
Moussa Tall, commerçant : «On a failli mourir au camp de concentration. On nous donnait, chaque jour, un morceau de pain et du riz sec»
«Je m’appelle Moussa Tall. Je suis originaire de la région de Matam. Je suis marié et père de deux enfants. Depuis 2008, je fais la navette entre le Gabon et le Sénégal. Mais, c’est en 2013 que j’ai décidé de m’établir au Gabon. J’y tenais une boutique. J’ai été arrêté au dernier jour du mois de Ramadan. Ce jour-là, j’étais sorti pour aller acheter des marchandises.
En cours de route, j’ai croisé les policiers qui faisaient la ronde aux alentours. Ils m’ont interpellé avant de me demander ma carte de séjour. Je leur ai signifié que je n’en avais pas. C’est sur ces entrefaites qu’ils m’ont embarqué dans la voiture avant de me conduire dans un camp de concentration où j’ai passé dix-neuf jours. Mais, nous vivions l’enfer dans ce camp. Les conditions de détention y étaient extrêmement difficiles. On mangeait un seul repas par jour et c’était un morceau de pain et du riz sec. On a failli mourir là-bas. On a beaucoup souffert. On m’a refoulé les poches vides. Je n’ai rien ramené avec moi. J’ai laissé tous mes biens là-bas, alors que je travaillais comme un forcené. Mais, en tant que croyant, j’accepte la volonté divine. Tout le sort qui s’abat sur moi relève de la volonté divine. Je ne pense plus retourner au Gabon. J’ai été déçu. On nous a maltraités. Je n’avais jamais pensé qu’un africain pouvait faire subir de telles atrocités à son semblable. Les policiers nous traitaient de tous les noms. Ils nous traitaient de moutons, de sauvages et de singes. Mais, je suis rentré en bonne santé et j’en rends grâce au bon Dieu. L’Etat du Sénégal nous a donnés, chacun, la somme de 195 mille francs Cfa. Je vais, avec cette somme, acheter de nouveaux habits et quelques affaires pour ma femme et mes enfants avant de rallier mon Matam natal.»
Moussa Diaw, maçon : «Je ne compte plus revivre le calvaire que j’ai vécu au Gabon»
«Je me nomme Moussa Diaw. J’ai 24 ans et j’habite à Guédiawaye (banlieue dakaroise). C’est en décembre 2014 que j’ai quitté le Sénégal pour déposer mes baluchons au Gabon. Depuis lors, j’y vivais sans problème. J’exerçais le métier de maçon. Je peux vrai- ment dire que j’ai eu de la chance dans ce pays d’autant que je n’ai pas mis beaucoup de temps pour trouver du boulot. J’ai été employé dans la construction et je gagnais quotidiennement 12 mille francs Cfa. J’avais commencé à envoyer de l’argent à mes parents et ils étaient fiers de moi. Mais, tout s’est renversé avec mon arrestation. Au fait, j’ai été arrêté à la veille de la fête de la Korité, à quelques encablures de mon lieu de travail. Je m’apprêtais à aller faire des emplettes au centre-ville quand la voiture des limiers gabonais s’est garée devant moi. Après avoir su que je vivais dans la clandestinité, ils m’ont conduit manu militari au camp de concentration. J’y ai vécu 20 jours d’enfer. Les conditions de détention y étaient exécrables. On nous servait de la pourriture à l’heure des repas. Certains souffraient même de diarrhée à cause de la mauvaise nourriture qu’on nous donnait. Mon rapatriement me fait vraiment mal parce que j’étais bien parti. J’étais sur la voie de la réussite. Hélas, toutes mes ambitions sont réduites à néant. Mon rêve a été brisé. Je suis rentré au Sénégal sans un seul centime. Heureusement que j’ai eu le soutien de ma famille, sinon les choses allaient empirer. Car, on m’a dépouillé de tous mes biens avant d’être jeté au Sénégal comme un criminel. Mais, je m’en remets au bon Dieu. Je suis encore jeune et j’ai tout mon avenir devant moi. Je ne peux pas affirmer de façon péremptoire que je ne vais plus migrer, mais j'y réfléchirais bien. Je ne compte plus revivre dans ma vie le calvaire que j’ai vécu au Gabon. Rien n'en vaut la peine!»
