CONSTRUIRE ICI LE REVE SENEGALAIS.


Le Sénégal est endeuillé par la disparition tragique de plusieurs dizaines de jeunes, souvent des pêcheurs, victimes de l’émigration clandestine vers les côtes espagnoles dans de frêles embarcations pour un Eldorado hypothétique. Au-delà de l’émotion légitime et compréhensible et de la controverse sur les chiffres suscitées par cette tragédie, il convient de se poser et de s’interroger sur ces tristes évènements qui nous laissent perplexes, sans voix, voire sidérés.
Sans doute, chacun d’entre nous, du fait de son appartenance à une communauté, à une famille ou de son propre chef, a envie et cherche par des moyens légaux à réussir dans la vie, « tekki », à devenir « quelqu’un(e) », avec toutes les nuances que pourraient prendre cet épanouissement personnel, matériel, financier, social. Mais à quels prix et avec quels procédés ?
Cependant, comment comprendre qu’une partie si infime soit elle, de la vaillante jeunesse sénégalaise, qui constitue le tiers de la population, sa force vive ainsi que son avenir prometteur, puisse tomber entre les mains criminelles de marchands de morts et aux sirènes illusoires d’un Paradis chimérique ? Comment comprendre qu’elle risque sa vie sur la mer alors que notre pays est et continue d’être un pôle important d’attractivité sur le continent ? Comment comprendre qu’une partie de la jeunesse puisse aller chercher ailleurs ce qui se trouve à ses pieds et que d’autres jeunes, nationaux ou étrangers, trouvent ?
En ce sens que le Sénégal, du fait de son histoire séculaire, de sa riche et diverse culture, de sa position géostratégique, de sa stabilité politique, de sa cohésion sociale, demeure un ilôt de paix, de démocratie et de relative prospérité avec plus de six années consécutives de croissance économique autour de 6% dans une Afrique en devenir.
Les mesures pertinentes et fortes prises dès le 02 mars 2020 dès l’apparition des premiers cas importés de contamination, lors d’un Conseil présidentiel d’urgence et de concert avec l’ensemble des acteurs de la santé et de la société, ont permis de sauver des milliers de vie et de classer le 6 septembre 2020 le Sénégal premier en Afrique et deuxième dans le monde pour sa bonne gestion de la pandémie selon le journal américain USA Today.
Mieux, après le Programme de Résilience économique et sociale, le Plan de Relance économique entre parfaitement dans ce cadre et permet, après la résistance au choc né de la COVID 19, de renforcer les bases productives de notre économie dont les acteurs, employeurs comme travailleurs et Diaspora, ont été fortement soutenus par les pouvoirs publics afin de passer ce cap difficile.
Les perspectives économiques restent prometteuses avec la mise en œuvre d’une bonne trentaine de plans et de programmes de réforme  et l’exploitation en 2023 des immenses ressources pétrolières et gazières qui renforcent cette attractivité et continuent de charrier des centaines de d’entreprises et de personnes de différents continents vers le pays de la Teranga ouvrant ainsi de réelles opportunités d’investissements, de création de richesses, d’insertion, d’emplois  au bénéfice de tous en général et des jeunes et femmes en particulier.
Néanmoins, il convient d’intensifier la mise en œuvre des politiques hardies initiées par le Chef de l’Etat en direction des 5 initiatives majeures (Jeunesse 2035, Economie sociale et solidaire, Société numérique inclusive, PSE Vert ou Reforestation durable, Cap sur l’industrialisation), de 3 programmes sectoriels à l’échelle nationale (Zéro bidonville avec 100 000 logements sociaux dans les communes rurales et urbaines, Zéro déchet et Villes créatives)  et des 5 accès universels à l’eau et à l’assainissement, à l’électricité, aux services sociaux de base, de mobilité collective et aux services sportifs et culturels.
Il convient également de poursuivre les réformes de l’environnement des affaires, de promotion du secteur privé par le ciblage des secteurs à forte valeur ajoutée et avantages comparatifs. Mais aussi et surtout, il s’agit d’intensifier les réformes du secteur de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur en vue de mettre à la disposition de l’économie nationale des compétences à même de nous insérer vigoureusement et durablement dans la trajectoire de l’émergence entamée avec le PSE dès 2014.
Les résultats de cette vision salvatrice sont des taux de croissance exceptionnels jamais enregistrés par notre pays depuis son accession à la souveraineté internationale. La transformation structurelle de l’économie, avec la bataille presque acquise de la souveraineté alimentaire, la valorisation du capital humain, par la couverture sanitaire de qualité, l’éducation et la formation, l’équité sociale et territoriale ainsi que la promotion de la bonne gouvernance, de la paix et de la sécurité dans un contexte sahélien délicat marqué par la pauvreté et l’insécurité, sont en passent de changer en bien le Sénégal.
C’est tout le sens des initiatives relatives à l’élargissement de la majorité présidentielle, l’ajustement et l’accélération du Plan d’Actions Prioritaires (PAP2A), l’élaboration du budget 2021 de plus de 4589 milliards de F CFA, dont plus de 1000 milliards de F CFA pour l’éducation et la formation par la promotion des filières scientifiques, technologiques et professionnelles, la mise en place du Conseil national pour l’insertion et l’emploi des jeunes, le renforcement des petites et moyennes industries, du financement des projets de jeunes et des femmes, de l’équité territoriale et sociale…
Face à de telles perspectives claires, précises et engageantes, risquer sa jeune et prometteuse vie sur de frêles embarcations de la mort apparait paradoxalement comme une aberration. Cela transparaît dans les différents appels au retour aux valeurs religieuses et morales des leaders d’opinion dont les Chefs religieux à l’image du porte-parole du Khalife Général des Mourides Serigne Mountakha Bassirou MBACKE comparant cet exode à un véritable suicide.
Cette posture de rappel à la raison, au travail et à l’espoir est d’autant plus rédemptrice au moment où les faits révèlent que l’Occident souffre plus que l’Afrique de la crise sanitaire et économique.  Mieux, le nouvel axe de la croissance économique bascule vers le Pacifique avec l’émergence des BRICS (Brésil, Russie, Inde, chine et Afrique du Sud) et d’autres pays africains engagés sur la même trajectoire comme le Sénégal, le Ghana, le Rwanda…
La résolution et le dépassement d’une telle aberration de l’émigration irrégulière et mortelle des jeunes passent par la conscientisation, la mobilisation et la participation des forces vives de la Nation, notamment des jeunes, premiers concernés, au-delà des appartenances politiques, religieuses ou philosophiques en vue de la réalisation, concertée et pragmatique, ici et maintenant, du Sénégal de tous, pour tous, du Sénégal de nos rêves, par la discipline, le travail et la cohésion nationale.
 
Ndongo NDIAYE, Conseiller Technique PR, ancien international de basket
Boubacar Siguiné SY, Ministre Conseiller PR, enseignant-chercheur
Mardi 1 Décembre 2020




Dans la même rubrique :