La nature, la fin et le but de l'Histoire (Par Gallo Thiam, Médina)

" Il faut découvrir l'erreur, et non la vérité"
Carlos Suares


Il peut paraître prétentieux, suite à la grande interview du journal Le Soleil (N° 14811, du vendredi 11 octobre 2019) accordée au Professeur Iba Der Thiam, coordonnateur général de l"Histoire générale du Sénégal, des origines à nos jours", après que d'éminents historiens, en l'occurrence, Mme Penda Mbow, Abderahmane Ngainde, Mbaye Thiam et Khadim Mbacké, se soient prononcé sur le même sujet, de s'aventurer à poursuivre ce débat dans le même tempo. La vérité historique a-t-elle été proclamée, les erreurs et autres faits embellis débusqués de notre Histoire ?
 
Pour compliquée qu'est la reécriture de l'Histoire d'un peuple, la nôtre, très complexe, présente des obstacles : elle croise sur son chemin le fanatisme, le tabou et le sacré. L'ampleur des commentaires est illustrative. Il fallait s'attendre à toutes ces critiques après la publication des ouvrages en question. Il n'y a pas de doute que le Comité de pilotage, dans sa mission initiale, avait mesuré l'ampleur de la tâche qui est la sienne, et pris conscience des précautions à prendre, avec une extrême vigilance, ce pour pouvoir défricher toutes les données possibles, toujours vérifiables, afin que les sénégalais comprennent ce qui s'est réellement passé psychologiquement, sociologiquement, et historiquement.
 
Maintenant que nous sommes plus ou moins édifiés sur notre passé, presque immunisés à une vision mutilante, réductrice de notre histoire, il nous revient de droit, légitimement, de reinterroger notre mémoire collective, c'est-à-dire decontruire et construire tout, selon les termes du Pr. Iba Der Thiam. D'où la difficile tâche de l'historien africain, en général, sénégalais en particulier, surtout quand ils ont des choses désagréables à révéler sur des personnages historiques. Quand bien même, le métier de l'historien est à la fois noble et dangereux, il doit rester un homme libre de préjugés et de parti pris, bien informé, intellectuellement honnête, n'ayant aucun intérêt à déformer ou à cacher les faits. Ce faisant, son premier devoir, le plus important d'ailleurs, est de s'imprégner de tous les faits, des faits essentiels, avec toute la rigueur scientifique requise, pour lever toute affirmation équivoque insuffisante ou trompeuse.
 
C'est là justement, là encore, toute l'explication qu'il faut coller aux critères qui fondent même l'étude scientifique de l'histoire, celle-ci bien comprise par le comité de pilotage qui a tenu compte des possibles transformations historiques. Alors, comment ne pas croire en l'expérience du Pr Iba Der Thiam et de son équipe, connus pour leur dynamisme conquérant et  structurant acquis dans l'engagement et l'épreuve de restituer à notre Histoire toute sa crédibilité.
 
Une question : qu'est-ce qui confère à l'Histoire sa nature particulière ? Ce qui fait de l'Histoire ce qu'elle est c'est bien la vérité. Sans vérité, il ne peut y avoir de d'Histoire, car, l'Histoire est le récit véridique de ce qui est effectivement arrivé. Donc. toute absence de vérité éloigne l'historien de ce degré de fermeté à laquelle son esprit devrait adhèrer à la vérité scientifique.. Nous sommes entrain de dire que la certitude est un élément très important, voire même essentiel, dans l'attitude des hommes envers la science. Comme chez les historiens scholastiques qui, définissant la certitude, pensent qu'elle  est assujettie à un ferme sentiment de l'esprit à la vérité, sans peur de se tromper. C'est l'objectif recherché par le comité de pilotage chargé de réécrire notre commune histoire.
 
Malheureusement, il est regrettable que les critiques se sont déplacées sur un autre terrain, très glissant, celui-ci. Malheur à ces petites gens qui, s'identifiant en souverains des idées, ont toujours cherché à paver le chemin de gens de bonne intention. La sagesse leur recommande de faire leur examen auto-critique pour découvrir les faiblesses de leur raison.
Lundi 21 Octobre 2019




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