C3S : une affaire de détournement d'un montant estimé à plus de 70 millions de francs implique trois travailleurs de la boîte.


Cheikh Diop, Pape Oumar Ly et Fallou Ngom ont été attraits devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar ce 26 avril 2022 pour répondre des faits d'abus de confiance, falsification de données d'un système informatique au préjudice de la compagnie C3S. En effet, les responsables de l'entreprise ont constaté des manquants au niveau du dépôt des tuiles estimées à un montant de 78 millions de nos francs. Épinglés tous, les mis en cause risquent 2 ans de prison ferme. Le jugement sera rendu le 03 mai prochain.

Devant le prétoire, les prévenus ont tous nié les faits. Interrogé en premier, le contrôleur de C3s, Pape Oumar Ly, un des mis en cause a fait savoir dans ses explications qu'il y avait 3 000 tuiles et il laisse entendre qu'il n’avait pas estimé le montant. « Au départ, on avait dit que plus de 100 feuilles avaient manqué et la feuille coûtait 10 000 francs ». Toutefois, il affirme que toutes les portes sont fermées à la descente et il y a plusieurs caméras de surveillance dans l'entreprise. « J’ai fait 19 ans et 6 mois dans l’entreprise et j’ai été un des premiers employés. Je n’ai jamais eu de problème avec la société. Il m’avait recruté sur la base de mon expérience », se défend-il.

A son tour, son co-prévenu Cheikh Diop, responsable du dépôt avoue que des données ont été modifiées dans la machine. « Mon travail consiste à la livraison des bons. Je ne fais que contrôler le bon après réception. Je ne livre que le contenu du bon », dit-il.
Quant à Fallou Ngom, gestionnaire du stock et ancien étudiant au département de Lettres modernes de l’Ucad affirme que c’est le directeur qui lui avait remis le code. « C’est l’administrateur qui m’avait demandé de le remettre au contrôleur pour assurer la relève à mon absence. Je ne suis pas la seule personne qui a accès dans la machine, quatre autres personnes y ont accès à savoir l’administrateur, l’informaticien, le contrôleur et moi-même. Et ils ont utilisé mon identifiant, mais je ne suis pas l’auteur de ces falsifications », se dédouane-t-il.
Témoin dans cette affaire, Sokhna Ngoné Ndiaye, une des employées de la société C3S déclare devant le prétoire avoir effectué l'audit. « Je suis chargé de veiller au fonctionnement de l’entreprise et d’éviter des manquements. Le 05 janvier 2022, j’ai ouvert un fichier au niveau du service commercial, j’ai constaté un dysfonctionnement. Par la suite, j'ai contacté le Daf pour lui notifier que le stock de 05 mars 2019 de 443 pièces, de moins de 507 du 25 mars 2022 a été retouché. Et, le prix des conteneurs est venu en janvier 2016 et les stocks ont été datés de 2017, d’autres en 2019. Nous avons un logiciel qui nous permet de constater des défaillances », affirme t-elle.
Elle ajoute qu'un dépôt de 2016 a été modifié en 2020 par Fallou Ngom dans la période allant de 12 mars 2020 à mars 2021. « Nous avons 18 dépôts à travers tout le Sénégal. Les dépôts secondaires n’ont pas le droit de livrer. Des données de 2016 ont été transférées vers l’exercice comptable de 2019. Quand, ils veulent voler, ils font recours aux bons de 2016 auxquels ils ajoutent un surplus ensuite, ils ajoutent à un bon daté en 2022 », dit-elle.
Poursuivant son argumentaire, Sokhna Ngoné Ndiaye révèle que lors du dernier contrôle au dépôt de Sodida, 2,5 mètres de tuiles, réel 00, en 2021. "Quand je suis revenu, j’ai trouvé en janvier 2022, 7 227 tuiles. Les 932 tuiles de 2,5 mètres de couleur gris ont disparu", a-t-elle dénoncé.

Le directeur administratif et financier (Daf), Diogob Ndiaye a déclaré à la barre avoir été informé par Sokhna Ngoné suite à une défaillance signalée avec la modification des dates et les écritures. « Lorsque, nous avons effectué un contrôle, des écarts physiques ont été constatés et qui ne sont pas distribués. Nous partageons le même serveur et personne ne peut apporter des corrections sur le compte d’autrui. Quand on ajoute ou soustrait des données, tout le monde constate le mouvement à travers le serveur », dit-il.
La partie civile réclame 100 millions pour dommages et intérêts avant de faire savoir que des falsifications ont été faites pour dissimuler du matériel. Prenant la parole, le représentant du ministère public a souligné dans son réquisitoire qu'il y a abus de confiance et falsification de données informatiques. Suffisant pour lui de demander que les prévenus soient condamnés à deux ans de prison ferme.

Me Ousmane Thiam avocat de Fallou Ngom estime que rien n'est fiable dans ce dossier. Concernant la falsification, précise la robe noire, le tribunal n'a aucune preuve.
Le verdict sera rendu le 03 mai prochain.
Mercredi 27 Avril 2022
Dakar actu




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