Lettre Post mortem d'une opposition ensevelie à Doha.


Finalement, nous n'avons pas pu baratiner l'opinion internationale, en vérité  les bailleurs savent mieux que quiconque que l’économie du Sénégal ne s’est jamais aussi bien comportée. Les taux de croissance notés ces dernières années sont, en vérité, historiques et le fait de les maintenir à un niveau supérieur à 6%, pour une période relativement longue, a été un défi jamais relevé au Sénégal.
Certes la croissance n’est pas un indicateur parfait pour mesurer le niveau de bien-être des populations d’un pays, d’où le sempiternel débat autour de son impact sur le panier de la ménagère, mais elle demeure un critère objectif de la perception du dynamisme économique d'une nation. De même, on doit à la vérité de reconnaître les efforts du gouvernement actuel à rendre la croissance plus inclusive, plus porteuse de bien-être, de développement et d’emploi. Pour dire vrai, depuis quelque temps, on note un dynamisme du secteur primaire et un regain est noté dans le secteur secondaire, ces deux secteurs, principaux pourvoyeurs d’emploi et de richesse, se redynamisent et contribuent à la croissance plus que dans le passé. En gros, le fait d’axer principalement le PSE sur la transformation structurelle de l’économie a été la plus grande décision du gouvernement et les nouvelles orientations du secteur productif le prouvent. Cette idée à mis OUT, toutes nos initiatives et nous ont condamné à la peine politique capitale.

Sur le plan budgétaire, le mot-clé de la gestion des finances publiques a été la « rationalisation ». Cela s’est traduit, d’une part, par une gestion prudente des dépenses, marquée par une stabilisation des charges de fonctionnement et une explosion des volumes d’investissement publique et, d’autre part, par un bon niveau de recouvrement des recettes de l’Etat. Eh oui, malgré tous nos tintamarres sur la politique fiscale en cours dans notre pays, les recouvrements de recette ont été en hausse moyenne de  7,3% entre 2012 et 2018 en faveur, notamment, des reformes du code général des impôts. Nous avons spéculé sur le train de vie de l'Etat mais la réalité connue de tous est que les dépenses de fonctionnement ont été estimées à 355,9 milliards en 2011 et sur la période 2012-2018, elles se sont positionnées, en moyenne annuelles, à 346,4 milliards. S’agissant des investissements publics, ils ont progressé  de 82,9%, entre les périodes 2006-2011 et 2012-2018. Il faut juste rappeler que ces périodes chevauchent le septennat des deux régimes qui se sont succédés. Ces chiffres sont historiques, les bailleurs de fonds le savent mais c'est parceque personne n’en parle au Sénégal et c'est pourquoi que nous avons pensé que les bailleurs pouvaient l'ignorer.

Sur notre "lit de mort politique",  nous avons tenté tant bien que mal à tromper les sénégalais. Nous leur avons fait croire que les "engagements pris par les bailleurs" n'avaient aucune signification puisque ce n'est pas de l'argent comptant. Pour mieux convaincre, nous avons fait croire que même si le montant était effectivement encaissé ses implications sur le taux d'endettement seront simplement désastreuses. Nous l'avons dit sans trop y croire puisque nous savons bien qu'en économie il y'a ce qu'on appele le "scénario de référence". Et pour ce cas ci il s'agit bien de la période post dernier groupe consultatif où les engagements ont été exécutés à 159%. Si le même taux est appliqué sur les nouveaux engagements de nos bailleurs on sera vers les 1000 milliards. Et pour notre "espoir de voir exploser l'endettement au cas où on encaisserait les promesses de financement". Nous l'avions dit mais sans trop espérer que cela suffira pour convaincre nos concitoyens. En vérité, eux même savent que notre taux d'endettement est projeté à 48,8 pour 2019 donc très en deçà des 70%. Mieux, nos compatriotes savent que ce n'est pas en une seule année civile qu'on va encaisser 3000 ou 8000 Mds. Au contraire, ces montants seront enregistrés année après année. Et au fur et à mesure que le gouvernement déroulera ses projets, nous ferons suffisamment de croissance capable d'atténuer la hausse du volume d'endettement ce qui maintiendra le taux d'endettement à son niveau le plus tolérable c'est à dire inférieure à 70%".

Lettre rapportée par Papa Malick NDOUR

Économiste des Finances publiques
Mardi 18 Décembre 2018




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