Menace d'Aqmi contre les sociétés occidentales installées dans le Sahel : A quoi faut-il s'attendre ?


Menace d'Aqmi contre les sociétés occidentales installées dans le Sahel : A quoi faut-il s'attendre ?
Mardi 08 mai, dans la soirée, Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a publié un communiqué dans lequel il menace les entreprises occidentales, notamment françaises établies dans le Sahel.


Dans le texte, la succursale d'Al Qaida dans le Maghreb et le Sahel accuse les sociétés occidentales de piller les ressources de l'Afrique et fait savoir qu'elles sont dans son viseur. « Une menace qu'il faut prendre très au sérieux » si on se fie au journaliste Wassim Nasr. 

Contacté par Dakaractu, le spécialiste des mouvements jihadistes et auteur du livre “L'Etat islamique : le fait accompli”, est d'autant plus convaincu du caractère sérieux de cette menace que celle-ci entre en droite ligne avec les récentes sorties médiatiques d'Ayman Al Zawahiri et d'Abdelmalek Droukdel contre les intérêts occidentaux, notamment français dans la région du Sahel. 

Dans le communiqué diffusé par la branche médiatique d'Aqmi, Al Andalous, les jihadistes indiquent clairement que leur champ d'action s'étendrait de la Libye à la Mauritanie. La Mauritanie ? Un pays que beaucoup d'observateurs avaient enlevé de la liste des cibles d'Aqmi et des groupes affiliés. Certains ont même avancé la possibilité de l'existence d'un pacte de non-agression entre Nouakchott et le commandement d'Aqmi. Ce qui pourrait ne plus être le cas, selon des spécialistes.

Wassim Nasr explique cet éventuel revirement d’Al Qaida vis à vis de la Mauritanie par la présence de ce pays dans le G5 Sahel. Le journaliste évoque aussi le rapprochement entre Paris et Nouakchott qui n'est pas pour plaire aux jihadistes aux yeux de qui, la France est l'ennemi de l'Islam. Le journaliste mauritanien Lemine Ould Salem va plus loin. “L’évocation de compagnies étrangères, notamment françaises pourraient être liée à l’arrivée annoncée de compagnies comme Total dans l’offshore mauritano-Sénégalais. Le patron de Total était récemment en Mauritanie où il annonce des investissements importants”, a-t-il détaillé au au cours d'un débat tenu sur Twitter. Reste à savoir si Aqmi dispose de moyens conséquents pour passer à l'acte. 

Selon Ould Salem, par ailleurs, auteur de “ Le Ben Laden du Sahara : Sur les traces de Mokhtar Belmokhtar ” et de “L'Histoire secrète du Jihad, d’Al Qaida à l'Etat islamique”, il ne faudrait pas commettre l'imprudence de sous-estimer la filiale d'Al Qaida dans la région maghrébine et sahélienne.

De toute façon, estime Wassim Nasr, l'avertissement est très sérieux. Mais, il est possible que cette nomination d'un pays comme la Mauritanie serve seulement de couverture pour une action qui se déroulerait ailleurs, sert Lemine Ould Salem. Pour le spécialiste mauritanien “citer la Mauritanie est peut être une manière de faire diversion en attirant les regards vers ce pays alors qu’une opération serait envisagée ailleurs”. En tout cas, l'imminence de cette action ne fait l'objet d'aucun doute, pour son confrère de France 24, Wassim Nasr. Ce dernier veut pour preuve l'avertissement lancé aux civils, particulièrement aux musulmans de ne pas s'approcher des sociétés occidentales installées dans le Sahel. C'est aussi un moyen pour les jihadistes de s'attirer la sympathie de la communauté musulmane, dans un contexte marqué par des attaques contre des mosquées et des marchés par des groupes comme Boko Haram.

Annoncer le pillage des ressources du continent noir, n'est-ce pas reprendre un discours déjà très connu mais surtout endossé par la nouvelle génération en Afrique ? Wassim Nasr acquiesce mais n'y voit pas seulement un simple plagiat. “C'est une façon pour AQMI de faire adhérer à sa cause la jeunesse africaine qu'il sait de plus en plus panafricaniste”, observe le journaliste. 

En janvier 2013, les “Signataires” par le sang”, un groupe créé par l'algérien Mokhtar Belmokhtar, qui s'associera plus tard avec le Mujao pour former Al Mourabitaoune, avait orchestré une prise d'otage sanglante à la raffinerie d'In Amenas, dans le sud d'Algérie. L'opération a fait des dizaines de morts parmi les otages et leurs ravisseurs, les jihadistes. Depuis mars 2017, Al Mourabitoune est membre du Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans affilié à Aqmi.
Jeudi 10 Mai 2018




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