C’est une affaire des plus rocambolesques qui s’est invitée, ce 17 avril, à la barre du tribunal correctionnel. En effet, une mère de famille répondant aux initiales S. Fall a trainé son fils O. Sarr âgé de 40 ans devant la juridiction pour coups et blessures volontaires. Abattue du comportement jugé agressif de sa progéniture, la vieille dame s’en est ouverte à la justice pour espérer avoir une solution aux agissements de son enfant.
« Veuve, j’ai pris soin de lui et de ses frères depuis leur naissance. Il n’a rien d’autre à faire que de me rendre la vie difficile. Mon fils passe son temps à bastonner mes petits fils à la maison. Il est allé jusqu’à casser des bouteilles de verre pour menacer les membres de la famille. Personne n’est en sécurité au domicile. Je suis une femme et je sais que si cela persiste il y’aura des conséquences », a expliqué S. Fall.
À la question du juge de savoir si son fils s’adonne à des pratiques illicites, la maman affirme.
« Il boit de l’alcool et se drogue. Ce n’est pas bon. Si je suis venue ici, c’est parce que je n’en peux plus », a-t-elle déclaré.
Sur les coups et blessures volontaires qui ont permis d’attraire le prévenu devant la chambre correctionnelle, la vieille dame se confie.
« Il se battait avec ma petite fille qui m’a été donnée. Il s’est servi d’une casserole qu’il voulait lui assener et je me suis interposée, finalement, j’ai reçu le coup de la casserole sur l’épaule », a soutenu la maman plaignante.
Récidiviste ayant purgé 6 mois de prison dans le passé, O. Sarr a été interpellé sur les déclarations de sa mère. Il dément et précise.
« Dire la vérité, c’est ce qu’elle m’a appris », a-t-il d’emblée confié avant de se retourner pour s’adresser à sa maman.
« Ce que tu racontes me mets même en mal avec mes propres frères », a dit O. Sarr avant d’être interpellé par le juge.
« C’est le summum lorsque ta propre mère t’amène devant la barre. Adresse-toi à moi et répond à ma question. Tu uses du chanvre indien pour semer la terreur dans la famille ? », lui a demandé le juge.
« Je ne fume pas de chanvre indien mais de la cigarette. Je ne sème pas la terreur. À la maison, je n’ai de différend avec personne », a-t-il fait savoir et livre sa part de vérité sur les coups et blessures volontaires.
« La fille dont elle parle, nous avons juste eu quelques empoignades mais ça n’a jamais été une intention pour moi de la battre », a indiqué O. Sarr.
Interpellée à nouveau, la maman visiblement atteinte par l’émotion s’est permise de verser des larmes.
« Je vis beaucoup de difficultés à cause de lui, sans compter les insanités qu’il tient également à l’endroit de ses frères et sœurs. Je suis fille de griots et je ne connais que le travail », a-t-elle poursuivi.
Entendu en guise de témoin, l’aîné de la famille, B. Sarr est revenu à la charge contre son frère.
« C’est mon petit frère de mêmes parents.
Quand il est lucide tout se passe bien, mais quand il est ivre, c’est là que les problèmes surgissent. La cause de tout cela est à rechercher dans ce qu’il utilise. Il est malade et il a besoin d’être soigné. Il avait un dossier médical mais il l’a déchiré », a indiqué B. Sarr qui rappelle au juge des faits indescriptibles que son jeune frère a commis contre leur mère.
« Il passe son temps à insulter tout le monde, ses frères et ses sœurs et les menace aussi. Un jour, il a étranglé notre mère jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse. Nous voulons que le tribunal nous aide à le soigner, c’est la raison qui nous amène ici », a conclu l’aîné.
Répondant aux charges, le mis en cause dément.
« Il n’est jamais question que je lève la main sur ma maman. Rien au monde ne me vaut un tel agissement. Je préfère même me suicider que de le faire. », a soutenu O. Sarr
Dans sa plaidoirie, l’avocat de la partie civile a parlé d’une affaire complexe car touchant à la famille. Selon lui, la loi doit être appliquée même si l’affaire est jugée sensible. Pour le conseil, le prévenu est un habitué des faits pour lesquels il est poursuivi, mais pire, il s’adonne à la drogue.
« La maman a essayé de protéger son enfant. Il est devenu dangereux avec la drogue qu’il utilise. Il est devenu un monstre, c’est cela la vérité. Quand on se permet d’étrangler sa mère jusqu’à l’évanouissement ça veut dire qu’il est devenu un monstre. Qu’est-ce qui va se passer demain si on laisse faire. M. le président, je vous demande de prendre toutes vos dispositions car vous en avez le pouvoir. Vous pouvez le redresser. Je vous demande de le condamner à telle peine qui vous plaira. », a déclaré l’avocat de la famille.
Le parquet a demandé une application de la loi pénale.
Dans ses derniers propos, l’accusé qui n’a pas été assisté s’est résolu à présenter ses plates excuses, notamment à ses frères et à sa maman. Malheureusement, cela ne suffira pas pour le tirer d’affaire.
O. Sarr a été reconnu coupable des faits de coups et blessures volontaires par le tribunal. Il a été condamné à 1 an ferme d’emprisonnement.
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