Abdou Karim, chauffeur : «Nous étions plus de 140 personnes dans une chambre, entassés comme des sardines à même le sol»
«Je m'appelle Abdou Karim, célibataire sans enfant. Je vis aux Parcelles Assainies (Dakar). On m’a arrêté le jour où j’ai fais mes deux ans au Gabon. C’était le 17 juillet dernier, alors que je n’ai pas volé encore moins tué quelqu’un. J’étais dans mon lieu de travail. En fait, je travaillais au Port comme chauffeur. Je gagnais chaque jour 16 mille francs Cfa. Je ne disposais pas de carte de séjour, mais j’ai eu la chance d’obtenir un bon job. J’ai été arrêté deux jours avant la fête de la Korité. Je faisais tranquillement mon travail. Tout d’un coup, les policiers ont fait irruption sur les lieux pour contrôler les étrangers. Je n’avais pas eu le temps d’aller me cacher à temps et j’ai été interpellé. Ils m’ont demandé ma carte de séjour et, comme je n’en disposais pas, ils m’ont demandé de monter dans leur voiture. Je leur ai demandé l’autorisation d’appeler mes compatriotes pour les informer de mon arrestation, mais leur refus était catégorique. On m’a mis en garde à vue dans un camp de concentration pendant 21 jours. La vie dans ce lieu était vraiment infernale. Nous étions plus de 140 personnes dans une chambre, entassées comme des sardines. On couchait par terre, sur des carreaux.
On n’avait pas droit à un matelas encore moins une couverture. On ressemblait à des animaux parqués dans un enclos. Quoi qu’il en soit, j’admets que c’est dur d’être rapatrié. C’est vraiment insupportable! C’est la raison pour laquelle, je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer le jour où on nous acheminait à Dakar. Ma vie commençait à être rose au Gabon. Donc, je ne pouvais pas comprendre qu’on veuille la faire basculer du tac au tac. J’avais mal de rencontrer mes parents sans le moindre sou dans mes poches. Si l’Etat ne nous avait pas donné les 195 mille francs Cfa, je serais rentré chez moi les mains vides...»
«Je m’appelle Moussa Tall. Je suis originaire de la région de Matam. Je suis marié et père de deux enfants. Depuis 2008, je fais la navette entre le Gabon et le Sénégal. Mais, c’est en 2013 que j’ai décidé de m’établir au Gabon. J’y tenais une boutique. J’ai été arrêté au dernier jour du mois de Ramadan. Ce jour-là, j’étais sorti pour aller acheter des marchandises.
En cours de route, j’ai croisé les policiers qui faisaient la ronde aux alentours. Ils m’ont interpellé avant de me demander ma carte de séjour. Je leur ai signifié que je n’en avais pas. C’est sur ces entrefaites qu’ils m’ont embarqué dans la voiture avant de me conduire dans un camp de concentration où j’ai passé dix-neuf jours. Mais, nous vivions l’enfer dans ce camp. Les conditions de détention y étaient extrêmement difficiles. On mangeait un seul repas par jour et c’était un morceau de pain et du riz sec. On a failli mourir là-bas. On a beaucoup souffert. On m’a refoulé les poches vides. Je n’ai rien ramené avec moi. J’ai laissé tous mes biens là-bas, alors que je travaillais comme un forcené. Mais, en tant que croyant, j’accepte la volonté divine. Tout le sort qui s’abat sur moi relève de la volonté divine. Je ne pense plus retourner au Gabon. J’ai été déçu. On nous a maltraités. Je n’avais jamais pensé qu’un africain pouvait faire subir de telles atrocités à son semblable. Les policiers nous traitaient de tous les noms. Ils nous traitaient de moutons, de sauvages et de singes. Mais, je suis rentré en bonne santé et j’en rends grâce au bon Dieu. L’Etat du Sénégal nous a donnés, chacun, la somme de 195 mille francs Cfa. Je vais, avec cette somme, acheter de nouveaux habits et quelques affaires pour ma femme et mes enfants avant de rallier mon Matam natal.»
