Dialogue entre le Président Macky Sall et les élus : Le Dr Macoumba Diouf décline les attentes et les recommandations des élus pour le PSE VERT et la transition agro-écologique.


 
 Dans le cadre de la première édition de la Rencontre du Président de la République avec les élus, désormais instituée « Journée Nationale de la Décentralisation » par le Chef de l’Etat, le Dr Macoumba Diouf, Président du Comité Scientifique préparatoire, Maire de Latmingué, Président de la Commission Décentralisation et Secrétaire à l’Environnement de l’AMS, a livré une communication sur « LE PLAN SÉNÉGAL  ÉMERGENT VERT OU PSE VERT ET LA TRANSITION AGRO-ÉCOLOGIQUE : PERTINENCE, MODALITÉS DE MISE EN ŒUVRE,  PLACE ET ATTENTES DES ÉLUS », dont les grandes lignes ont été extraites de son discours  :
 
 
Excellence Monsieur le Président de la République,
Je mesure parfaitement le privilège qui m’échoit aujourd’hui de porter, à cette occasion particulièrement solennelle, la parole des élus locaux de notre pays. Ceci est d’autant plus justifié que la présente RENCONTRE constitue une première du genre dans l’histoire politique du Sénégal et nous la devons à la pertinence de votre vision futuriste et avant-gardiste pour ce pays, mais aussi à votre sens élevé de l’équité ; celui d’un Sénégal de Tous et Sénégal pour Tous.
Cette contribution porte sur votre initiative « PLAN SENEGAL EMERGENT VERT OU PSE VERT ET TRANSITION AGRO-ECOLOGIQUE » contenu dans   votre Programme LIGGEEYAL ELLEUK (5-3-5) ou Rendez-vous avec l’Avenir comme instrument de mise en œuvre du PSE dans phase 2 pour la période 2019/2023 (PAP2). Nous partageons ici, avec vous, nos réflexions sur la question autour des modalités de mise en œuvre, des attentes des élus et quelques recommandations.
Votre vision du développement est celui, je vous cite : d’« Un Sénégal émergent en 2035 avec une société solidaire et dans un État de droit » ; ce qui revient à installer l’économie sur une trajectoire de croissance forte, inclusive, durable, créatrice d’emplois mais préservant l’environnement et les ressources. Là, vous avez mis l’environnement, y compris celui agraire, au centre de vos préoccupations.
En effet, les impacts négatifs de nos activités sur notre santé et sur l’environnement (physique et agraire) ne sont plus à démontrer, et que ceux-ci constitueraient des menaces pour les générations actuelles et pour les générations futures. Ils se manifestent généralement par des phénomènes extrêmes tels que la sécheresse ou une pluviométrie excédentaire synonyme de dérèglement climatique ou remontée du niveau de la mer…, entre autres.
C’est dans ce contexte que la communauté internationale s’est engagée, dans le nouvel agenda déclinant les 17 Objectifs de développement durable (ODD), à atteindre les objectifs de développement international à l’horizon 2030. Au niveau continental, l’Agenda 2063, défini sur la base d’une approche participative, constitue le nouveau cadre stratégique pour le développement durable de l’Afrique. Il a été élaboré dans le sillage du 50ème anniversaire de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), devenue Union Africaine (UA). Pour le Sénégal, le PSE intègre les ambitions et cibles définies au niveau continental et mondial à travers ces deux agendas grâce aux efforts d’alignement et d’intégration de ces engagements internationaux dans sa mise en œuvre.
A cela s’ajoutent les dispositions de divers documents cadre de politique de l’Etat dont la Stratégie Nationale de Développement durable (SNDD 2015 – 2020) pour la promotion de mode de production durables, la Contribution Déterminée au niveau National ou CDN notamment dans les domaines de l’Adaptation et surtout de l’Atténuation aux changements climatiques.
Ainsi, la promotion de l’économie verte apparaît comme une opportunité que notre pays doit saisir car il pourra être un des piliers d’un développement économique durable qui participera à nourrir les populations, à assurer la sécurité alimentaire, et la réduction de la pauvreté, à promouvoir l’emploi décent et également l’industrialisation. Ceci, à travers une production propre ou respectueuse de l’environnement.
Votre vision sur le PSE VERT et la Transition agro-écologique, à travers les ODD 1, 2, 7, 8, 9, 13 et 15 contribuera très significativement aux efforts déployés par le Sénégal en matière d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques pour renforcer la résilience, d’une part, et soutenir le développement de chaînes de valeurs agricoles à haute valeur ajoutée (Examen National de l’Export Vert-ENEV- pour soutenir le développement de filières de production et d'export vert à fort potentiel commercial et générant un impact social positif au profit des populations pauvres et vulnérables (anacarde, mangue, …), Programme d’Appui à la Création d’Emplois verts-PACEV-,…), d’autre part.  Ceci, avec une approche communautaire.
D’où la pertinence du Programme de Reforestation (Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille Verte) pour les efforts de reboisement et de restauration des sols, et de la Transition agro-écologique pour renforcer les capacités des agriculteurs pour l’adoption des techniques de l'agriculture de conservation, la lutte biologique etc.
Le développement durable prôné par l’Acte 3 de la décentralisation dans sa vision définit également le cap pour une prise en charge soutenue des questions de l’environnement et bien évidement des changements climatiques. En outre, notre pays dans document de référence, à savoir le PSE a, très tôt, définit des priorités pour une résilience des communautés que ce soit dans les politiques d’adaptation et d’atténuation aux chocs climatiques.
 
