Macky Sall : « Nous demandons que la RASD soit suspendue de l’Union africaine » (Jeune Afrique)

Juste avant avant de quitter Kigali où il a assisté au 27e sommet des chefs d'État de l'Union africaine (UA), le président du Sénégal, Macky Sall, a répondu en exclusivité aux questions de Jeune Afrique.


Jeune Afrique : L’élection du nouveau président de l’UA a été reportée au prochain sommet, au mois de janvier. Est-ce une victoire de l’Afrique de l’Ouest, qui plaidait dès le début pour un tel scénario ?

Macky Sall
: En effet, l’Afrique de l’Ouest avait alerté sur le fait que les conditions n’étaient pas réunies pour choisir le bon profil. Notamment parce que l’annonce du départ de Nkosazana Dlamini-Zuma avait surpris un certain nombre de pays, qui n’ont pu se préparer pour participer à l’élection. Partant de tout cela, nous avions demandé, bien avant la tenue de ce sommet, le report de l’élection et la réouverture des candidatures. Cette demande n’a pas été acceptée, ce que nous avons déploré. Finalement, le vote nous a donné raison. L’abstention était supérieure au nombre de voix en faveur des candidats ! Les candidatures vont être rouvertes. Et le Sénégal présentera un candidat.

Abdoulaye Bathily est aujourd’hui le candidat du Sénégal

Peut-on dire officiellement qu’il s’agira de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Abdoulaye Bathily ?

Oui. Il est aujourd’hui le candidat du Sénégal. Et nous allons demander à l’Afrique de l’Ouest de le soutenir, comme à tout le continent. M.Bathily  a le profil de la fonction.

Les trois candidats présentés le 18 juillet n’avaient donc pas l’envergure nécessaire ?

Je ne peux pas dire ça. Ce serait une injustice. Ils sont des intellectuels accomplis, ils ont fait les plus grandes universités. Ce n’est pas une question de diplômes, mais de profil par rapport à une fonction éminemment politique.

Autre sujet qui a particulièrement agité ce 27e sommet : l’amorce du retour du Maroc au sein de l’institution. Comment réagissez vous à la lettre envoyée par le souverain marocain à l’UA ?

Je m’en réjouis ! Je fais partie des chefs d’État qui ont demandé au royaume de faire tout son possible pour rejoindre notre famille. Mais je suis très déçu que cette lettre, adressée au président de l’UA en exercice (Idriss Déby Itno, le président du Tchad, ndlr), n’ait pas été lue devant l’assemblée. Cette lettre était adressée à tous les pays membres ! Le même blocage a été fait pour la motion que le Sénégal, et vingt-sept autres pays, ont signée et remise à l’UA.

Que dit cette motion ?

Cette motion demande que la RASD (République arabe sahraouie démocratique, ndlr) soit suspendue de l’UA en attendant que l’ONU règle le problème devant le Conseil de sécurité. C’est une demande qui est en rapport avec le droit international. Dès lors que la RASD n’a pas été reconnue par les Nations unies et d’autres organisations internationales, il aurait été plus juste d’attendre qu’un référendum d’autodétermination ait lieu, par exemple, pour ensuite se prononcer au niveau continental.
Lundi 18 Juillet 2016
Jeune Afrique




1.Posté par Sene Ibrahima le 19/07/2016 11:03
A propos du retour du Maroc dans l'Union Africaine(UA)
La position du Sénégal en faveur du Maroc sur la question de la RASD, n'est pas conforme aux dispositions de la Charte fondamentale de l'OUA sur le respect de l'intangibilité des frontières héritées du Colonialisme. En occupant une partie du Sahara Occidental qui était un territoire administré par le pouvoir colonial espagnole, dans le processus de la décolonisation de ce territoire, le Maroc avait effectivement viole ce principe en étendant unilatéralement les limites de son propre territoire héritées du colonialisme Français. Surtout que le Front Polisario, qui luttait pour l'indépendance du Sahara Occidental était reconnu comme " mouvement de libération nationale" et soutenue comme tel, par l'OUA, comme l'étaient par exemple, le PAIGC et le Frolimo. C'est pourquoi, le PAI/Sénégal, devenu aujourd'hui, le PIT/Sénégal, avait critiqué cette position du Sénégal en faveur du Maroc, et exprimait sa solidarité militante au Polisario et a la RASD. Le retour du Maroc au sein de l'Union Africaine, ne devrait donc pas se faire au détriment de la RASD, mais dans l'obligation du Maroc de se conformer aux dispositions expresses de la Charte fondamentale de l'OUA sur le respect des frontières héritées du Colonialisme. Il est vrai que sous la pression des États Unis en " guerre" contre le régime Soudanais de El Bachir, l'Union Africaine a validé la partition du Soudan en reconnaissant l'Etat indépendant du Sud Soudan, en violation flagrante de sa charte fondamentale. Il ne faudrait donc pas que cela puisse faire jurisprudence en faveur du Maroc. Si tel était le cas, ce serait le feu vert à une violation tout azimut des frontières héritées du colonialisme dans un contexte où des pays d'Afrique sont sous la menace de partition par une lutte armée, comme c'est le cas au Mali, au Nigeria, et en RDC, sans oublier notre propre pays qui est confronte à la rébellion en Casamance depuis plus de 30 ans. Ne permettons donc pas, l'ouverture de la " boîte de Pandore" en permettant au Maroc de faire valider sa violation de la Charte fondamentale de l'OUA, a l'heure de l'édification de sous ensembles régionaux, comme une exigence de survie de nos peuples confrontés au djihadisme, à la dégradation de l'environnement, et aux épidémies du genre Ebola. Il constituerait, le cas échéant, un signal fort pour la déstabilisation généralisée de nos États pour ruiner nos rêves de sortir de notre dépendance et de la misère, par le biais d'intégrations sous régionales de nos États actuels, dans la voie de l'édification de l'Unité Africaine. La solidarité des forces vives du Sénégal avec la RASD, dans ces circonstances, est non seulement un devoirs pan africain, mais c'est surtout prémunir notre pays d'une déstabilisation certaine. Cette solidarité devrait donc être pour nous, une question d'ordre politique national, et pas seulement un problème de solidarité pan africaine.
Ibrahima Sene PIT/Sénégal/CDS .



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