« Soudanisation du Mali » : La réponse de l'ambassadeur du Soudan à Ibrahima Mbodj


L’Article susvisé est donc paru dans la livraison n°14814 du mardi 15 Octobre 2019 du quotidien national Le Soleil, sous la plume de M.Ibrahima MBODJ.
 
L’auteur a tout d’abord abordé la situation au Nord du Mali, dominé aujourd’hui par les groupes rebelles. Concernant le Soudan, l’auteur a fait une comparaison entre le Soudan et la situation actuelle au Mali, et selon lui cette comparaison se décline en deux points précis :
 
Le premier point :
 
L’auteur fait savoir que dans les deux cas, il y a, d’un côté, une majorité (arabe ou noir) et de l’autre une minorité (noir ou touarègue) qui ont du mal à cohabiter.
 
Ici la comparaison est erronée, car il n’existe pas au Soudan une race majoritaire et une autre minoritaire. L’origine de la guerre avec le sud Soudan n’avait rien a voir avec des considérations raciales, mais plutôt à cause des écarts en matière de développement entre le Nord et le Sud du pays, du fait de la politique du colonisateur britannique, qui avait instauré la loi des régions fermées, en empêchant tout contact entre les citoyens soudanais au Nord et au Sud du pays, et en mettant en place des projets de développement dans le Nord tout en imposant intentionnellement, un blocus au Sud du pays.
 
Il permettait également aux églises de pratiquer leur mission d’évangélisation au Sud-Soudan, tout en privant les prédicateurs et les cheikhs musulmans de ce droit, ainsi que l'adoption d'un certain nombre de personnes après les avoir christianisées et les éduquées dans des établissements d'enseignement britanniques aux dépens de l'église, tout comme ils les ont inculqués des sentiments de haine et d’animosité à l’encontre du Nord Soudan.
 
C’est donc pour ces raisons, en résumé, que la rébellion a éclaté au Soudan du Sud et, et ce au lendemain de l’accession du Soudan à l’indépendance. De la même manière, après l’Independence, les gouvernements nationaux ne se sont pas attaqués au problème des disparités de développement entre le Nord et le Sud-Soudan, aggravant ainsi la crise qui existait déjà.
 
Je répète que tous les chercheurs et ceux s’intéressent à l'histoire du Soudan savent pertinemment que les raisons de l'éclatement de la guerre au Sud-Soudan, qui a conduit à la sécession de cette partie qui nous est chère, n’est point causé par un conflit entre une majorité et une minorité raciale. A signaler ici qu’il n’existe d’ailleurs pas au Soudan une pureté raciale, cela signifie qu’il n’existe pas dans notre pays, une race purement arabe. La terre soudanaise est venue d’une fusion, et les tribus Négro et arabes se sont mariées entre elles, des unions dont est né le Soudan, d’où cette difficulté de décrire la plupart des soudanais comme étant des Nègres ou des Arabes de pur sang.
 
Ainsi donc, les soudanais se limitent d’habitude à se décrire comme étant simplement des soudanais tout court ; car il est difficile pour la plupart d’entre eux de se déclarer comme étant nègre pur sang ou arabe pur sang. Nous, nous sommes des soudanais, et fiers de l’être ; point barre!
 
Le deuxième point :
 
Dans sa tentative d’établir une similitude entre le Mali et le Soudan, l’auteur fait comprendre que dans les deux pays, c’est la géopolitique des matières premières qui est le facteur ayant rendu la situation compliquée.
 
Sur ce point, mon accord avec l’auteur est total ; et je me permet de convenir avec lui que la découverte du pétrole au Sud-Soudan a été l'un des facteurs principaux ayant suscité la convoitise de certaines puissances internationales, qui n’ont pas hésité à soutenir la rébellion au sud du Soudan, sous le leadership de Dr John Garang, et à ouvrir les hostilités à l’contre du gouvernement soudanais, dont elles se sont mises à corner l’image dans les médias, et cela du fait de leur cupidité pour les ressources pétrolières et minérales que regorge le Sud-Soudan, à qui le gouvernement soudanais a décidé d’accorder l’indépendance, en faisant appel à l'expertise de trois pays de l'Asie de l'Est, à savoir la Chine, la Malaisie et l’Inde ; étant précisé que le gouvernement soudanais était obligé de choisir cette option, après qu’il est mis en embargo par les pays occidentaux, qui l’ont aussi privé de l’aide occidentale.
 
Je conclus ainsi en réaffirmant la non-existence d’aucune similitude entre le Soudan et ce qui se passe actuellement au Mali. Cela dit, je ne saurais pas m’empêcher de souligner ici que le Mali est un pays ami du Soudan, et que son peuple entretient de nombreux liens culturels et religieux avec le Soudan et son peuple.
 
Qu’Allah gratifie le peuple du Mali, de sécurité, de stabilité et de prospérité.
 
L’Ambassadeur du Soudan
 
Khalid Abdelgadir Shukri
Jeudi 17 Octobre 2019
Dakar actu




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