Guinée Bissau : Les mesures fermes issues du Sommet de Niamey pour pousser le président Vaz à lâcher prise.


La situation politique en Guinée Bissau a été ce vendredi 8 novembre, au cœur des débats lors de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao). Réunis en session extraordinaire à Niamey (République du Niger), les parties prenantes de cette rencontre ont annoncé leur volonté d’user de toutes leurs ressources pour que la Guinée Bissau sorte de la crise politique dans laquelle elle est plongée, du fait des agissements du président José Mario Vaz. 
 
À l’issue de cette rencontre internationale d’une journée, la Conférence dit avoir décidé ‘’de l'envoi à Bissau d'une mission des chefs d'Etat et de Gouvernement dirigée par le Président de la Conférence et composée des Chefs d'Etat de la Côte D'Ivoire, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée et du Nigéria pour transmettre au Président Vaz les décisions issues de cette session extraordinaire. Une visite des chefs d’Etat et de gouvernements qui sera précédée d'une mission des Chefs d'Etat-Major de la Cedeao, informe le communiqué final parcouru par Dakaractu.
 
L’actuel Premier ministre nommé le 29 octobre 2019 contraint de démissionner immédiatement
 
Le Sommet, dans ses conclusions, dit avoir noté, pour le déplorer, que c'est au moment où le pays était engagé, avec le soutien de la communauté internationale, dans les préparatifs de l'élection présidentielle du 24 novembre 2019, que le Président Jose Mario Vaz a soudainement décidé, par un décret en date du 28 octobre, de limoger le Premier ministre Gomes et de dissoudre le gouvernement, pour ensuite nommer un nouveau Premier ministre, le mardi 29 octobre 2019. La Conférence a condamné ‘’fermement les décisions du Président Vaz de limoger le Premier Ministre Aristides Gomes et de nommer un nouveau Premier Ministre. Elle affirme l'illégalité de ces décisions par rapport à la Constitution de la Guinée-Bissau et le fait qu'elles sont contraires aux décisions prises par la Conférence lors de sa 55ème Session du 29 juin 2019 à Abuja’’. Ainsi, non seulement, la Cedeao a réaffirmé ‘’son plein soutien au Premier ministre Aristides Gomes et à son Gouvernement’’, mais elle les a exhortés ‘’à continuer à assumer leurs responsabilités notamment la poursuite des efforts pour l'organisation de l'élection présidentielle du 24 novembre 2019. À cet effet, la Conférence exige la démission immédiate du Premier ministre nommé le 29 octobre 2019 et de tout son Gouvernement sous peine de sanctions individuelles’’.
 
La Cedeao préoccupée par ‘’des risques de guerre civile’’
 
Les Chefs d'Etat et de Gouvernement ont aussi exprimé ‘’leur vive préoccupation face à cette nouvelle tournure de la situation, faisant courir au pays des risques politiques et institutionnels, ainsi que des risques de guerre civile’’, renseigne le document. Ils ont réaffirmé ‘’leur ferme attachement aux valeurs et aux principes fondateurs de la Cedeao, ainsi que leur détermination à ne ménager aucun effort afin de permettre la consolidation de la paix, de la sécurité et des valeurs démocratiques’’.
 
C’est d’ailleurs, prenant compte de tout cela que ladite organisation régionale a confirmé la date du 24 novembre 2019 pour la tenue du 1 er tour de l'élection présidentielle en Guinée-Bissau. À cet effet, elle instruit le Président de la Commission de prendre toutes les mesures nécessaires pour accompagner le processus électoral y compris le déploiement des observateurs électoraux afin d'assurer la crédibilité et la transparence du processus.
 
La Conférence dit avoir noté, également, les progrès accomplis dans le cadre des préparatifs de l'élection présidentielle, notamment sur le consensus obtenu entre l'ensemble des acteurs en ce qui concerne l'utilisation du registre électoral ayant servi pour les élections législatives du 10 mars 2019 ; la finalisation, par la Cour Suprême, de la liste des candidats à l'élection présidentielle  la décision de la Cedeao d'apporter un soutien au processus électoral, par la mise à disposition d'une enveloppe de 1,5 million de dollar américain ; la décision relative au déploiement d'observateurs électoraux de la Cedeao en Guinée Bissau’’.
 
Après s’être félicitée ‘’du démarrage de la campagne électorale, le 2 novembre 2019 et exhorte l'ensemble des acteurs à œuvrer en vue de permettre la tenue effective de l'élection présidentielle le 24 novembre 2019’’, elle a engagé les 12 candidats à l'élection présidentielle dont les dossiers ont été validés par la Cour Suprême à tout mettre en œuvre afin d'assurer la tenue d'un scrutin dénué de toute violence, transparent et crédible. À cette fin, elle a appelé au renforcement du dialogue entre les institutions et les acteurs politiques du pays.
 
Des sanctions immédiates contre toute personne ayant posé des actes visant à faire échouer le processus électoral
 
Dans ses conclusions, la Cedeao a également rappelé que depuis le 23 juin 2019, le Président Vaz est un Président par intérim dont tous les actes doivent être contresignés par le Premier Ministre afin de leur donner une légalité. Dès lors, elle signale ‘’que tout recours à l'Armée ou aux forces de sécurité afin d'imposer par la force tout acte illégal sera considéré comme un coup d'Etat et entrainera des sanctions à l'encontre des responsables’’.
Pour parer à toute éventualité, les Chefs d'Etat et de Gouvernement ont demandé au Président de la Commission de proposer une liste de personnes ayant posé des actes visant à faire échouer le processus électoral et la normalisation politique afin qu'elles soient sanctionnées immédiatement.
 
La Conférence a profité de l’occasion pour saluer ‘’le professionnalisme dont font montre les éléments de I'Ecomib, tout en encourageant les Forces de Défense et de Sécurité de Guinée Bissau à continuer d'observer une attitude de neutralité dans cette crise politique. En outre, la Conférence décide de renforcer la mission de la Cedeao en Guinée-Bissau (Ecomib) pour lui permettre de faire face aux défis se posant avant, pendant et après les élections y compris le renforcement de ses effectifs et de son mandat’’.
 
La Conférence invite, dans ce sens, la Commission à veiller à fournir un soutien technique urgent à la Guinée Bissau, après la tenue de l'élection présidentielle, en vue d'accélérer la mise en œuvre des réformes constitutionnelles contenues dans l'Accord de Conakry. Un chronogramme devra être mis en place dans un délai de trois mois, après la tenue de la présidentielle. Le référendum portant sur la réforme constitutionnelle devra se tenir en 2020.
Samedi 9 Novembre 2019




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