Abdou Karim Sakho, Coordonnateur du PNLE : "Le probème des encombrements est une vraie question au Sénégal!"

L’encombrement est une vraie question au Sénégal. Dans ce cadre, le Ministre Diène Farba SARR, pour matérialiser la vision du Président de la République Macky SALL, manifestée dans le PSE, a confié au PNLE, dirigé par Monsieur Abdou Karim Sakho, la modernisation du stationnement à Dakar et dans les autres grandes villes du Sénégal. Son ambition est d’arriver à remettre les choses en ordre mais également à créer des emplois à travers l’installation des parkings payants.


Abdou Karim Sakho, Coordonnateur du PNLE : "Le probème des encombrements est une vraie question au Sénégal!"
Quelle est la mission qui est assignée à votre structure Monsieur SAKHO ?

Le Programme National de Lutte contre les Encombrements (Pnle) a été créé en 2013 sur les cendres de la Direction de la Lutte contre les Encombrements (DLE). Il a pour mission de veiller au respect des lois et règlements en matière d’occupation de l’espace public et de proposer tous textes pertinents et relatifs, d’élaborer et de mettre en œuvre la stratégie nationale de lutte contre les encombrements, d’appuyer les collectivités locales, notamment les communes dans la gestion de l’espace public y compris la mise en œuvre des agents écovigiles chargés du désencombrement, de sensibiliser le public sur la nécessité de préserver les espaces publics ; De contribuer à la gestion rationnelle des trottoirs ; De contribuer à l’aménagement préventif des voies et espaces publics…

Quel peut être son rôle aujourd’hui ?

Le Pnle se positionne ainsi comme une rampe dans la vision du Président de la République dans le cadre du Pse, précisément dans sa phase aménagement et développement structurant. Parmi les projets les plus enviables du Pnle, il faut noter le projet de stationnement payant et de parking payant à Dakar et sa banlieue.

Quelle est la teneur et la pertinence de ce projet ?

Le projet de stationnement et de parking payant est un projet d’envergure nationale, mais dans sa phase pilote, le projet  ne  va concerner que quatre communes de DAKAR qui sont la commune de Gueule Tapée, Fass, Colobane, la commune de Médina, la commune de Grand Dakar, la commune de Point E. D’ailleurs, d’ici la fin de l’année, il sera lancé le projet test de stationnement payant et de parking payant dans la commune de Gueule Tapée, Fass, Colobane où il est prévu 3000 places de stationnement et deux parkings privés payants. Sa pertinence tient, entre autres, au fait que ce projet va être une réponse au déficit budgétaire constaté au niveau des communes avec l’acte 3 de la décentralisation, en plus de sa dimension sécuritaire et d’offre d’emplois pour les jeunes. C’est un projet qui va ainsi s’articuler sur trois leviers que sont : une augmentation des recettes au niveau des communes  impactées, le désengorgement et le nettoiement des artères et la sécurisation des populations et de leurs biens, le recrutement des jeunes au niveau des collectivités locales. Pour exemple avec le projet test, il prévu le recrutement de 160 agents du stationnement et des recettes annuelles estimées à 200 Millions pour la commune de Gueule Tapée, Fass, Colobane.
 
Allez-vous étendre ce programme dans les autres régions ?   

Après Dakar et sa banlieue, le Pnle compte d’ici 2017 étendre le projet dans toutes les grandes villes du pays (Kaolack, Thiès, Mbour, Ziguinchor, Touba, Tivaouane, etc.). Donc à terme il est prévu le recrutement de 10.000 jeunes pour Dakar et sa banlieue d’ici fin 2016 et probablement, en 2017, 10.000 autres jeunes seront recrutés dans l’intérieur du pays.

Avez-vous des bailleurs qui vous accompagnent dans l’exécution de ce vaste et ambitieux
programme?


