Société : Quand les traitements médicaux pour la peau transitent dans les rayons de boutiques de beauté et menacent des vies.


Trouver une injection pour blanchir la peau, c’est aussi simple de nos jours dans la capitale Sénégalaise que d'acheter du pain. Mais c’est toujours hors de prix si c’est n’est pas du faux. Il faut forcément y mettre le prix qui varie selon les « chimistes ». Un prix faramineux qui peut coûter la vie. Awa Ndiaye, la trentaine au teint marron, se rappelle le  jour où elle a failli y laisser sa vie. « Par l’intermédiaire d’une amie, j’ai eu la chance de me procurer une injection « Méso Traitement »,  qui vient de Thaïlande si je ne m'abuse.

Mais malheureusement pour moi je n’ai pas supporté l’injection. Je suis tombée très malade, avec des vomissements, des nausées et des évanouissements. Cela fait des années que je me dépigmente. Mais je n’avais pas le teint voulu…C’est pourquoi j’ai voulu tenter une  expérience qui a failli m'ôter la vie », a-t-elle  ajouté.

Ces produits qui sont souvent  prescrits pour des traitements médicaux, sur ordonnance, sont maintenant vendus par des fournisseurs qui s’activent dans l’industrie de la beauté qui est très rentable. Ces injections peuvent coûter des centaines de milliers de FCFA et ceux qui pratiquent ces injections, souvent des « infirmiers », d'après nos sources, peuvent percevoir jusqu’à 25.000 FCFA pour une simple injection, ou perfusion pour les plus téméraires.

« Moi j’utilise les injections à base de glutathione que je renouvelle une fois par semaine… Je n’ai pas eu d’effet secondaire, mais c’était lassant et commençait à devenir cher pour ma bourse. J’ai abandonné. C’est des produits hyper chers et si tu ne fais pas attention tu peux tomber sur un faux produit qui peut t’apporter des complications. C’est toujours le cas malheureusement et cela peut coûter la vie. C’est pourquoi il ne faut pas badiner avec ces injections intraveineuses... », nous dira Fatou Kiné Diop, tenante d’un Salon de Beauté à Rufisque. 

Aminata Sow, de taille élancée, le teint clair, la vingtaine, ne cache pas sa peur quand on aborde le sujet avec elle. « Faire des injections pour blanchir ! Je n’ose même pas. On peut mourir avec ces produits. Je tiens trop à ma santé. Quand j’entends des femmes qui abordent le sujet, je ne cache jamais mon ressentiment. La dépigmentation est dangereuse pour la santé, même si je le pratique. Mais prendre des injections, c’est du suicide et un gâchis. Tout ce qui est étranger à notre organisme finira par sortir. Une injection à cent pour cent fiable n’existe pas. Tôt ou tard les effets secondaires seront là et bonjour les dégâts », a-t-elle martelé avec fermeté.

Un avis bien partagé par la Dermatologue de l’Hôpital Youssou Mbargane Diop de Rufisque. Selon le Dr Ndèye Marième Ndiaye, « le Glutathion  en lui-même n’est pas dangereux. D’ailleurs il est naturellement présent dans notre organisme et il est particulièrement indispensable. Il a pour fonction de détoxifier les cellules et de les protéger contre les radicaux  libres, les métaux lourds et les rayons UV… »

En le prenant, cela ne blanchit pas la peau, mais donne un teint un peu clair, d’où l’effet recherché par ces utilisateurs. Parce que ce n’est plus seulement les femmes qui utilisent ces produits. « L’effet secondaire de ces médicaments peut entraîner l’éclaircissement de la peau. C’est cet effet secondaire que les gens utilisent. Par exemple, vous avez une pathologie X qui nécessite une injection de diprostène ou corticoïde, une à deux fois, la peau s’éclaircit certes, mais elle regagne son teint d’avant, après le traitement. Mais s’il est utilisé à d'autres fins et de manière abusive, cela va  créer des désordres. C’est le cas avec l’augmentation des fesses et des seins. On prend des injections pour les augmenter mais ce sont des muscles alors qu’ils ne sont pas les seuls muscles du corps. Les cellules vont grossir et c’est très dangereux  …. », selon Mme Ndiaye.

Pourtant ces pratiques sont interdites par la loi et ces médicaments pour les acheter, il faut se munir d’une ordonnance, « comment font-ils donc pour s’en procurer », s’interroge la dermatologue.

Une question qui semble anodine du moment où les post qui proposent ces injections pullulent  sur la toile. Des boutiques virtuelles qui proposent des livraisons à domicile. Des boutiques en ligne qui se referment dès qu’on essaie d’avoir des renseignements sur ces produits. C’est le cas d’un fournisseur basé au Nigéria et qui a des représentants un peu partout en Afrique. L’administrateur a tout bonnement refusé d’apporter des éclaircissements sur la qualité des injections proposées et a préféré couper tout contact après nos questions…        
Lundi 25 Janvier 2021




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