Moussa Diaw, maçon : «Je ne compte plus revivre le calvaire que j’ai vécu au Gabon»
«Je me nomme Moussa Diaw. J’ai 24 ans et j’habite à Guédiawaye (banlieue dakaroise). C’est en décembre 2014 que j’ai quitté le Sénégal pour déposer mes baluchons au Gabon. Depuis lors, j’y vivais sans problème. J’exerçais le métier de maçon. Je peux vrai- ment dire que j’ai eu de la chance dans ce pays d’autant que je n’ai pas mis beaucoup de temps pour trouver du boulot. J’ai été employé dans la construction et je gagnais quotidiennement 12 mille francs Cfa. J’avais commencé à envoyer de l’argent à mes parents et ils étaient fiers de moi. Mais, tout s’est renversé avec mon arrestation. Au fait, j’ai été arrêté à la veille de la fête de la Korité, à quelques encablures de mon lieu de travail. Je m’apprêtais à aller faire des emplettes au centre-ville quand la voiture des limiers gabonais s’est garée devant moi. Après avoir su que je vivais dans la clandestinité, ils m’ont conduit manu militari au camp de concentration. J’y ai vécu 20 jours d’enfer. Les conditions de détention y étaient exécrables. On nous servait de la pourriture à l’heure des repas. Certains souffraient même de diarrhée à cause de la mauvaise nourriture qu’on nous donnait. Mon rapatriement me fait vraiment mal parce que j’étais bien parti. J’étais sur la voie de la réussite. Hélas, toutes mes ambitions sont réduites à néant. Mon rêve a été brisé. Je suis rentré au Sénégal sans un seul centime. Heureusement que j’ai eu le soutien de ma famille, sinon les choses allaient empirer. Car, on m’a dépouillé de tous mes biens avant d’être jeté au Sénégal comme un criminel. Mais, je m’en remets au bon Dieu. Je suis encore jeune et j’ai tout mon avenir devant moi. Je ne peux pas affirmer de façon péremptoire que je ne vais plus migrer, mais j'y réfléchirais bien. Je ne compte plus revivre dans ma vie le calvaire que j’ai vécu au Gabon. Rien n'en vaut la peine!»
Abdou Karim, chauffeur : «Nous étions plus de 140 personnes dans une chambre, entassés comme des sardines à même le sol»
«Je m'appelle Abdou Karim, célibataire sans enfant. Je vis aux Parcelles Assainies (Dakar). On m’a arrêté le jour où j’ai fais mes deux ans au Gabon. C’était le 17 juillet dernier, alors que je n’ai pas volé encore moins tué quelqu’un. J’étais dans mon lieu de travail. En fait, je travaillais au Port comme chauffeur. Je gagnais chaque jour 16 mille francs Cfa. Je ne disposais pas de carte de séjour, mais j’ai eu la chance d’obtenir un bon job. J’ai été arrêté deux jours avant la fête de la Korité. Je faisais tranquillement mon travail. Tout d’un coup, les policiers ont fait irruption sur les lieux pour contrôler les étrangers. Je n’avais pas eu le temps d’aller me cacher à temps et j’ai été interpellé. Ils m’ont demandé ma carte de séjour et, comme je n’en disposais pas, ils m’ont demandé de monter dans leur voiture. Je leur ai demandé l’autorisation d’appeler mes compatriotes pour les informer de mon arrestation, mais leur refus était catégorique. On m’a mis en garde à vue dans un camp de concentration pendant 21 jours. La vie dans ce lieu était vraiment infernale. Nous étions plus de 140 personnes dans une chambre, entassées comme des sardines. On couchait par terre, sur des carreaux.
On n’avait pas droit à un matelas encore moins une couverture. On ressemblait à des animaux parqués dans un enclos. Quoi qu’il en soit, j’admets que c’est dur d’être rapatrié. C’est vraiment insupportable! C’est la raison pour laquelle, je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer le jour où on nous acheminait à Dakar. Ma vie commençait à être rose au Gabon. Donc, je ne pouvais pas comprendre qu’on veuille la faire basculer du tac au tac. J’avais mal de rencontrer mes parents sans le moindre sou dans mes poches. Si l’Etat ne nous avait pas donné les 195 mille francs Cfa, je serais rentré chez moi les mains vides...»
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