FINALITE/ATTENTES DES ELUS
Par exemple, l’engagement des élus locaux dans la concrétisation du PSE Vert doit permettre :
•         de développer les emplois au niveau des territoires, d’augmenter la résilience des communautés ;
•         de limiter les effets négatifs du changement climatique au niveau des communautés, et ;
•         de mobiliser des financements (fonds vert climat et des ressources des partenaires bi et multilatéraux) ;
•         de favoriser une adhésion des populations aux politiques publiques, notamment aux initiatives de reforestation et de lutte contre la dégradation des forêts, et à l’Agro-écologie.
 
QUELQUES RECOMMANDATIONS
1- Les collectivités territoriales (CT), aussi bien les communes que les départements, peuvent et doivent arrimer leurs documents de planification au PSE (PSE Vert, PRACAS, …), dans une perspective de résilience de la sécurité alimentaire aux changements climatiques et de l’économie locale.
2- Pour une harmonisation des orientations stratégiques, l’Etat doit faciliter la mise en place d’un fonds national pour le financement de la planification surtout au niveau des collectivités territoriales.
3- Les collectivités territoriales doivent amener les acteurs locaux à comprendre le PSE vert mais aussi les enjeux de développement et les enjeux environnementaux de leur terroir. Ce qui contribuerait sans nul doute à un développement local décentralisé dans une perspective de résilience au changement climatique.
4- Les collectivités territoriales doivent élaborer une stratégie pour une implication du secteur privé national et local dans le financement de la mise en œuvre des documents de planification.
5- La déclinaison du PSE VERT à l’échelle des territoires peut se faire surtout avec les services techniques décentralisés ; l’administration territoriale en rapport avec les services techniciens, avec une animation des comités régionaux environnementaux et de lutte contre les changements climatiques (COMRECC) et qui sera le support de base du développement local.
Il s’agira de mettre en place de cadres de réflexion multi-acteurs sur les Changements Climatiques et la Promotion de la Gouvernance et de l’Economie verte. 
 
6- La cartographie et la maîtrise de l’espace (Cadastre rural, Plan d’Occupation et d’Affectation des Sols –POAS-, Plan d’Urbanisme, …)  constituent des défis à relever par les collectivités territoriales pour une bonne planification des investissements verts.
En dehors de l’ANSD, les collectivités territoriales doivent et peuvent disposer de leurs propres données statistiques et la mise en place de l’observatoire des territoires pourrait aider dans ce sens, pour que les données désagrégées soient disponibles jusqu’au niveau des communes, pour une bonne maîtrise de l’information territoriale.
7- Le renforcement des capacités des élus et du personnel communal sur les techniques et méthodes de quantification de la séquestration du carbone et de suivi des émissions de gaz à effet de serre.
8- Le renforcement des capacités des exploitants agricoles sur les Bonnes Pratiques  Agricoles -BPA- (compostage, utilisation d’intrants organiques ou Bio,…).°
9- Un meilleur accès au numérique (PUDC du Numérique pour internet à haut débit) pour favoriser l’utilisation et l’adoption de e-solutions (innovations technologiques utilisables dans le conseil agricole et rural pour la diffusion de recommandations/informations sur les bonnes pratiques culturales, sur les prévisions météorologiques, suivi des subventions sur les intrants agricoles…) et autres services rendus à la communauté (Etat-civil, foncier, etc.).
10- L’UAEL peut et doit travailler aux côtés de l’Etat (Ministère des Collectivités territoriales, de l’Agriculture et de l’Equipement rural, et celui des Finances et du Budget) pour qu’une structure du MCTAT soit accréditée par le Fonds VERT à l’image de l’ANICT au Mali. En outre, les collectivités locales peuvent participer à la vulgarisation du guide sur la finance climat élaboré par la plateforme nationale de financement décentralisé de la finance climat au Sénégal. Ce qui augmenterait davantage les chances de réussite du PSE VERT par les CT.
Un Sénégal émergent nécessite une meilleure territorialisation des programmes du PSE avec des cadres de réflexion multi-acteurs sur les Changements Climatiques et la promotion de la Gouvernance et de l’Economie verte au niveau de l’échelle « Arrondissement », au moins. Ceci permettrait d’assurer des effets cumulés des différents résultats enregistrés au niveau des collectivités territoriales qui serviraient de socle au développement socio-économique du pays.
Vendredi 11 Octobre 2019
Dakar actu




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