La coopération sino-sénégalaise et sino-africaine dans le secteur des nouvelles énergies est prometteuse


(Interview de S.E.M. XIAO Han, Ambassadeur de Chine au Sénégal)

Question : Nous avons remarqué que depuis un certain temps, l’opinion publique, en particulier certains médias occidentaux, discute de la « surcapacité de la Chine » en matière de nouvelles énergies, quel est votre point de vue à ce sujet ?

 

Ces dernières années, bénéficiant des investissements considérables des entreprises chinoises dans la R&D et l’innovation, d’une pleine concurrence sur le méga-marché interne, ainsi que des systèmes de chaîne industrielle complète et ressources humaines abondantes, l’industrie chinoise des nouvelles énergies est en plein essor. Les exportations des produits de nouvelles énergies, représentées par les véhicules électriques, les batteries lithium-ion et les cellules photovoltaïques sont largement accueillies dans le monde entier, donnant une forte impulsion à la transition écologique mondiale à faible intensité de carbone, et devenant un des fleurons du « Made in China ».

En termes d’innovation technologique, des batteries au lithium liquide aux batteries au lithium semi-solides, de la Batterie Qilin d’une autonomie de 1000 kilomètres avec une seule charge à la Technologie au carbure de silice (SiC) à haute tension (800 V) d’une autonomie de 400 kilomètres avec une charge de cinq minutes, la technologie de base des batteries des véhicules à nouvelles énergies chinois ne cesse de progresser. Outre les batteries automobiles, le niveau de production de l’énergie photovoltaïque, de l’énergie éolienne en mer, de l’énergie nucléaire et de bien d’autres technologies et équipements liés aux nouvelles énergies en Chine est également le plus élevé au monde.

En termes de marché international, les entreprises chinoises occupent 15 des 20 top entreprises photovoltaïques mondiales et 6 des 10 premiers fabricants de turbines éoliennes. En termes de chaîne industrielle, l’industrie des véhicules électriques chinois se compose d’un réseau traditionnel de production basé sur les carrosseries, châssis et pièces, et aussi d’un système émergent basé sur les batteries, contrôle électronique, système d’entraînement électrique, ainsi que les produits électroniques et logiciels, développant ainsi un avantage concurrentiel global.

Mais depuis quelque temps, certains médias occidentaux spéculent fréquemment sur la « surcapacité de la Chine » en matière de nouvelles énergies, accusant les exportations chinoises de menace contre le développement industriel d’autres pays. Cette allégation est tellement absurde et ridicule. Qu’est-ce que la « surcapacité » ? D’un point de vue pratique, l’évolution du commerce international reposent sur l’avantage comparatif des pays, basé sur la division et la coopération du travail mondial. La grande majorité des véhicules électriques produits en Chine sont vendus sur le marché intérieur et seul 12 % sont exportés, alors que la proportion de véhicules allemands exportés se situe toujours entre 70 % et 80 % et que les avions fabriqués en Occident occupe plus de 90 % du marché mondial. Selon la logique de l’opinion publique occidentale, ces pays devraient-ils également être définis comme étant en « surcapacité »?

Dans le contexte de la mondialisation économique, le fait de limiter l’équilibre de l’offre et de la demande à un seul pays et d’identifier arbitrairement les produits pour lesquels les pays ont un avantage à l’exportation comme étant en « surcapacité » annule essentiellement l’objectivité de l’avantage comparatif. Par conséquent, le paradoxe de la soi-disant « surcapacité » est la même que les précédents pièges du discours comme « effondrement de l’économie de la Chine » ou « stratégie de réduction des risques ». La cause profonde de ces accusations est que certains pays ne veulent pas voir le développement et l’essor des pays émergents à l’instar de la Chine, et utilisent la « surcapacité » comme prétexte pour promouvoir le protectionnisme commercial et maintenir leur monopole traditionnel sur le marché international, ce qui est depuis longtemps incompatible avec la tendance de l’époque et les intérêts communs de l’humanité.