Tout compte fait, dès que le Ministre a fini de me confier cette responsabilité, il m’appartient maintenant en tant que cadre de réfléchir sur les possibilités de recherche de moyens pour faire avancer mon programme. C’est pourquoi ma première réflexion a été orientée sur la recherche de partenariat, question d’établir un partenariat public-privé. C’est ainsi que j’ai été voir beaucoup de Maires ; échanger, discuter et partager avec eux sur les responsabilités qui m’étaient offertes en tant que programme pour les accompagner et les appuyer conformément à ma lettre de mission. Heureusement que tous les maires que j’ai rencontrés ont adhéré successivement à mes projets car, quelque part, ils y ont tous trouvé leurs comptes. Je dois vous dire sincèrement qu’au stade où nous sommes, j’ai reçu deux firmes françaises : Parkéon et Aximum qui sont  respectivement les numéros 1 et 2 du stationnement en Europe, pour avoir équipé et géré pratiquement toutes les grandes villes de France et d’Europe. J’ai également reçu des bailleurs canadiens qui ont eu vent du projet et débarqué au Sénégal. Je dois également vous dire que l’étude de faisabilité du projet est attribuée à un cabinet d’études sénégalais avec une expertise avérée et nous attendons le livrable la semaine prochaine. Comme avec les Maires, le PNLE va signer une convention avec le bailleur ou l’opérateur avec la délimitation de nos actions respectives.
 
Quels sont les parties impliquées dans la mise en œuvre de ce programme ?

La mise en œuvre des projets de mon programme nécessite l’implication de beaucoup de personnes. La commune va mettre à la disposition du projet, son territoire qui va accueillir les places réservées au stationnement payant et de sites clôturés pour abriter des parkings payants. En contrepartie, elle aura un quota sur le recrutement d’agents de stationnement et une partie des recettes issues du stationnement sera versée directement à la commune et tout cela se fera sur la base d’une convention qui va lier le PNLE et la commune, après délibération du conseil municipal…
Le Pnle en tant qu’Etat qui aura la charge de recruter et de former les agents du stationnement qui vont exploiter le matériel destiné au projet (horodateurs) et qui seront également payés par le Pnle sur la base des recettes du stationnement. Le bailleur ou l’opérateur va financer le projet par l’achat d’horodateurs, de caméras de surveillance, des sabots,  de camions grues, de tenues pour les agents, de talkie-walkie, d’équipements de la salle de visionnage et des kiosques de ventes de cartes prépayées. Une fois que l’opérateur aura fini d’installer son matériel, la seule charge qui va lui revenir, c’est la maintenance du matériel et toutes les autres charges seront supportées par le PNLE. Contrairement à ce qui se faisait à Dakar plateau avec les stationnements sur parcomètres, notre opération va nécessiter l’utilisation de cartes prépayées et la possibilité de s’abonner et de payer par son téléphone portable avec le système 3G.

Quels projets avez-vous pour les autres régions du Sénégal ?

C’est vrai, le Pnle est un programme national qui concerne la grande agglomération de Dakar et sa banlieue et les 13 autres régions du Sénégal. Notre ambition est d’uniformiser nos actions au niveau de toutes les villes du pays. Le mal est profond et les mêmes habitudes se retrouvent à travers le pays. L’acte III de la décentralisation a quand même donné une chance égale à toutes les collectivités qui consiste à une responsabilisation globale des Maires. Le Maire de la commune de Medina à Dakar a les mêmes compétences et responsabilités que le Maire de Thiomby dans le Saloum. Ce qui fait la différence aujourd’hui, c’est le pragmatisme et la disponibilité intellectuelle pour faire face à certaines sollicitations des populations. Notre projet est venu au moment opportun et va apporter des ressources additionnelles aux collectivités créé par l’acte III. Autant, avec le projet pilote, toutes les autres communes de Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque, seront concernées ; les autres communes du Sénégal, qui en ont la capacité,  seront aussi dotées du même système de stationnement payant et de parking payant et le mode de fonctionnement sera standardisé avec le même système de recrutement des jeunes au niveau local.
 

La Tribune 
Jeudi 5 Novembre 2015




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