour Déthié Fall qui, pour rappel, était avec Idrissa Seck dans la coalition IDY2019. Avant le divorce avec Ndaamal Kadior, Déthié Fall a probablement acquis de l’expérience dans le cadre de la collecte de parrainage.

 
Annonçant déjà plus de 127.000 parrains pour sa coalition Dethié2024, Déthié Fall attend l’épreuve fatidique du parrainage. Cependant, son ancien mentor, Idrissa Seck tout comme Khalifa Sall, semble avoir choisi le « mutisme ». Souvent plongé dans ce long silence, Idrissa Seck a l’art de surprendre à travers ses sorties préparées et au cours desquelles, il oriente les projecteurs sur sa personne. Pour le patron de Taxawu Sénégal, l’obstacle de 2019 semble un vieux souvenir. Avec son « Motalli Yeiiné », Khalifa Sall entend, après « l’air frais » du dialogue national, faire parler de lui en 2024.

 Parallèlement, le Pastef, parti dissous au regard des fronts judiciaires du leader Ousmane Sonko, a désigné Bassirou Diomaye Faye, le secrétaire général du défunt parti, comme candidat. L’inspecteur des impôts, dans les liens de la détention, s’offre le numéro 111 des fiches de parrainages qui ont été refusées à Ousmane Sonko, radié des listes électorales. Les Pastefiens ne perdent toutefois pas espoir de voir Ousmane Sonko faire partie de la course présidentielle de 2024.

 En perspective de cette élection présidentielle, de jeunes candidats ont aussi manifesté leur ambition de changer les choses. Entre autres, Pape Djibril Fall, Anta Babacar Ngom, Thione Niang. Les deux derniers cités n’ont certainement pas l’expérience électorale par rapport au premier qui avec « Les Serviteurs », a obtenu un siège à l’Assemblée nationale. Cependant, le grand défi pour ces outsiders reste l’accomplissement des 2000 parrains dans 7 régions sur les 14. Le minimum c’est d’avoir 44.231 signatures et 58.975 au plus.

L’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dione, Mame Boye Diao et Aly Ngouille Ndiaye, ces candidats qui visent la chaise présidentielle sont également à ne pas négliger compte tenu de leur parcours et expérience dans les élections. Le maire de Linguère pour rappel, a été ministre de l’intérieur et donc expérimenté en matière d’organisation d’élections. Reste à connaître le comportement de ses potentiels électeurs qui auront à le parrainer. L’ancien directeur des domaines et l’ancien PM pourraient faire parler d’eux lors de cet élection qui aboutira soit à une alternance, soit à un changement dans la continuité.


 Cheikh S. Fall – Aida NDIAYE


Lundi 11 Décembre 2023
Dakaractu




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