Cas d’amnistie de Karim et Khalifa : Les dessous d’un agenda pour remettre les compteurs à zéro.

Les dés sont maintenant jetés ! La décision prise au cours du conseil des ministres ce mercredi, marque une étape importante dans la perspective d’une nouvelle reconfiguration du jeu politique. Des solutions vont être recherchées pour faire réintégrer dans le champ de la compétition politique, ceux qui sont bloqués par des mesures judiciaires. Pour rappel, après les élections présidentielles de 2019, le président de la république Macky Sall avait fait un geste envers l’opposition en appelant à un dialogue inclusif. Les cas de Khalifa et de Karim Wade devaient y prendre une bonne place. Il y a 9 mois, dans une chaîne française, le président Macky Sall a été concis sur le sujet : « Que cela soit une amnistie ou même une réhabilitation, moi en ce qui me concerne, je ne suis pas opposé à un dialogue qui respecte le droit et la loi. Je ne suis pas opposé à l’esprit, mais il faudra trouver la bonne formule », avait confié le président de la République répondant à cette question du confrère français qui réapparaît aujourd’hui avec cette interpellation de Macky Sall à son ministre de la justice, Ismaïla Madior Fall. Comment en est-on arrivé à ce stade ? Quelles ont été les démarches effectuées pour aboutir à cette déclaration du chef de l’État demandant de faire table rase sur tout et de faire revenir ces pontes de l’espace politique sénégalais ?


Une décision de concert avec le Pds
 
L’objectif, en réalité pour le chef suprême des armées, c’est de faire revenir tous les opposants manquants dans le jeu politique. Rappelons qu’en 2019, lors de l’inauguration de la grande mosquée de Massalikoul Jinaan, une œuvre bâtie par la confrérie mouride à la gloire de son fondateur, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, l’occasion pour le chef de l’État, Macky Sall et son prédécesseur, Abdoulaye Wade qui étaient brouillés 7 longues années depuis la passation du pouvoir en 2012, s’est enfin présentée pour enterrer la hache de guerre. « Évidemment, il y a eu des contentieux, mais tout ça doit être dépassé. Je lance un appel solennel au président Abdoulaye Wade à discuter avec moi du pays », avait lancé le président de la République qui avait même pris le soin de raccompagner son prédécesseur à son domicile. Depuis cette date, les échanges et discussions entre les deux hommes continuent de plus belle. Le cas de Karim Wade semblerait avoir été au cœur de leurs discussions.
 
Après les dernières échéances législatives, la coalition Wallu Sénégal, dirigée par Me Abdoulaye Wade, malgré sa mi-alliance avec Yewwi Askan Wi, a décidé de former avec ses 24 députés, son propre groupe parlementaire qui s’appelle Liberté-Démocratie-Changement. Pourquoi tenir coûte que coûte à avoir un groupe parlementaire ? Le programme à ce niveau est clair : mettre en place ce groupe, porter à sa tête Mamadou Lamine Thiam, ancien parlementaire, expérimenté, homme de confiance de l’ancien président Abdoulaye Wade et qui se chargera de jouer l’interprète entre le Pape du Sopi et son fils. Ainsi, le Pds avait bien en projection, cette promesse que le président de la République avait faite à son maître, Wade. 
 
Amadou Mame Diop, le cas Mimi et les craintes d’un blocage…
 
Le feuilleton Aminata Touré-Macky Sall-Amadou Mame Diop semble s’expliquer dans cette affaire liée à surtout, l’amnistie de Karim Wade. En guise de rappel, après son élection en 2012 comme président de la République, Macky Sall avait, entre autres, comme chantier majeur, « la fameuse traque des biens mal acquis ». Celle qui avait été la figure marquante de cette campagne de reddition des comptes publics, fut l’ancienne première ministre Aminata Touré. En effet, en cette période, tout le monde accordait une extrême attention à l'évolution de ce dossier.  La traque avait donc bien pris forme avec Aminata Touré qui aurait pu être réfractaire à cette nouvelle orientation de l'exécutif, si elle était choisie à la tête de l’Assemblée nationale, consistant à  réhabiliter  ou amnistier Karim Wade et Khalifa Sall.
 
Le maire de Richard Toll semble être le bon profil pour mener cette entreprise visant à élargir le jeu politique en perspective de la présidentielle de 2024. 
 
Le cas Khalifa Sall et l’implication de Bamba Fall
 
Le maire de la commune de Médina, même s’il a quitté Taxawu Dakar, s’est bien distingué dans la réhabilitation de son camarade et frère avec qui il était au parti socialiste. En rejoignant le camp du pouvoir, Bamba Fall s’est investi en évoquant le cas de l’ancien maire qui était poursuivi sur la question de la caisse d’avance de la ville de Dakar.  En effet, loin de s’y opposer, Macky Sall y a finalement donné une suite favorable. Ce dernier a, en réalité, marqué son accord pour que Khalifa Sall ne soit pas éliminé définitivement du jeu politique. 

Toutes ces sollicitations faites au président Macky Sall coïncidant avec sa volonté de redistribuer les cartes politiques vont certainement, dans les prochains jours, prendre forme et même, pourquoi pas, se concrétiser dans le l'espace politique...
Jeudi 29 Septembre 2022




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