Pour déterminer s’il existe la surcapacité, il est important d’examiner non seulement la capacité de production et l’offre, mais aussi la demande du marché. Si l’on examine le marché mondial, force est de constater que la capacité de production de nouvelles énergies n’est pas seulement excédentaire, elle est aussi gravement insuffisante. D’après les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie, d’ici à 2030, la demande de véhicules électriques devrait s’envoler pour atteindre 45 millions, soit 4,5 fois plus que le volume enregistré en 2022. Et la capacité photovoltaïque devrait atteindre 820 gigawatts, soit 4 fois plus que le volume enregistré en 2022. Face à cet énorme manque, l’exportation des produits chinois en matière de nouvelles énergies constitue un exemple frappant de l’esprit des nouvelles forces productives de qualité. En 2023, 510 gigawatts de nouvelles énergies renouvelables sont installés dans le monde et la Chine a contribué à plus de 50 %. Au cours de la dernière décennie, le coût moyen de production de l’électricité par les projets éoliens et photovoltaïques a diminué respectivement de plus de 60 % et 80 %, en grande partie grâce à l’innovation et la fabrication chinoise. Aujourd’hui, les produits éoliens et photovoltaïques chinois sont exportés dans plus de 200 pays et régions du monde, aidant un grand nombre de pays en développement à avoir accès à une énergie propre, fiable et abordable.

Comme le souligne le Président chinois Xi Jinping lors d’une rencontre trilatérale Chine-France-UE, l’industrie chinoise des nouvelles énergies a fait de réels progrès dans la concurrence ouverte et représente une capacité de production avancée. Elle ne se contente pas d’enrichir la chaîne d’approvisionnement mondiale et d’atténuer les effets de l’inflation globale, mais contribue aussi grandement à la réponse mondiale au changement climatique et à la transformation verte.

Question : Comment évaluez-vous l’état actuel de la coopération entre la Chine et le Sénégal dans le secteur des nouvelles énergies ?

En tant que bon ami et frère du Sénégal, nous soutenons toujours activement le développement de l’industrie des nouvelles énergies au Sénégal. D’après mon constat, en ce qui concerne l’augmentation de l’offre de nouvelles énergies, le Sénégal a des besoins urgents en matière d’électricité et d’infrastructures, d’autant plus que ses ressources solaires abondantes favorisent particulièrement le développement de projets d’énergie renouvelable comme le photovoltaïque. Le pays de la Teranga ambitionne déjà de porter la part des énergies renouvelables en capacité installée de 30% à 40% de son mix électrique d’ici à 2030. Ces dernières années, certaines entreprises chinoises ont commencé à investir dans la construction de centrales photovoltaïques au Sénégal, et cette tendance ne cesse de croître. La deuxième phase d’une centrale photovoltaïque est en cours d’étude de faisabilité, ce qui témoigne de bonnes perspectives de coopération. D’autres prévoient d’installer des centrales solaires pour leur propre usage, contribuant ainsi à réduire la pollution causée par la production d’électricité à partir du fioul. De plus, des entreprises chinoises examinent la possibilité d’installer des panneaux solaires le long des autoroutes existantes, non seulement pour s’auto-suffire en énergie, mais aussi pour alimenter l’électricité propre aux agriculteurs riverains.

En ce qui concerne la couverture universelle de l’électricité, le Sénégal fait face à un déséquilibre de l’approvisionnement en électricité entre les zones urbaines et rurales. La pénurie d’électricité compromet sérieusement la productivité agricole et le bien-être de la population rurale. Des entreprises chinoises ont déjà apporté leur solution et participé au projet de l’électrification rurale hors réseau. Ce projet vise à construire des centrales solaires photovoltaïques hors réseau en milieu rural et à soutenir des réseaux de distribution à basse tension ainsi que les services auxiliaires, afin de rendre accessible l’électricité dans les zones non desservies par le réseau électrique national. Ce projet contribuera à résoudre le problème de la couverture électrique, tout en équipant certains villages d’équipements de production tels que des pompes à eau et des presses à huile, de manière à promouvoir le développement rural. Une fois mis en œuvre avec succès, il augmentera la proportion de production d’électricité à partir de nouvelles énergies, améliorera le taux d’accès à l’électricité dans les zones rurales éloignées et créera des emplois dans ces régions.

