Rétropédalage ou stratégie? Comment Yewwi s’est-elle retrouvée à "trainer" des casseroles

Depuis sa percée aux élections locales dans plusieurs grandes villes du Sénégal, la coalition Yewwi Askan Wi n’a pas voulu faire pédale douce. Elle opte pour des stratégies frontales face à la forte mobilisation du Benno, malgré le résultat positif obtenu dans ces élections territoriales passées. Mais après six mois, une autre compétition va devoir opposer les deux coalitions lors des élections législatives du 31 juillet 2022.


Après le dépôt de leur liste au niveau de la direction générale des élections, les deux coalitions Benno Bokk Yakaar et de Yewwi Askan Wi ont vu toutes les deux, leurs listes rejetées. Il s’agit précisément de celle de la partie des titulaires pour la coalition de l’opposition et celle des suppléants pour le compte de Benno Bokk Yakaar. En effet, le ministère, avait jugé la liste de titulaires de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi « incomplète » car la coalition avait investi deux fois la même personne à la fois en tant que titulaire et en tant que suppléante. Pour le cas de la coalition de la majorité Benno Bokk Yakaar, c’est plutôt l’inverse : les titulaires de la liste nationale menée par Aminata Touré sont validés, mais pas les suppléants. Il leur a été reproché le non-respect de la parité. D’ailleurs, dans un post du leader de Pastef, Ousmane Sonko notait : « Dommage. Une dernière faute d’inattention vient compromettre notre liste nationale, tout le travail abattu par Yewwi risque de remettre les compteurs à zéro avec l’autre coalition. Terrible et dommage ! » Cette phrase avait même été reprise par les acteurs du camp de Benno pour rappeler que même, la tête de liste nationale de Yewwi reconnaissant leurs erreurs, s’obligerait à respecter pour une fois la décision du conseil constitutionnel. 

Un coup dur pour Yewwi Askan Wi qui ne compte pas se laisser piétiner car, estimant inadmissible, des leaders comme Aïda Mbodj, Habib Sy, Malick Gakou ne puissent figurer sur les listes et par conséquent participer aux élections législatives. Elle dénonce en effet, une « forfaiture », un « parti pris » et une « provocation inacceptable » pour, selon elle, éliminer ses candidats de la course. Elle promet une riposte « énergique ». Yewwi descend sur le terrain pour mobiliser ses troupes. Ce qui avait été une réussite le 08 juin dernier où la Place de la Nation a refusé du monde. Plusieurs militants en provenance de différents lieux du pays, sont venus soutenir les leaders de la coalition Yewwi Askan Wi. 

Toujours dans le cadre du combat contre l’invalidation de leur liste, un autre rassemblement a été annoncé pour le vendredi 17 juin à la même place. Interdit par les autorités, il finit par  générer des heurts entre les forces de l’ordre et les manifestants, qui ont fait au moins trois victimes à Dakar, Ziguinchor et Bignona (Sud) et quatre grandes figures de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi, également seront interpellées. Au cours d’un point de presse au siège du leader du PRP arrêté, Ousmane Sonko annonce une autre mobilisation le 29 juin 2022. Et cette fois, le leader de Pastef sera sans ambages : « Moi, Ousmane Sonko, on va m’arrêter ou me liquider, mais ce qui est arrivé le 17 ne se répétera plus… » avait-il argué, annonçant même une autre forme de stratégie : le concert des casseroles 48h après la rencontre avec la presse. Ce qui a été exécuté par une bonne partie de la population. La décision de manifester le 29 avait été annoncée avec beaucoup d’espoir pour les partisans de cette coalition de montrer leur amertume et de dénoncer les abus du régime. L’arrestation arbitraire des leaders, le fait de vouloir museler des adversaires politiques, tout semblait être bien huilé pour Yewwi pour cette fois-ci, après le fiasco du 17. Celle-ci sera encore rangée aux oubliettes.

En effet, le point de presse de la coalition Yewwi Askan Wi de ce matin a été l’occasion pour Aïda Mbodj, membre de la conférence des leaders, d’annoncer, après concertations avec plusieurs couches représentatives et soucieuses de la stabilité du pays, le sursis de cette manifestation. Contexte de Tabaski et de pèlerinage oblige. Mais est-ce une raison ou un prétexte valable pour se résigner devant l'invalidation de leurs listes de titulaires ? L’opposition n’est-elle pas dos au mur en acceptant de laisser la liste des suppléants aller aux élections face aux titulaires de Benno ? La coalition Yewwi Askan peut toutefois se donner d’autres moyens de lutte,  notamment le « fameux concert de casseroles. » D’ailleurs, le leader de Pastef annonce une nouvelle phase de 30 mn demain jeudi, à 20h. Dans ces casseroles, Yewwi trouvera-t-elle assez d’aliments de qualité pour calmer sa faim ? Mystère et boule de gomme...
 
Mercredi 29 Juin 2022




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