Conséquence du coup de gueule de Paris contre les accusations de connivence avec les mouvements terroristes dans le Sahel : Les mouvements anti-français sont-ils en danger ?


Le maintien de « Barkhane » dans la bande sahélo-saharienne reste suspendu à la volonté des pays dans lesquels la force française intervient pour combattre le terrorisme depuis maintenant six ans.

En conférence de presse à Watford, en Angleterre, à l'issue du sommet de l'OTAN, le président français, Emmanuel Macron affirme attendre des présidents africains des pays du G5 Sahel qu'ils clarifient leur demande à la France et à la communauté internationale quant à la poursuite de l'opération qui a pris le relais de Serval dont la mission principale était de déloger les jihadistes de la partie septentrionale du Mali.

Le chef de l'Etat français a « invité » ses homologues du G5 Sahel à Paris pour entendre leur position sur la présence des militaires français dans leur pays.

Cette décision presque radicale d'Emmanuel Macron intervient dans un contexte de prolifération de mouvements antifrançais dans le Sahel. Ces mouvements sont d'autant plus inquiétants pour Paris qu'ils sont des fois portés par des responsables politiques et des personnages publics.

Au Mali, d'anciens ministres et des députés accusent souvent et ouvertement l'Hexagone de jouer sur deux tableaux dans la lutte contre le terrorisme. Mais la goutte de trop est sans doute la sortie récente du chanteur Salif Keïta.

Dans une vidéo diffusée sur sa page Facebook, l’icône de la musique malienne qui s’adresse à son « grand-frère » Ibrahim Boubacar Keïta, lui a demandé de dire la vérité au «Petit» Emmanuel Macron sur le rôle de la France dans la mort de militaires maliens tués par des jihadistes. La vidéo du chanteur fait suite à la mort de 53 soldats de l'armée malienne dans une attaque revendiquée par l'Etat islamique, à Indélimane. Cette sortie a catastrophé la France qui a aussitôt répondu, à travers un communiqué de son ambassadeur à Bamako. Les propos de Salif Keïta sont qualifiés de diffamatoires.

Quelques jours après, la force Barkhane perd 13 hommes dans une opération contre des jihadistes dans le centre est du Mali. Dans la région où les soldats maliens ont été tués quelques semaines plus tôt.

Une perte sans précédent depuis le début de Barkhane, qui a sans doute pesé sur la décision d'Emmanuel Macron d’être définitivement clarifié sur la position des Etats africains qui bénéficie depuis 2012 de l'assistance militaire de la France dans la lutte contre les groupes jihadistes qui ne cessent d'essaimer dans l'espace Sahel.

Mais il coule de source que les cinq chefs d'Etat convoqués, à savoir Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), Mohamed Ould Ghazouani(Mauritanie), Idriss Deby (Tchad) et Mahamadou Issoufou (Niger) exprimeront toute leur gratitude à la France pour tous les efforts consentis afin de venir à bout des jihadistes.

Compte tenu de l'incapacité des armées africaines à jouer un rôle de premier plan dans cette guerre imposée par les groupes armés terroristes, le prolongement de la force française Barkhane sera demandé. Mais surtout, il est fort à craindre qu'au sortir de cette rencontre que les mouvements anti-français qui pullulent dans le Sahel voient leur espace d'expression rétrécir voire disparaître, à l'autel de la lutte contre le terrorisme. 
Jeudi 5 Décembre 2019




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