En ce qui concerne la promotion des produits des nouvelles énergies, les véhicules électriques chinois se distinguent par leurs autonomie performante, technologies avancées, service fiable, prix raisonnable et faibles coûts d’entretien. Ces caractéristiques peuvent contribuer à résoudre les problèmes de dépendance au pétrole importé et de pollution de l’air. Le gouvernement sénégalais a mis en place le premier Bus Rapid Transit (BRT) 100% électrique d’Afrique, avec 121 bus de 18 mètres de long, tous fabriqués en Chine. Les 20 stations et le centre de maintenance construits par des entreprises chinoises sont également équipés de systèmes photovoltaïques chinois. Les produits chinois à technologie de pointe dans le domaine des nouvelles énergies s’intègrent progressivement dans les foyers sénégalais, transformant la vie de la grande population. Par exemple, la majorité des lampadaires solaires présents au Sénégal proviennent de Chine. De plus, en raison de l’absence de conditions de stockage adéquates, le Sénégal subit une perte importante de légumes et de fruits chaque année. Pour remédier à ce problème, des entreprises chinoises et sénégalaises envisagent de construire ensemble des entrepôts frigorifiques solaires, réduisant ainsi les pertes agricoles et augmentant les revenus des agriculteurs. L’importance de la coopération sino-sénégalaise en matière de nouvelles énergies réside dans le développement commun, le renforcement de la capacité de développement durable des énergies et de l’électricité sénégalaises, et l’aide apportée au peuple sénégalais pour l’émergence du pays de la Teranga. Nous déployons toujours des efforts actifs à cette fin.

Question : D’après ce que nous avons discuté, la coopération sino-sénégalaise et sino-africaine a un énorme potentiel et de vastes perspectives, est-ce aussi votre constat ?

L’expérience et les réalisations de l’industrie chinoise dans ce domaine prouvent que le développement des industries de haute technologie n’est plus la « chasse gardée » d’un seul pays ou d’une seule région, mais une voie à suivre pour les pays en développement et les pays africains comme le Sénégal, afin de réaliser un développement autonome et un redressement national. Les nouvelles énergies représentent l’avenir partagé de l’humanité, le Sénégal et beaucoup d’autres pays africains sont propices au développement de ce secteur. Par exemple, dans le domaine de l’électricité, l’Afrique dispose d’abondantes ressources en énergie hydraulique, solaire, éolienne et photovoltaïque : le désert du Sahara est situé près de l’équateur et les conditions naturelles des pays régionaux pour la production d’énergie photovoltaïque sont ainsi uniques. Et avec son long littoral, l’Afrique est particulièrement bien dotée en ressources éoliennes marines.

L’industrie chinoise des nouvelles énergies, forte de ses années d’expérience et de développement et de sa technologie mature, a mis en œuvre des centaines de projets de production d’énergie propre et de réseaux électriques en Afrique, dont beaucoup sont devenus des projets phares dans le développement local des énergies propres, notamment la centrale éolienne de De Aar en Afrique du Sud, la centrale photovoltaïque de Garissa au Kenya et la centrale hydroélectrique du barrage de Nyabarongo II au Rwanda, entre autres. La technologie avancée de la Chine complète les riches ressources de l’Afrique, et la coopération entre les deux parties est conforme à nos intérêts respectifs. Il est à croire que dans le cadre de la coopération Sud-Sud et de l’initiative « la Ceinture et la Route », la coopération dans le domaine des nouvelles énergies entre la Chine et les pays africains dont le Sénégal pourra faire jouer davantage les atouts des deux parties, et aboutir à des résultats gagnant-gagnant.

Cette année marque une année importante pour la coopération sino-africaine avec la nouvelle conférence du Forum sur la Coopération sino-africaine (FOCAC). En tant que plateforme importante de dialogue collectif et mécanisme efficace de coopération pragmatique, le FOCAC est devenu un exemple de la coopération Sud-Sud et de la coopération internationale avec l’Afrique. La coopération mutuellement bénéfique et gagnant-gagnant entre la Chine et l’Afrique dans le domaine des nouvelles énergies donne de nouvelles dimensions au FOCAC et est devenue un point fort et un moteur de croissance de la coopération sino-africaine. Dans le cadre du  FOCAC, la Chine est disposée à travailler avec le Sénégal et les pays africains pour approfondir la coopération des capacités de production des nouvelles énergies de haute qualité, afin de les aider à développer leurs propres industries des nouvelles énergies, à réaliser une transformation énergétique au profit des populations, et à ouvrir un avenir plus radieux aux coopérations sino-sénégalaise et sino-africaine.

 

Lundi 8 Juillet 2024
Dakaractu




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